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25.01.2006
Consécration : Song, le monument
Le capitaine des Lions indomptables rentre dans la légende de la coupe d’Afrique des nations et du football africain.
Crinière au vent, toutes griffes dehors, Rigobert Song symbolise à la perfection l’image du lion indomptable ; fougueux, combatif et déterminé. Lorsqu’il foulera la pelouse du Military Stadium du Caire ce mercredi pour contrer les attaques des Togolais Adebayor, Kader et Olufade, le capitaine de l’équipe nationale du Cameroun entrera aussi dans l’histoire. ‘’Magnan’’, comme aiment bien à l’appeler ses compatriotes, deviendra ce soir, le joueur qui a disputé le plus grand nombre de matches en coupe d’Afrique des nations (Can). Depuis son baptême de feu en Afrique du Sud, il y a dix ans, Rigobert Song n’a plus manqué une seule édition de la Can. Il participe en Egypte à sa sixième coupe des nations et va disputer contre le Togo son 25e match de Can. Le record qui sera ainsi battu était détenu jusque-là par l’ancien gardien de buts ivoirien Alain Gouaméné, qui avait disputé 24 matches en 7 participations à la coupe d’Afrique des nations, de 1988 au Maroc à 2000 au Ghana ; à égalité avec l’ancien capitaine des Lions indomptables, Emmanuel Kundé qui n’a, quant à lui, participé qu’à 6 coupes des nations, de 1982 en Libye à 1992 au Sénégal.
Si les Lions indomptables vont jusqu’au bout de la compétition, leur capitaine pourrait détenir ce record pendant quelques années. Pour le moment, seule une poignée de joueurs, pour la plupart, en fin de carrière internationale, pourraient le lui ravir. En tête de ces prétendants, il y a le compère de Song en défense centrale de l’équipe nationale du Cameroun, Raymond Kalla qui devrait disputer ce soir son 21e match en Coupe d’Afrique des nations. Le vétéran Jay-Jay Okocha qui n’a pas disputé le premier match du Nigeria en Egypte, aurait pu lui aussi prétendre à ce record, son compteur reste bloqué à 20 matches, au même niveau que celui du capitaine tunisien Riadh Bouazizi qui a signé son 20e match de Can dimanche, en marquant un but contre la Zambie dans la sélection de laquelle figure le défenseur Elijah Tana avec 20 matches de coupe d’Afrique des nations dans les jambes.
Dans le club des centenaires
Cette Can égyptienne est décidément historique pour Rigobert Song Bahanag qui y a fait son entrée dans le club très fermé des footballeurs centenaires, ces joueurs à la longévité exceptionnelle qui ont amassé au moins 100 sélections en équipe nationale. Le capitaine des Lions a étrenné sa 100e sélection samedi dernier contre l’Angola. Magnan devenait ainsi le sixième joueur africain membre du club très fermé des centenaires. Trois autres membres de ce club participent à la Can 2006, avec à leur tête l’Egyptien Hossam Hassan, le plus capé des joueurs africains, 165 sélections, mais aussi, le capitaine égyptien Ahmed Hassan, 111 sélections, et le Marocain Noureddine Naybet, 112 sélections. A ceux-là, toujours en activité, il faut ajouter les Egyptiens Hani Ramzy et Nader El Sayed, dont la carrière internationale a pris fin.
Rigobert Song est surtout le premier joueur d’Afrique noire à rejoindre le club des centenaires. On peut d’ailleurs s’étonner de la faible représentation des Africains dans le club des centenaires, et surtout de l’absence de joueurs tels que Roger Milla ou Emmanuel Kundé qui ont eu une très longue carrière de footballeur. Outre le fait qu’il n’existe pas de statistiques fiables à leur sujet, la Fifa avance une autre explication sur son site Internet : “ Il y a de cela vingt ans, rares étaient les sélections à jouer d`autres rencontres que celles prévues dans le cadre de la compétition préliminaire pour la coupe du Monde de la Fifa, la coupe d`Afrique des nations et le tournoi Olympique de football, qui, à l`époque, était disputé par les internationaux africains et asiatiques. Ces compétitions étaient souvent organisées sous forme d`éliminatoires directes, ce qui signifiait que de nombreuses équipes ne disputaient que deux matches avant d`être écartées. Il ne leur restait plus qu`à attendre des mois et des mois avant de retrouver le chemin des terrains. Qui plus est, à mesure que les joueurs africains ont été de plus en plus nombreux à jouer dans les clubs européens, certains ont commencé à refuser de répondre aux convocations de leur sélection nationale ”.
Cœur de lion
Song doit ses 100 sélections comptées et homologuées par la Fifa, à son extraordinaire endurance et à son amour du maillot d’une équipe nationale du Cameroun qui a été très sollicitée sur le plan international depuis le milieu de la décennie 90, avec notamment 6 phases finales de coupe d’Afrique des nations, 3 coupes du monde, 2 coupes des confédérations, auxquelles s’ajoutent les matches qualificatifs et les nombreuses rencontres amicales homologuées par la Fifa. Pratiquement jamais blessé tout au long de sa carrière, ce qui est plutôt exceptionnel pour un footballeur de haut niveau, le capitaine des Lions indomptables a toujours répondu présent chaque fois que l’équipe nationale fait appel à ses services.
