ACTUALITE |
05.05.2003
La vie de club.
Emmanuel Gustave Samnick
Le bureau exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a donc finalement fait adopter mardi dernier son projet de réforme des compétitions nationales de football, notamment la première division nationale qui se jouera à partir de l’année prochaine en deux poules de neuf clubs chacune.
Le bureau exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a donc finalement fait adopter mardi dernier son projet de réforme des compétitions nationales de football, notamment la première division nationale qui se jouera à partir de l’année prochaine en deux poules de neuf clubs chacune. Le prétexte, mieux la nécessité, de cette réforme tient de ce que les clubs camerounais ne font plus le poids sur la scène africaine depuis deux décennies ; il fallait donc trouver la formule pour les rendre plus compétitifs à l’extérieur en commençant par organiser un championnat national très disputé. La recette trouvée par la Fécafoot est ce championnat qui va se jouer en deux phases : une première phase sous forme de championnat de poules, une deuxième sous forme de play-offs entre les équipes de tête, pour désigner les représentants camerounais aux différentes coupes d’Afrique inter-clubs et entre les équipes de bas du tableau pour désigner les clubs à reléguer en deuxième division.
On ne pourra valablement se prononcer sur l’efficacité de cette démarche qu’à l’épreuve du terrain. Pour l’instant, nous nous contenterons de relever les bonnes intentions et le courage des dirigeants fédéraux qui viennent de bousculer une habitude vieille de quatre décennies. Et, en attendant de savoir si les fruits tiendront la promesse des fleurs, nous avons la faiblesse de penser que le profil bas affiché par les clubs camerounais en coupes africaines ces deux dernières décennies est aussi dû à la fragilité desdits clubs. Certes, quelques clubs camerounais commencent à s’organiser de manière plus rationnelle, avec siège et organigramme clair. C’est notamment le cas des deux grands clubs de la capitale, Tonnerre et Canon de Yaoundé. Seulement, cette tendance à la professionnalisation se fait encore dans une savante débrouillardise, pour ne pas dire dans un amateurisme voilé, sans tableau de bord sur deux à trois ans. Mount Cameroon de Buea, qui a été créé de toutes pièces il y a quatre ans, avait-il dans son plan de développement de disputer une compétition africaine cette année ? Rien n’est moins sûr !
Quant à ceux qu’on peut appeler les "majors" du championnat national, à savoir les clubs de tradition comme Canon, Union et Tonnerre, et le club le plus constant de la dernière décennie, Coton Sport de Garoua, ils cultivent une telle instabilité au niveau de leurs effectifs qu’on se demande bien quelle philosophie gouverne leur action. La principale faiblesse des clubs camerounais est en effet, à notre sens, ce changement perpétuel des joueurs de base. D’une année à l’autre, on découvre de nouveaux joueurs dans chaque formation, y compris celles qui sont engagées en compétitions africaines. Plus grave, le transfert des joueurs n’a même plus de limite : on se souvient que l’année dernière, entre sa demi-finale et sa finale de la coupe de la Caf contre la Js Kabylie, Tonnerre Kalara Club a perdu quatre titulaires en chemin, certains volatilisés dans les aéroports, d’autres partis faire des essais en Europe ou en Asie.
Le phénomène n’est pas nouveau : en 1987, Canon de Yaoundé s’est payé le luxe de transférer François Omam-Biyik et Emmanuel Kundé à Laval juste avant sa finale de la coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe contre Zamalek du Caire. Et dire qu’avec ça, on rêvait de remporter ces trophées devant des clubs nord-africains mieux structurés et à la stabilité exemplaire. Encore qu’il ne s’agit plus de gros transferts aujourd’hui : depuis Song Bahanag et Foé en 1994, aucun pensionnaire de notre D1 n’est allé s’imposer directement dans un championnat européen de D1 de premier plan…
Il ne faut pas comprendre autrement la qualification au forceps des représentants camerounais le week-end dernier pour les huitièmes de finale des différentes coupes d’Afrique. Ni Canon, ni Coton Sport, ni Mount Cameroon, aucune de ces équipes n’a son effectif de base qui lui avait permis de décrocher le ticket africain la saison dernière. Les entraîneurs sont dès lors contraints de se transformer en titans pour bâtir chaque année une équipe compétitive. Ce qui est aux antipodes du professionnalisme vers lequel nos clubs sont condamnés à évoluer, s’ils veulent retrouver leur auréole internationale d’avant.
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