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06.05.2005
Longévité : Vétérans toujours en jambes
Bertille M. Bikoun
Comment se maintenir en forme dans le sport de haut niveau, malgré le poids de l`âge.
Lorsqu`en 1997, le Franco-Ivoirien Basile Boli annonce la fin de sa carrière de footballeur, c`est la surprise générale. Officiellement, le joueur âgé de 30 ans n`est pas blessé. Trois ans plus tôt, le Camerounais Roger Milla venait de raccrocher les crampons, à 42 ans sonnés. S`il n`a plus la résistivité de ses 20 ans, le Vieux Lion reste un fin technicien. A la question de savoir qu`est-ce qui lui a permis de se maintenir aussi longtemps au haut niveau, Roger Milla affirme que "c`est [son] hygiène de vie". Un avis que partage également l`Italien Paolo Maldini du Milan AC. Dix sept ans après son premier match en Série A, le fils de Cesare Maldini tient toujours avec rigueur la défense lombarde, dans un championnat aussi rude que le Calcio. A 34 ans, Paolo Maldini est aussi alerte que le jeune Lucien Mettomo (28 ans), qui accuse pourtant des signes d`essoufflement. Que dire alors du Brésilien Cafu, 35 ans, sociétaire du Milan AC aussi, qui fait admirer toutes les semaines ses longues chevauchées sur le flanc droit de son équipe ?
De façon globale, estiment les scientifiques, chaque individu est unique. "Il est vrai que du point de vue génétique, chaque individu a un bagage qui lui permet de grandir plus vite qu`un autre, ou de vieillir moins vite que quelqu`un d`autre. Mais il faut se dire que le processus de vieillissement est génétique. Il est aussi conditionné par le mode de vie", déclare le physiologiste des activités physiques Guillaume Atchu. En effet, poursuit le professeur Atchu, une bonne hygiène de vie contribue au maintien en activité d`un organisme de façon plus longue. Une alimentation équilibrée doublée de la non consommation des substances dites inutiles (drogues, café, alcool, tabac...) permettent de conserver les cellules en activité de façon plus saine et plus durable.
D`aucuns estiment que rester au haut niveau est de plus en plus difficile en raison de la forte concurrence qui s`impose aux sportifs. "Maintenant, pour que vous soyez compté dans un club, il faudrait être vraiment performant. La compétitivité est là. Choisir devient donc quelque chose de pas facile. À l`époque, les grands joueurs étaient uniques. Ils n`avaient pas de concurrents qui pouvaient les remplacer. Ils pouvaient donc compétir pendant plus de dix ans, voire vingt ans", déclare un éducateur de volley-ball. Seuls des aléas de la vie telles que les maladies, qui diminuent l`organisme de façon drastique, pouvaient alors les contraindre à abandonner prématurément leur carrière.
Vieillissement
Toutefois, l`évolution de la compétition sportive ces dernières décennies conduit les athlètes à un certain nombre de phénomènes préoccupants, jouant sur la limite entre extrême et excès. "La recherche de hautes performances et de records demandant à être toujours améliorés a pour conséquence des déséquilibres tant physiques que psychiques. Atteindre les résultats escomptés demande un entraînement et une mise en condition du corps et de la personne extrêmement rigoureux", rapporte la revue "Performance et santé" dans son édition du 17 novembre 2003.
Actuellement, aucun sport n`est à l`abri du dopage, même si le Dr Hakim Chalabi, médecin du Stade Français CASG Rugby considère que certains sont plus particulièrement concernés : cyclisme, athlétisme, tennis... Pour lui, il existe bien évidemment des facteurs favorisant les pratiques dopantes qui sont diverses et variées (enjeu financier, exploitation professionnelle ou médiatique ou surcharge d`entraînement, automédication ...).
"Cela se traduit très souvent par l`instauration d`un phénomène de surentraînement favorisé par la mauvaise structuration de l`encadrement sportif, une récupération insuffisante, des sollicitations physiques et psychologiques inadaptées, une mauvaise hygiène de vie (manque de sommeil, alimentation déséquilibrée). L`effet global du surentraînement étant caractérisé par la baisse des performances. Les effets psychiques par une fatigue généralisée, une irritabilité, une déprime pouvant aller jusqu`à la dépression". Conséquence, l`athlète est bien obligé de mettre fin à sa carrière plus tôt que prévue.
A côté des maladies ponctuelles, des drogues dures et légères (alcool) et bien d`autres procédés surnaturels de renforcement des capacités physiques mais qui n`ont qu`un effet éphémère sur la résistivité de l`organisme, il y a la question de l`âge. Si l`activité physique aide à maintenir un individu dans un état de jeunesse plus longtemps, cela n`empêche pas pour autant le Pr Atchu d`affirmer que le maximum de l`activité physique est atteint autour de 25 ans. "Après cet âge-là, quel que soit ce que vous faites, quelle que soit l`hygiène de vie que vous avez, quel que soit votre bagage génétique, vous commencez à fléchir".
Tricherie sur l`âge
Cependant, il faudrait maintenant savoir qui a 25 ans. "Je ne dénonce personne en affirmant que beaucoup de sportifs ont un âge réel et un âge du sport qui figure sur leurs documents officiels", poursuit le Pr Atchu. Certains sportifs, qui veulent gagner à tout prix et échapper aux conditions précaires qui sont les leurs n`hésitent pas à tricher sur leur âge. Ceci pourrait être certainement un élément qui explique le fait que deux individus de 25 ans ne justifient pas d`une même condition physique. Ou que celui qui annonce avoir 25 ans paraisse plus diminué que l`autre de 29 ans.
Depuis quelques temps, la Fédération internationale de football association (Fifa) a décidé de se préoccuper davantage de l`âge des joueurs. Aidée par les progrès de la médecine, elle a bien l`intention de tester l`IRM (imagerie à résonance magnétique) à l`occasion du championnat du monde des moins de 17 ans au mois de septembre prochain aux Pays-Bas. Selon le Pr Atchu, cette étude permet de dire avec beaucoup de précisions, de six à douze mois près, l`âge d`un individu. L`examen consiste "à regarder non seulement le nombre d`os au niveau de la main (les carpes) mais aussi leur degré de maturation, qui constitue un reflet assez fidèle de l`âge réel d`un individu. Ceci, bien entendu, pendant la période de croissance, c`est-à-dire moins de 18 ans, moins de 21 ans". D`après des responsables de la Fifa, cette étude survient du fait que, dans la plupart des cas, il y aurait un écart considérable entre l`état physique et l`âge déclaré par certains footballeurs des catégories inférieures : cadets (-17 ans), juniors (-19 ans), -21 ans, espoirs (-23 ans). Très souvent, ces joueurs ont un âge bien plus avancé.
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Hits: 1 | Source:quotidienmutations.info | |
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