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04.02.2002
Alioum BOUKAR:“J’ai prouvé que je peux bien jouer “
Entretien mené à Sikasso par
Honoré Foimoukom
De 8h à 19h mercredi 30 janvier, les Lions Indomptables avaient quartier libre. Par petits groupes , ils se promenaient dans le village de la CAN à Sikasso. Les Simbas de RDC et les Eléphants de Côte-d’Ivoire étant partis du village depuis dimanche 27 janvier pour Kayes où ils se sont affrontés mardi, seuls les Eperviers du Togo partageaient le vaste camp avec SONG Bahanag et ses co- équipiers. Joueurs camerounais et togolais s’amusaient dans une ambiance bon enfant comme si le match de la veille n’avait jamais eu lieu. C’est dans cette atmosphère de détente qu’ Alioum BOUKAR, la révélation du premier tour dans la poule « C » , reçoit le reporter du Messager, dans le salon de la villa D1 qu’il partage avec Bill Tchato, Marc-Vivien Foe, Pius Ndiefi, Idris Carlos Kameni et Joseph Cyrille Ndo. « J’aime bien le Messager. Seulement, vous êtes souvent très durs avec nous. », lance t il en acceptant de se livrer.
Le Messager : Le Cameroun a dominé le premier tour dans son groupe en se classant premier, sans laisser un seul point à ses trois adversaires et sans prendre de but. Cela a- t il été facile ?
Alioum Boukar : Nous avons bataillé dur pour être premier de notre groupe. Toutes les équipes venaient avec l’objectif de battre les Lions Indomptables qui sont champions en titre et médaillés d’or olympique. Nous sommes l’équipe qui fait le plus peur à tous. Heureusement, nous sommes un groupe de personnes solidaires, qui jouent ensemble depuis longtemps. Par conséquent, il est difficile de nous surprendre. Notre objectif c’est de conserver notre titre de champion d’Afrique. Nous le ferons.
L.M : Votre cage a été inviolée au cours du premier tour grâce à vos arrêts décisifs. On se souvient de cette parade qui a détourné une balle jouée de la tête par un Ivoirien, qui filait droit au but. Peut-on enfin compter sur vous ?
A.B : Oui! Mais il faut aussi compter sur tous les autres Lions. L’équipe n’est pas seulement faite d’un gardien de buts. Je joue bien quand je m’entends bien avec ma défense. Et, notre système qui, à partir du milieu du terrain repose sur Marc Vivien Foé, est dangeureux. Un peu d’inattention en défense, le pire peut arriver. Vous voyez, Kalla et Song se relaient. On n’a pas de véritables libero et stoppeur. Et puis, les joueurs défensifs des couloirs montent toujours pour les grandes transversales qui sont nos forces. Il faut donc compter sur tout le monde.
L.M : Les Lions du Sénégal font beaucoup de bruits. Vous les avez vu jouer. Croyez-vous qu’un match Cameroun # Sénégal pourrait tourner en votre faveur ?
AB: Nous même, nous attendons ces Sénégalais. Si nous les croisons, nous allons les ramener sur terre. C’est un match que nous attendons. Nous respectons cette équipe mais, il sera question pour nous de leur montrer que c’est nous les vrais Lions. Les Sénégalais veulent à tout prix être comme nous. Ils nous imitent même. Quand ils réclamaient le barème de leurs primes avant la compétition, ils demandaient à leurs dirigeants de faire comme le Cameroun qui a déjà arrêté les barèmes des primes des Lions Indomptables.
L.M : L’équipe nationale est vieillissante. Croyez-vous que vos co-équipiers et vous pourront encore tenir après cette CAN 2002 ?
A.B : Pourquoi pas ! L’équipe est vieillissante parce que c’est nous que vous voyez depuis des années. En dehors de Pat (Ndlr : Mboma) qui a 32 ans, le reste des gars sont entre 20 et 28 ans. Donc, ils peuvent encore jouer pendant deux à trois ans. Et puis, s’il faut que les Lions d’aujourd’hui arrêtent, il faudrait qu’il y ait une relève. Quand je prends seulement les postes de Song et Kalla, je ne vois pas encore ceux qui pourraient valablement jouer les rôles de ces deux dans la défense des Lions s’ils ne sont pas là.
