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18.02.2003
Lions Indomptables - A l’école ivoirienne
Les quadruples champions d’Afrique de football ont été malmenés à Châteauroux, mardi dernier, par la sympathique équipe nationale de Côte-d’Ivoire. Un match amical, certes, mais plein de symboles.
11 juin 2002-11 février 2003. Il y a huit mois jour pour jour que les Camerounais n’avaient plus vu leur équipe fanion jouer. La longue attente a cultivé chez les fans une folle envie de revoir les Lions Indomptables redescendre sur l’aire de jeu après la déculottée nippo-coréenne. Ruminant et piaffant d’impatience après trois regroupements d’agrément-un à Yaoundé et deux en Allemagne-, le public sportif camerounais a eu droit le 11 février à Châteauroux en France à un match amical(?) aux odeurs repoussantes entre deux "fauves" d’Afrique. D’une part les Lions Indomptables du Cameroun, quadruples champion d’Afrique de football et cinq participations en phase finale de Coupe du monde; et d’autre part les Eléphants de Côte-d’Ivoire, une fois champion d’Afrique et zéro participation en phase finale de Coupe du monde. Deux tableaux d’inégales valeurs qui donnaient somme toute les Camerounais favoris. Mais c’était sans compter avec la volonté, la sérénité et la détermination des Ivoiriens dopés, dirait-on, par les événements de ces derniers temps dans leur pays.
“ Trois buts à zéro en faveur des Eléphants. Non! C’est trop ”, s’exclame Achille Epeya, les yeux larmoyants, à la fin de la rencontre Cameroun-Côte-d’Ivoire. Comme ce jeune de la Cité sic Bassa, de nombreux Camerounais étaient sans voix le 11 février devant leur petit écran. La fête de la jeunesse de ce jour, avec son cortège de réjouissances populaires a cédé la place dans la nuit aux lamentations. “ Ce n’est pas possible! Et pourtant ce n’est pas la Côte-d’Ivoire des Laurent Pokou ”, se lamentait encore le sexagénaire Ernest Nkoum qui a aussitôt éteint son téléviseur au coup de sifflet final du Français Saïd Ennjimi. La pilule était si amer à avaler d’autant plus que dans les rangs des Eléphants ne figurait pas le vétéran Ibrahim Bakayoko, en disgrâce aux yeux du coach Robert Nouzaret. Au contraire de Winfried Schäfer qui a misé sur la vieille garde.
Dose adulte
Song Bahanack, Wome Nlend, Njanka Beaka, et Lucien Mettomo, qui constituaient la charnière principale de la défense camerounaise pêchant par leur esprit de suffisance qui cachait mal leur lourdeur, ont permis aux Ivoiriens d´administrer une dose adulte aux Lions Indomptables. Akale Kanga, Drogba, Kalou, Touré Kolo ou Guel jusque-là inconnus dans les grands milieux footballistiques ont fait étalage de leurs techniques individuelles. Bonne vitesse d’exécution, démarquage, occupation rationnelle du terrain, etc. Ils n’avaient qu’à faire la différence. Lestes et mobiles, ils ont obligé les Camerounais de s’enfermer dans leur moitié de terrain en multipliant des passes à l’adversaire. C’était suffisant pour perdre Geremi Sorel Njitap qui aura développé un grand volume de jeu. Le Lion de Middlesbrought, très généreux dans l’effort comme à son habitude s’est comporté comme une espèce de tour de contrôle où passaient l’essentiel des ballons camerounais, malheureusement souvent mal exploités par une attaque mirobolante conduite par Samuel Eto’o Fils, Joseph Désiré Job et Idrissou. Les allées et venues de Marc Vivien Foé n’ont rien apporté au match en dehors de son coup de tête qui a ricoché sur la barre transversale.
Une débâcle de plus
De sources dignes de foi à Châteauroux, les Lions Indomptables auraient eu très peu de temps de concentration, intéressés qu´ils étaient à découvrir la ville en compagnie de l’ancien goaleador François Omam Biyick qui y a pris ses quartiers après sa “ retraite ”. Pour cela, ils ne se seraient même pas entraînés. Et comme d’habitude, l’encadrement technique, administratif et les joueurs ont subi les discours pleins de promesses de la délégation du Cameroun. Parmi les promesses, on pouvait retenir celle faite à la bande à Song Bahanack de faire revenir Lauren Etame Mayer. Pour le reste, c’était un groupe peu soudé qui se serait considérablement fissuré à la mi-temps dans les vestiaires où le capitaine Song aurait publiquement pris Njanka Beaka à partie; l’accusant d’être à l’origine des deux buts ivoiriens peu avant la pause.
Les mêmes sources révèlent d’ailleurs que c’est le bloc d’ “ anciens ” qui aurait imposé Njanka Beaka sur le flanc droit de la défense camerounaise où il a brillé par une insuffisance notoire de fraîcheur physique. Ce diktat des “ anciens ” pour la plupart réservistes dans leurs équipes respectives a sacrifié Bill Tchato laissé sur le banc de touche avec quelques “ jeunes ” joueurs pourtant titulaires en Europe. Achille Emana, Perrier Doumbe, Marc Gouiffé qui fêtaient leur première sélection auraient pu contrecarrer les Ivoiriens qui, au cours de ce match, sont passés maîtres dans l’art des constructions tactiques.
La prestation des Lions Indomptables mardi dernier à Châteauroux rend plus méditatifs les Camerounais qui s’interrogent sur la valeur réelle de leur équipe fanion qui doit défendre les couleurs de l’Afrique à la Coupe des confédérations de juin prochain en France. Que peut-on attendre de cette équipe qui, à cinq mois du rendez-vous, n’a encore aucun repère et dont l’entraîneur sélectionneur est toujours sans repaire? A quelle sauce seront mangés les Lions devant le Brésil, la Turquie et les Etats-Unis d’Amérique au premier tour? Il ne reste que le tournoi de Tunis en mars prochain pour jauger la bande à Schäfer qui après la Tunisie, ne se retrouvera plus que le 9 juin pour un ultime stage d’une semaine.
Noé Ndjebet Massoussi
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