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14.01.2002
En marge de Tunisie-Cameroun (Vu par un journaliste tunisien)
A quelques jours de la CAN, l’équipe de Tunisie a soufflé le chaud face au Liberia et le froid avant-hier devant le Cameroun. Ombres et lumières d’une sélection dont la participation à la CAN 2002 au Mali ne s’annonce pas facile…
Ce sera dur au Mali
La défaite de l’équipe de Tunisie face au Cameroun ne nous a pas surpris outre mesure. Et si nous n’osons pas dire qu’elle était attendue, nous pouvons reconnaître qu’elle s’inscrit dans la logique des choses.
Le résultat, mais aussi la manière avaient leur justification au sein d’une équipe camerounaise visiblement mieux inspirée et plus à l’aise sur le terrain.
Ce n’est point un constat d’échec que nous formulons et encore moins l’expression d’un sentiment de défaitisme mais plutôt une vision réaliste destinée à ne pas masquer la réalité.
Pouvait-on demander mieux et plus de l’équipe de Tunisie devant un adversaire de cette trempe? Mieux: non, mais plus : certainement oui. On avait aimé justement qu’en dépit du déséquilibre des forces en présence, les joueurs tunisiens laissent entrevoir une plus grande générosité dans l’effort et fassent preuve d’une meilleure application sur le terrain, loin des erreurs individuelles qui constituent désormais et d’un match à l’autre l’une des principales défaillances de l’équipe.
On aurait aimé aussi que la liste fixée et retenue par Henri Michel soit encore plus ouverte sur les joueurs qui ont su, qui peuvent avoir le tempérament d`un possible régisseur et assurer le rôle d’organisateur au milieu du terrain.
Actuellement, et dans la liste des joueurs qui prendront part à la Coupe d’Afrique au Mali dans quelques jours, seul Zoubeïr Baya donne l’impression de pouvoir répondre, à sa manière bien sûr, aux exigences d’un stratège et aux besoins de l’équipe dans cette CAN.
Henri Michel ne risque-t-il pas, surtout au début, de compter sur des joueurs qui n’ont pas suffisamment d’expérience dans une épreuve aussi contraignante que la coupe d’Afrique. Slim Achour a encore besoin de se roder avec le groupe pour entrer dans le système. Cela aurait été peut-être mieux dans un autre contexte. Il va, en effet, disputer la plus importante épreuve africaine d’emblée avec des joueurs qu’il ne connaît pas parfaitement.
Kanzari, l’un des rares stratèges qui existent sur la scène ou encore Adailton auraient-ils pu servir dans le contexte bien particulier de la CAN et devant la contrainte du temps à laquelle était affrontée l’équipe nationale?
Franchement, et bien qu’il ne soit plus aujourd’hui opportun d’en parler, la présence de l’un ou de ces deux joueurs au Mali nous semble encore nécessaire…Pour ne pas dire que Henri Michel a construit son équipe autour de joueurs à tempérament défensif, il n’est pas également difficile de constater que l’équipe de Tunisie qui sera au Mali manque de joueurs créateurs. Comme ils lui ont manifestement manqué avant-hier face au Cameroun et dont les répercussions étaient nettement visibles sur le rendement du milieu de terrain.
Ce match-test face au tenant du titre a été utile pour l’équipe et pour Henri Michel. Devant un autre adversaire, les défaillances n’auraient pas éclaté au grand jour. Face au Liberia, on a pensé que l’équipe était peut-être déjà prête pour la CAN. Devant le Cameroun, il s’est avéré qu’un bon nombre de retouches s’imposent même si le temps de réagir et de progresser devient de plus en plus restreint.
Une autre prise de conscience nous paraît aussi importante : nous avons une idée sur ce qui nous attend au Mali et quel genre d’adversaires pourrons-nous affronter.
S’il est nécessaire de ne pas sombrer dans un optimisme démesuré, il faudrait aussi voir la réalité en face et reconnaître qu’avec la présence d’équipes de la trempe du Cameroun, du Nigeria, du Sénégal qui figure dans le même groupe que nous et aussi d’autres équipes qui pourraient être la révélation de cette édition, ça sera dur au Mali.
Il ne faut certainement pas trop rêver. Mais plutôt garder les pieds sur terre tout en étant convaincu que l’équipe jouera avec les moyens du bord. Comme avec un peu de réussite et une possible succession de résultats positifs dont l’un pourrait appeler l’autre, à l’instar de ce qui s’est passé en Afrique du Sud en 1996, l’équipe peut aller loin, elle peut également sortir prématurément. Il faut, en effet, se préparer en conséquence, et encore une fois et au risque de nous répéter, ne pas trop rêver.
La valeur individuelle des Camerounais
Nous avons dit que ce genre de confrontation face à un adversaire de la trempe du Cameroun pourrait fortement servir la sélection. Les défaites ne font pas honte quand elles sont censées servir à quelque chose. Nous n’éprouvons pas de frustration en ayant perdu face au Cameroun. La vérité du terrain a justement tranché en faveur de l’équipe la plus solide dans ses trois compartiments, dans sa conception du jeu et dans la sérénité et la force de caractère de ses joueurs.
La différence est évidente entre une équipe qui a pratiquement joué sans milieu de terrain et une autre dont l’inspiration a permis de faire la différence.
Entre une équipe composée de joueurs évoluant en compétitions relevées et une autre dont les exigences locales ne lui ont pas encore permis d’évoluer à un niveau supérieur. Entre, enfin, une équipe dont les joueurs cèdent facilement aux erreurs et aux défaillances individuelles quand ils sont pressés, et une autre dont les joueurs retiennent l’attention par leur sérénité et leur aisance.
Avant-hier, chaque équipe était composée de onze joueurs. Mais on a eu l’impression que les Camerounais évoluaient en supériorité numérique. Ce n’est pas difficile à deviner, puisque la valeur intrinsèque des joueurs adverses a fait la différence que ce soit au niveau du résultat ou dans les duels directs, dans les renversements de jeu, dans les accélérations et de façon générale dans la manière de gérer tout le match. La différence au niveau de la valeur intrinsèque des joueurs est également bien illustrée lorsque l’équipe de Tunisie trouve plus de problèmes dans la relance et la construction du jeu que dans la récupération de la balle. Ce n’est pas le cas de l’équipe camerounaise qui a l’aptitude de renverser toute une situation de jeu à tout moment et changer le rythme du match dans les différentes circonstances.
Le contexte actuel de l’équipe de Tunisie, à travers notamment les dispositions qu’elle laisse entrevoir, comme ce fut le cas avant-hier face au Cameroun, lui impose d’évoluer, de se comporter et d’agir avec les moyens du bord.
L’on devrait concevoir que sa mission ne sera pas facile au Mali. Difficile pour les raisons qu’on a citées, mais point impossible. Il faut surtout être réaliste, non seulement dans ses objectifs, mais aussi dans ses choix.
Cette équipe telle qu’on la connaît pouvait, en effet, combler ses défaillances par une meilleure application, ses limites par un surpassement dans l’effort qui ne lui est point étranger, ses lacunes par rapport aux adversaires par une véritable générosité dans l’effort.
Dans ce genre de rendez-vous, la solidarité et l’esprit de groupe peuvent se transformer en atouts qui pourraient être même déterminants et tranchants.
Quelques jours seulement nous séparent de la CAN. Nous n’attendons pas à ce que l’équipe nationale se transforme et se métamorphose complètement, mais nous osons espérer qu’elle fournira une prestation digne et respectable. Indépendamment de toute autre considération.
Jalel MESTIRI
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