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08.12.2006
Organisation : Le mauvais jeu des fédérations sportives
Crises de leadership, querelles extrasportives, compétitions au rabais, … A quoi jouent les dirigeants fédéraux ?
Brandie par le Minsep, la menace a été effectivement appliquée. Seuls 16 présidents de fédérations sportives nationales, sur la quarantaine officiellement répertoriée, ont pu serrer la main du président de la République le 3 décembre lors de la finale de la coupe du Cameroun de football. Depuis quelques années, ce rendez-vous annuel, qui sert aussi de cadre à la remise des trophées glanés au cours de la saison, était devenu “ le must ” pour de nombreux présidents de fédérations de se mettre en exergue. L’immortalisation de la poignée de main avec le chef de l’Etat, servant de caution pour justifier une saison souvent par ailleurs mitigée ou simplement vide. C’est pour mettre fin à cette parade indécente, que le Minsep veut restreindre la participation à cet événement aux seules fédérations actives. Le message se veut clair : seules les fédérations qui existent sur le terrain auront désormais cet honneur. Inédite, la mesure semble pourtant insuffisante pour circonscrire durablement le mal.
Tant il semble profondément enraciné dans les habitudes. Un classement de la délégation provinciale du Minsep en cours de finalisation en donne une idée. Le relevé statistique de la carte sportive du Littoral ainsi qu’il ressort de ce classement indique 15 ligues actives, 4 à l’activité ponctuelle et 13 en hibernation complète sur les 32 répertoriées. Selon la loi No 96/09 du 15 août 1996 fixant la Charte des activités physiques et sportives “ les fédérations sportives participent à l’exécution d’une mission de service public (…) Elles sont notamment chargées de l’organisation et de la promotion de la pratique des activités physiques et sportives et assurent, en liaison avec l’administration chargée des sports et le comité national olympique, la formation et le perfectionnement de leurs cadres… ” Invisibles sur ce terrain, que font donc en réalité ces fédérations ?
Impunité
La chronique quotidienne en donne une idée. Il ne se passe en effet pas de jour sans que l’opinion ne soit saisie d’une dispute émanant de ces milieux. Querelle de personnes, crises de leadership, corruption, contrôle des fonds financiers, etc., sont des faits qui font partie de leur vie quotidienne. Sacrifiés à l’autel de ces batailles qui n’ont rien à voir avec le sport, les athlètes payent un lourd tribut : ils sont obligés de participer à des compétitions au rabais quand elles existent ou de subir une année quasi blanche… “ On peut encore accepter des tripatouillages sur le plan administratif. Mais nous refusons de laisser le domaine technique entre des mains inexpertes ”, nous confiait à ce sujet un expert des arts martiaux dont le secteur est actuellement englué dans une spirale interminable de disputes.
Appelée à arbitrer ces joutes, l’administration, notamment le ministère des Sports et de l’éducation physique opte pour la politique de l’Autriche. “ Nous attendions la fin de la saison pour réorganiser les Ag électives afin de redynamiser les structures défaillantes ”, explique M. Guidio, le délégué du Minsep. Lors des renouvellements des bureaux fédéraux, les commissaires du gouvernement préposés à la supervision des élections ne feraient pas toujours preuve de neutralité. Pire, devant leur incurie, et ce malgré les plaintes des forces contestataires, le Minsep a tendance à prendre fait et cause pour les bureaux en place. Cette coupable tolérance a fini par installer les dirigeants des fédérations dans une sorte d’impunité. Fort de cela, beaucoup en ont fait simplement une base arrière de leur bizness, n’hésitant pas d’en user à des fins extra sportives… “ Il faut quand même relever que certaines ligues invisibles sur le plan des compétitions sont toutefois actives ”, relativise M. Guidio.
Par Frédéric BOUNGOU
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