“ J`aime le Cameroun et je suis très fier à l`idée de devenir une légende dans mon pays. C`est un grand honneur. C`est pour cette raison que j`ai toujours répondu aux convocations et que j`ai ainsi pu devenir le capitaine d`une équipe telle que les Lions Indomptables. Je suis toujours très heureux de retrouver la sélection nationale. Il y a vraiment une ambiance formidable. C`est un peu une grande et belle famille ”, explique-t-il. On le croit sur paroles lorsqu’il proclame son amour du maillot vert-rouge et jaune. Même si certaines de ses prestations ont pu être chahutées par des supporters exigeants de l’équipe nationale, son engagement n’a jamais été pris à défaut. Rigobert Song est tout au contraire un modèle de dévouement ; jamais abattu, toujours généreux dans ses efforts. Si l’abnégation et l’amour du maillot devaient faire partie des critères de ces prestigieuses distinctions qui font courir la planète football, il y a sans doute longtemps que Rigobert Song aurait été Ballon d’Or et très peu de joueurs dans le monde le lui auraient disputé.
Précoce
‘’Magnan’’ vient à la vie le 1er juillet 1976, à Nkenglicock, quelque part dans la forêt équatoriale camerounaise. Comme la plupart des jeunes Camerounais, il est très tôt piqué par le virus du football et commence à taper dans le ballon, les pieds nus, dans la poussière du quartier Essos où ses parents vivent à Yaoundé. De tous ses compagnons de jeu, il n’est pas le plus doué, techniquement. Loin de là. Mais sûrement le plus combatif. Quand les autres se prennent à se voir en Milla et Abéga de demain, lui, rêve de devenir un grand défenseur. Sa fougue et sa hargne de vaincre remarquées lors de la ‘’coupe top’’, le conduisent à l’école de football des Brasseries du Cameroun. Il sera membre de la première promotion de cette école, aux côtés des surdoués Augustine Simo, Salomon Olembe, Geremi Njitap, Pierre Womé.
Le futur capitaine des Lions est recruté à sa sortie de l’école par As Bangou, et s’y taille une place de titulaire au poste de latéral droit. Le Tonnerre Kalara Club le remarque et le ramène dans la capitale. Il jouera une saison sous le même maillot que Roger Milla, de retour au pays, et à qui il fait quelques misères lors des entraînements du Tkc. C’est le début d’une grande aventure. Song n’est encore âgé que de 17 ans, et déjà, l’équipe nationale du Cameroun lui ouvre ses portes. Il va étrenner sa première sélection en septembre 1993 lors d’un match amical contre le Mexique à Los Angeles. Intraitable, dur sur l’homme, le petit est dans la lignée des Sinkot, Toubé et autres grands latéraux camerounais. Henri Michel le retient dans sa sélection très courue des 22 Lions appelés à disputer la Coupe du monde 94 aux Etats-Unis. Song sera ainsi avec Raymond Kalla et feu Marc - Vivien Foé, l’un des trois jeunes titulaires que le technicien français décide de lancer dans le grand bain. Seulement, il sera expulsé lors du deuxième match du Cameroun contre le Brésil. N’empêche, les recruteurs ont eu le temps de remarquer ses tacles glissés et spectaculaires.
Lion, pas agneau
De retour de la coupe du monde américaine, Rigobert Song signe son premier contrat professionnel dans le club français de Metz, où évolue déjà son ami et aîné Jacques Songo’o. Son passage à Metz aux côtés notamment de Patick Mboma et Robert Pires –avec qui il invente la chenille, pour célébrer les buts marqués -, coïncide aussi avec la plus belle période de l’équipe lorraine qui remporte la Coupe de la ligue en 1996, et manque de peu d’être sacrée championne de France. Depuis, le capitaine des Lions, pourtant bien gâté en sélection, court après un autre titre en club. Une quête désespérée qui l’a conduit dans plusieurs pays d’Europe, en Italie notamment, où il a porté les couleurs de Salernitana, en Angleterre, où il a joué à Liverpool et à West Ham, en Allemagne, avec le maillot du Fc Cologne. Il est même reparti en France, mais à Lens cette fois-ci qui en a fait son capitaine, avant de rejoindre la Turquie et son club mythique de Galatassaray, où il dit être très heureux.
A 30 ans, Rigobert Song n’a pas fini de martyriser les attaquants adverses. Des phénomènes comme le Brésilien Sonny Anderson ou le Français Thierry Henri ont eu à dire de lui qu’il est le plus redoutable défenseur qu’ils aient affronté depuis qu’ils jouent au football. A en croire ses coéquipiers, l’engagement de Song ne faiblit pas, même pendant les entraînements. L’Anglais Michael Owen en aurait fait les frais lors des séances d’entraînement de Liverpool. Cet engagement qui impose le respect, ne lui vaut pas que des amitiés. Loin de là. Pendant longtemps, ‘’Magnan’’ a traîné avec ses tacles, la réputation de joueur dangereux. Le seul, à ce jour, à avoir été expulsé lors de deux phases finales de Coupes du monde, contre le Brésil en 1994 et contre le Chili en 1998 en France. Depuis, Song a soigné son jeu. Mais, il demeure toujours aussi hargneux, aussi combatif. Même en prenant de l’âge, un lion ne devient pas un agneau.
Par Ambroise EBONDA
les sites de SONG
camlions.com
http://www.camlions.com/fr/indexlions.php?tid=2
Site officiel
http://www.rigobert-song.net
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