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21.06.2010
Opinion : Les Lions dégriffés...
Je n`aurais pas imaginé le Cameroun être la première équipe africaine sortie en Afrique du Sud. Deux matches, deux défaites. Retour maison. La poule me semblait largement à la portée des Lions indomptables. Ai-je été aveuglé par un optimisme béat ? Je n`en suis même pas sûr. D`accord, depuis les jours de gloire du Cameroun version Milla, en 1990, ce pays ne décolle pas d`un pouce en Coupe du monde, cumulant les éliminations au premier tour. Mais elles n`ont pas toutes la même valeur, ni la même saveur. En 1998, Claude Le Roy avait réussi un vrai travail de fond avec une équipe jeune ; en 2002, le Cameroun avait stoppé son aventure en gardant l`espoir jusqu`au dernier jour. Ici, l`échec est à la hauteur des attentes sur le sol africain.
Plus profond. La Fédération doit entreprendre un grand travail de rénovation. Comment est-il possible qu`un tel pays de football n`ait qu`un seul stade digne de ce nom construit en 1972 pour sa CAN ? Inadmissible quand on connaît les sommes injectées par la FIFA aux participants de son grand raout quadriennal. Les joueurs ont souvent masqué les incohérences d`un système. Que s`est-il donc passé près de Durban, leur camp de base ? On a évoqué les problèmes internes, des dissensions. Elles vont peut-être apparaître dans la foulée des deux défaites mais je ne suis pas sûr que ce soit le noeud du problème.
J`ai surtout été surpris par le onze entrant contre le Japon. Il y a une semaine, Aimé Jacquet m`avait expliqué le discours tenu à ses hommes avant la Coupe du monde 98 : «Un premier match est capital. Si on le perd, on se ferme la porte. La rouvrir ne sera pas facile... ».
La glissade contre le Japon interdisait ensuite tout faux pas. Paul le Guen a trop résonné en entraîneur cartésien. Se priver d`Alexandre Song comme choisir de glisser Mbia à droite constituait un risque majeur. Il a reproché au Gunner des matches amicaux de piètre qualité et un investissement minimal. Il aurait pu au moins être testé contre les Samouraïs... Avec Song, Nkoulou, Mbia, le Cameroun pouvait s`accrocher à un axe fort quitte à positionner Geremi à droite (il a bien été utilisé contre le Danemark). Bassong n`avait pas encore la carrure derrière pour régner en chef, ni Matip devant la défense. Le sélectionneur ne s`attendait pas, il est vrai, à voir certains cadres comme Assou-Ekotto, Enoh, autant en difficulté. On ne gère pas une entame de Coupe du monde comme un match du PSG en lançant des gamins. Le deuxième échec contre le Danemark était bien moins déshonorant dans son contenu et dans sa cohérence : l`entraîneur ne pouvait prévoir les défaillances individuelles. Le mal était fait depuis le premier jour. Le passage de Le Guen à la tête de la sélection restera comme un échec alors qu`il avait suscité beaucoup d`espoirs.
Hervé Penot (L’Equipe)
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