ACTUALITE |
04.07.2005
Ce n’est plus comme avant
Le championnat national de football, 1ère division, est donc parvenu à mi-parcours. Parmi les Camerounais qui s’intéressent toujours à notre football, il y en a qui disent leur étonnement, en constatant combien le temps a passé vite. Il y en a d’autres qui ont le courage de confesser l’ennui dans lequel la phase des matchs-aller les a plongés. Il y en a d’autres encore qui ne se sont rendu compte de rien, tellement ils avaient l’impression que l’actuel championnat était, à quelques nuances près, celui qu’ils avaient déjà vu l’année dernière : les mêmes équipes apparemment trop fortes par rapport aux autres formations ; les mêmes clubs couverts de gloire mais durablement évanouis au bas du tableau ; les mêmes querelles stériles concernant la gestion de certaines équipes. Bref ! le sentiment général que partagent aujourd’hui les amoureux du football camerounais frôle la belle indifférence. En témoignent les " affluences " maigrichonnes qui garnissent désormais les gradins ( ?) des stades, même lorsque Tonnerre de Yaoundé et Union de Douala se produisent.
En tout cas, ils sont bien loin les temps où le champion des matchs-aller savourait, à juste titre, une légitime satisfaction. En effet, jadis, quand notre championnat d’élite était rendu à ce stade, les paris gagnaient en intensité. Des projections fiables étaient autorisées. La fin des matchs-aller était alors comparable à une sorte de mi-temps, longue de plusieurs semaines, au cours de laquelle dirigeants, joueurs et encadreurs s’employaient à remettre l’équipe à flot, pour un nouveau départ plus performant qui devait aider soit à maintenir le bon classement déjà acquis, soit à s’éloigner de la zone de relégation.
Aujourd’hui, être champion des matchs-aller ne semble plus revêtir une importance quelconque. C’est déjà assez monotone ainsi, avec les mêmes équipes qui occupent, d’année en année, les mêmes premières places. De plus, le championnat national de football de 1ère division ne sera peut-être plus jamais ce qu’il avait été, à savoir, une belle et haute compétition au sein de laquelle s’affrontaient d’authentiques athlètes camerounais, jeunes, forts, courageux, talentueux et généreux, ne rêvant ni des montagnes de billets de banque, ni de tuniques de stars occidentales, ni de podiums de champions d’Europe.
Pour les spectateurs, comme pour les joueurs mêmes, notre football est aujourd’hui irréversiblement extraverti. Désormais, la plupart des Camerounais préfèrent cent fois suivre à la télé, le dernier match de Barcelone, espérant voir Eto’o Fils marquer ces buts — impossibles — qui allaient faire de lui le meilleur buteur du championnat d’Espagne, plutôt que d’assister à un match qui ferait de Coton Sport le champion des matchs aller. Quant aux acteurs mêmes, ils jouent, à présent, l’esprit tourné ailleurs. Pour eux, jouer équivaut désormais à penser, à la manière dont ils pourront s’envoler pour l’Europe, les Emirats Arabes ou l’Asie du Sud-Est. Ils n’ont pas tout à fait tort, du reste. C’est, en effet, par cette voie qu’ils tiennent leur chance, presque unique, de devenir riches et d’être retenus dans l’équipe nationale. Leur chance aussi de jouer enfin sur un vrai stade, qui fasse oublier à jamais le fameux " stade militaire de Yaoundé ". Par exemple.
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Hits: 1 | Source:cameroon-tribune.cm | |
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