L.M : Pour ce qui est du poste de gardien de buts, il y a toujours une vive polémique sur votre titularisation au détriment des autres, Songo’o, Kameni et Andem.
A.B : J’ai longtemps joué au Cameroun où j’ai fait mes preuves. Je ne sais pas pourquoi les Camerounais ne me font pas confiance. Ce problème s ‘était déjà posé en 2000 mais, j’ai joué et nous avons gagné la CAN. Bon, je comprends que mes compatriotes ont toujours la nostalgie des grands BELL et NKONO. Au point que faire entièrement confiance à un autre gardien est vraiment difficile. Si ANDEM, SONGO’O ou KAMENI jouent et font de petites erreurs, ils seront difficilement pardonnés par le peuple, tout comme moi. Et ce, parce que BELL et NKONO ont imprimé leurs marques et prouvé leur grande classe pendant plus de 20 ans.
L.M : Il se dit que vous êtes toujours titularisé parce que vous êtes le poulain de Thomas NKONO, l’entraîneur des gardiens de buts des lions indomptables.
A.B : Non, je ne pense pas. Ce n’est pas NKONO qui décide de qui va jouer, mais M.SCHAFER. j’ai prouvé à l’entraîneur national que je peux jouer et bien défendre l’équipe. Pendant nos stages, il a donné à chacun sa chance pendant les matches amicaux. J’ai joué contre la Pologne, le Burkina Faso et une équipe en Allemagne. SONGO’O a joué contre la Tunisie. KAMENI a joué le deuxième match en Allemagne. Vous voyez donc que c’est après avoir testé chacun de nous qu’il a décidé de me faire confiance. Pour la suite s’ il ne me fait pas jouer, je respecterai ses choix sans rien dire, très sportivement.
L.M : Au pays, on n’a pas beaucoup de nouvelles du championnat turc où vous évoluez. Ne pensez-vous pas le quitter pour un championnat bien médiatisé ?
A.B : Je suis à Samsun Sport en Turquie depuis 1994. Dans le championnat actuellement, nous sommes classés 10 ème sur 18 équipes. Après la CAN 2000, j’avais eu des contacts en France avec le PSG et Marseille. Mais, ils n’avaient pas marché. Maintenant, le Mercato est fini. J’espère qu’après la CAN 2002, je serais sollicité par des clubs des championnats médiatisés. C’est mon souhait.
L.M : Vous êtes le seul africain à Samsun Sport ?
A.B : Non ! Dans mon équipe, il y a le Ghanéen Stephen BAIDO et le Sud-africain Phiri. Nous nous entendons bien.
L.M : Quelles relations entretenez-vous avec d’autres footballeurs Camerounais en Turquie ?
A.B : Des relatons de fraternité. Ce sont le gardien Souleymane HAMIDOU et le milieu de Terrain Nicolas ALNOUDJI qui évoluent à Rize Sport. On s’appelle au moins deux fois chaque semaine pour parler de nos familles, du pays, de nos difficultés et de nos performances.
L.M : Vous êtes assaillis tout le temps par des supporters qui viennent chacun poser son problème. Comment réglez- vous tout ça ?
A.B : Souvent, le capitaine nous réunit, nous nous entendons et cotisons de l’argent que nous donnons à nos supporters. Mais, ici à Sikasso, nous fuyons ceux que nous ne connaissons pas personnellement, depuis les coups de vol d’après Cameroun contre la RDC. Et puis, il faut comprendre que c’est l’Afrique, il y a la solidarité. Je viens par exemple de donner 60.000 F CFA pour qu’on libère provisoirement un jeune garçon de mon quartier Tsinga à Yaoundé, qui est en prison ici au Mali depuis 8 mois, pour complicité dans une affaire de vol. Quand il a su que j’étais avec les lions, il m’a écrit depuis la prison. Je lui ai envoyé 60.000 F CFA. et il est maintenant en liberté provisoire. Avant de quitter le Mali, j’irai voir le juge pour son cas.
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