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10.01.2004
Un champion nommé Coton !
Au prix de mille efforts, le club de Garoua a remporté la 44ème édition du championnat national. Après analyse, si le niveau technique de celle-ci a été des plus moyens, la qualité tactique des matches a plutôt laissé à désirer. La programmation tatillonne, l’une de ses plus grandes entorses, n’a contribué qu’à empirer les choses.
Happé par des dizaines de supporters en délire Pierre Kaptene sourit, lé téléphone portable collé à son oreille gauche. “Le match est fini, nous sommes déjà champion.” C’est la seule phrase importante que l’on puisse retenir de cette conversation téléphonique. Pour le moment, le nom de l’interlocuteur importe peu. Des mains amicales se tendent autour du président de Cotonsport pour le féliciter, alors qu’il tente de s’extirper de la marée humaine pour trouver refuge hors du stade de la Réunification qui vient d’accueillir le duel de la 28ème journée o p posant Canon de Yaoundé à Cotonsport de Garoua son club. Impalpable, parce que tellement incertain, son bonheur est forcément immense, à la hauteur de l’exploit accompli avec ses joueurs, tombeurs quelques minutes auparavant des Mekok Mengonda (2-0), qui leur avaient malaisément chipé le titre de champion 2002 à Garoua au terme d’un match nul (I - 1) dont l’arrière-goût restera amer à cause d’un arbitrage exécrable.
Supportant mal de voir le titre de champion filer entre leurs doigts, les cotonniers ont, cette fois, fait feu de tout bois pour goûter à l’ivresse du sacre. Au bout du compte, les efforts ont payé Le trophée du championnat a pris le chemin du Septentrion au nez de Canon de Yaoundé (2ème), Pwd de Bamenda (3ème), et à la barbe de Caïman de Douala (15ème) et Stade de Bandjoun (16ème), relégués en division inférieure (sincères condoléances !)
TECHNIQUEMENT PASSABLE MAIS...
C’était une bouffée de fraîcheur, d’autant que la qualité du jeu pratiqué était dans l’ensemble passable ; et que les rencontres ont eu le mérite d’être plusieurs fois ouvertes et disputées. A l’issue de la phase aller, le bilan offensif avait été quelque peu positif. 221 buts ont été inscrits en 120 matches au terme des quinze premières journées, pour une moyenne (de 1.84 par match) nettement supérieure à la saison 2002 où pour la même période on enregistrait 215 buts. Les options des clubs étaient davantage portée s vers l’attaque. Au bas du tableau Caïman ~l6~rne) totalise 15 buts, un peu plus que Bamboutos (2ème) dont le compteur pointe 14 buts. Le champion de la phase aller, Canon de Yaoundé (30 points), totalisait 9 victoires, 3 nuls et 3 défaites en 15 matches. Bamboutos de Mbouda était à trois longueurs du club de Nkolndongo, avec 8 victoires, 3 nuls et 4 défaites.
Une fois la phase retour entamée, les données ont commencé à changer. Outre les. performances de Cotonsport, Canon, Pwd et Bamboutos, engagés dans la bataille pour le titre, le bilan technique était globalement décevant concernant cette période charnière du championnat. Heureusement, la fin de l’épreuve a marqué un petit retour aux matches enlevés, aux duels de chiffonniers entre Canon et Cotonsport (pour !e titre), ou entre Canon et Pwd (pour la deuxième place), ou encore entre Caïman et Stade (contre la relégation). Des duels d’assez bon niveau, principalement l’excellent Canon-Cotonsport de la 28ème journée qui avait fourni l’une des grandes affiches de la dernière ligne droite du championnat.
TACTIQUEMENT MÉDIOCRE
Si le 44ème championnat était une sauce, sa dégustation ne serait p as si facile du fait de l’absence d’un ingrédient, à tout le moins indispensable pour l’assaisonnement d’une cuisson : la tactique, cet arôme qui rend les sauces pantagruéliques. Qu’est-ce a dire ? Les matches n’ont tout simplement guère été attrayants Tous les entraîneurs ou presque ont opté pour la défense à quatre. Il fallait être menacé, mené au score pour penser à changer de système en cours du match. Ce qui justifiait très souvent la “polyvalence” de certains milieux se transformant en attaquants de soutien; des milieux ratisseurs capables, le temps d’un quart d’heure, de venir régulièrement porter le “danger” dans le camp adverse. C’est dire si la tête des techniciens n’était rivée qu’à une seule chose : la victoire, même si l’équipe n’avait pas de fond de jeu.
Il ne serait pas normal de faire une sorte de rétro sans faire allusion à la programmation des matches, laquelle a été, on s’en doute, le fait le plus marquant de cette 44ème édition du championnat camerounais. La surprise était commune. Joueurs,, encadreurs, officiels et... spectateurs n’arrivent toujours pas à comprendre qu’après 44 années d’expérience, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) soit encore incapable de sortir un chronogramme des rencontres sans fausses notes I Si les saisons précédentes ont eu des calendriers passablement suivis, celle qui vient de s’achever a été émaillée des imprécisions les plus abjectes. “L’année dernière (2002), tout avait été orchestré en faveur de Canon, cette année (2003), le jeu a profité à Cotonsport.” Cet avis de Bernard Nya, président de Jeunesse de Bonamoussadi (D2 a été le plus partagé parmi tous ceux qui ont suivi la dernière édition du championnat de près. Beaucoup sont même allés jusqu’à vouer ta gestion du secrétariat de la Fécafoot aux gémonies. Lançaient-ils, “Atangana Mballa peut mieux faire autre chose que le secrétariat.” Dans les bureaux de la Fédération, c’est la rengaine de tous les jours: “Le problème de communication que nous allons améliorer et les rendez-vous africains.” ?? N’est-ce pas une honte que d’avancer de tels prétextes dans un pays comme le Cameroun, désormais compté parmi les grandes nations du football au niveau mondial? sous d’autres cieux, le calendrier du championnat tient compte des difficultés liées à la communication, aux réalités climatiques et aux différentes sorties sur la scène continentale. Mais au Cameroun, le championnat est toujours en train de s’achever dans un climat de totale insouciance et de sportivité inconnue, sous le regard indifférent (et approbateur ?) du ministère de la Jeunesse et de Sports.
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