ACTUALITE |
06.02.2002
Mboma au sommet de la pyramide
Hiondi Nkam IV
à Sikasso
Devenu le leader naturel de l’équipe camerounaise, Patrick Mboma a encore su imposer son excellent timing pour tirer les Lions de la toile tactique tissée par l’inénarrable Mamoud El Gohary. Les champions d’Afrique peuvent maintenant aller défier la surprenante équipe malienne dans son antre de Bamako pour une place en finale.
Mamoud El Gohary, l’entraîneur égyptien, est venu tel qu’on l’attendait. Le vieux technicien n’a pas varié d’un iota le schéma de jeu qui a mené son équipe en quarts de finale de la Can 2002. Un jeu qui repose sur une défense renforcée où sept joueurs montent la garde sortant rarement de leur base pour servir une attaque qui compte avant tout sur la pointe de vitesse d’Hassan Ahmed “Mido” et sur la percussion d’El Hadary Essah. C’est sur cette disposition - loin de l’audacieuse équipe qui a bousculé la Tunisie en match de poule - que les Pharaons se sont présentés lundi dernier au stade Babemba Traoré pour affronter des Lions Indomptables déjà chez eux dans ce petit stade de Sikasso acquis à leur cause. Et le plan de Mister Gohary a plutôt bien fonctionné en première manche. “Nous avons quand même pu les contenir en première période même s’ils ont eu quelques occasions”, fait observer l’entraîneur égyptien. Une première mi-temps où les Pharaons sont restés tapis dans leurs pyramides laissant l’initiative du jeu au onze camerounais.
Dès l’entame de la partie (5e mn) Eto’o hérite d’un ballon en or suite à une frappe contrée de Pierre Wome. A 5 mètres des buts, l’ancien joueur du Real de Madrid frappe dans les jambes de Fahim Amir, le portier égyptien. Il ne sera pas plus verni à la 25e mn lorsque son tir survolera les buts égyptiens. “Nous avons pris le match à notre compte, les Egyptiens se sont contentés de nous regarder jouer, avec un peu de chance, jaurais pu marquer en première manche”, remarque l’avant-centre camerounais toujours en manque de réussite.
Mais à trop vouloir défendre, les Pharaons vont s’engluer dans un jeu stéréotypé dont le volume s’est considérablement déprécié pour atteindre un degré de pauvreté pathétique en seconde période : “on est trop resté derrière, reconnaît Hany Ramzy. Nous ne pouvions espérer faire la différence face au Cameroun en jouant de la sorte. Ils ont eu plusieurs occasions, nous pas”. Pour Hassan Ahmed “Mido” muselé par un Rigobert Song des grands jours, “la différence s’est faite sur la force des individualités. Les joueurs camerounais étaient supérieures”. Des individualités pas au mieux de leur forme mais qui ont su se sublimer par moment pour créer le danger dans le camp adverse. “Nous avons quand même réussi de belles phases de jeu, de bons enchaînements et nous nous sommes crées de nombreuses occasions, même si je reconnais que une fois de plus nous n’avons pas développé un très bon football”, affirme Patrick Mboma.
Une équipe à deux vitesses
Même s’ils ne sont plus totalement maîtres du jeu, les Lions Indomptables gardent encore cette insolente assurance, cette maîtrise tactique qui leur confère des allures d’invulnérabilité. Mais ce sont des Lions parfois timorés par l’immobilisme tactique du conservateur (mais gagneur!) Schäfer qui se sont produits contre les Pharaons. “Certains de mes joueurs ne sont pas encore au top de leurs formes. Ils doivent encore progresser”, admet-il. Olembe est resté transparent et a été remplacé à la 72e minute par Ngom Kome qui n’est pas loin de lui ravir définitivement cette place. Blessé à un orteil, Geremi Njitap n’a pas donné la pleine mesure de ses qualités. Il s’est toutefois montré décisif, utilisant son adresse sur les coups de pied pour servir magistralement Patrick Mboma à l’heure de jeu sur corner pour le but qui a délivré les Lions Indomptables.
Les Lions ont quand même retrouvé une défense plus compacte avec un Raymond Kalla très en verve, un Bill Tchato époustouflant et un Rigobert Song retrouvé. Il faut maintenant que les autres joueurs comme Foe ou dans une moindre mesure Eto’o retrouvent toutes leurs sensations pour faire face à l’enthousiasme et à la détermination des Maliens que les triples champions d’Afrique affrontent en demi-finale jeudi. Une équipe malienne qui présente des atouts certains. Pour Eto’o, “c’est une bonne équipe qui joue bien au ballon et qui peut compter sur son charmant public”. Mais qui est loin d’être une étape insurmontable pour les Lions. “Cette équipe court beaucoup, elle est volontaire mais nous allons faire parler notre expérience”, ajoute Patrick Mboma.
Le métier, l’assurance, la force tranquille incarnée par le Parmesan lui-même qui s’affirme au fil des jours comme le Lions qui en veut le plus. Par son altruisme, par sa grande disponibilité et son implication active dans la vie du groupe, Mboma a progressivement pu dépasser son caractère un peu renfermé et se pose aujourd’hui comme le détonateur d’une équipe qui a souvent tendance à s’endormir. On comprend dès lors la forte inquiétude de Schäfer, par rapport à une probable indisponibilité de son buteur providentiel (il traîne un mal récurent à la cheville) qui a mis son génie à contribution pour sortir les Lions du désert égyptien et qui, comme Moïse il y a 3 millénaires, s’apprête à conduire ses troupes vers la terre promise : Bamako.
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Hits: 1 | Source:lemessager.net | |
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