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04.05.2005
Volley-ball : Héroïnes malgré l’improvisation
Après sa brillante qualification dimanche 24 avril 2005 en Ile Maurice pour le championnat du monde, l’équipe nationale a regagné le pays jeudi 28 dans la soirée. Les professionnelles elles, sont reparti en Europe directement. Voyage au milieux des grandes ambassadrices du Cameroun.
Il était pratiquement 22 heures lorsque la délégation camerounaise qui a pris part au tournoi qualificatif au championnat du monde est arrivée à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen. La délégation des volleyeuses était conduite par Tocko Ekambi Emmanuel Auguste, Secrétaire Général de la Fédération Camerounaise de Volley Ball (Fcvb). Pour les accueillir au bas de la passerelle : Timba Majoré Louis, président de la Fcvb et son premier vice Gwed Bi Minyem, Ndjana Robert directeur des sports représentant le ministre, l’entraîneur national de l’équipe masculine, Mayam Re Noif Blaise, et par ailleurs ancien Secrétaire Général de la Fcvb. On notait également la présence des sportifs, de quelques amis et de la famille.
C’est donc tout naturellement que le président Timba Majoré Louis a exprimé sa joie aux joueuses : “ c’est une prestation exceptionnelle que vous avez accomplie, compte tenu des conditions dans lesquelles le déplacement s’est effectué ”. Ces mots aussi significatifs qu’ils puissent l’être n’étaient pas aussi forts que ceux exprimés le 19 avril 2005 par notre confrère “ Le Mauricien ”, quotidien du soir paraissant à l’île Maurice. Dans sa livraison jour sus-cité, il écrivait : “ la délégation camerounaise une nouvelle fois contrariée. (…) la délégation camerounaise, attendue vendredi dernier, se voit maintenant confrontée à un problème de places sur les différents vols vers Maurice ”. Dans cet article, il relevait aussi les problèmes financiers auxquels faisait face le groupe. C’est dire combien l’impréparation du Cameroun est légendaire sur le plan international, malgré de grands atouts sportifs.
Un joli parcours
Malgré tous ces problèmes, les dames ont réalisé une performance exceptionnelle. D’abord, lors du match d’ouverture contre l’Ile Maurice, les Camerounaises, frustrées par la machine qui n’a pas pu exécuter l’hymne du Cameroun, l’ont repris elles-même. Et pour la capitaine Nadine Carole Ambata Mbeya, “ en suivant le geste de notre chef de délégation, nous avons repris avec force et courage notre hymne national avec ses mots forts “ à toi l’amour et le grand honneur ”. C’était le déclic. C’est ainsi que ce 22 avril-là, elles ont remporté la partie par trois sets à zéro (25-19,25-15 et 25-17). Le lendemain, l’Ouganda est tombé dans leurs griffes sur le même score (25-21,25-18 et 25-14). Le duel attendu a eu lieu dimanche, 24 avril, contre la Tunisie. Là encore, les Lionnes volontaires ont gagné par trois sets à un ( 25-13,24-26,25-21 et 25-19). Pour la capitaine, “ nous savions que nous avions toutes les chances de qualification. Nous avions la certitude qu’en regardant toutes vers la même direction, nous nous qualifierons. Parce que nous partions favorites. Nous avons pris la décision, avant le voyage, au moment où il y avait des problèmes, de regarder exclusivement l’aspect technique. Nous avions confiance en l’équipe administrative ”. L’entraîneur national, pour ce match contre la Tunisie, avait sa petite idée “ nous savions que c’est une équipe compétitive. Nous avons pris sur nous de les soumettre à une réelle pression. Et elles ont craqué ”.
Tocko Ekambi, Chef de la délégation, pense que : “ les Camerounaises ont tout donné tant individuellement que collectivement. Vous n’avez qu’à voir le nombre de récompenses reçues par nos joueuses ”. Le Cameroun a raflé toute la mise sauf le titre de meilleure joueuse qui est revenu à la capitaine de la Tunisie, Arabia Rafrafi qui, reconnaissent les Camerounaises, a donné le meilleur d’elle-même. Ainsi, meilleure réceptionneuse, Patricia Ndolo Ngomi ; meilleure attaquante, Ondoua Messina ; meilleure contreuse, Rose Ngon Beleng ; meilleure libero, Patricia Ndolo Ngomi ; meilleure serveuse, Ondoua Messina et meilleure smasheuse, Rose Ngon Beleng. Avec un tel résultat, l’entraîneur national de cette équipe, Tiadjoue Yende Lavoisier, très ému à son arrivée, a laissé entendre “ nous avons fait notre devoir en laissant quelque chose à la postérité. Je suis satisfait des joueuses et dis merci aux responsables de la fédération qui ont tout fait pour nous donner les moyens idoines pour notre stage au pays ”. Cette qualification sonne comme une revanche d’autant plus que par deux fois, les Camerounaises ont été bloquées par le Kenya et la Tunisie. Avant la compétition, cette équipe était la 26ème mondiale et la 3ème africaine. Elle confirme ses atouts et montre qu’elle peut faire mieux si….
Récupération !
C’est aussi la récompense du travail réalisé par le bureau directeur de la Fcvb depuis quelques années. Et surtout pour ce déplacement où le président Timba, quelques membres du bureau et des amis ont permis à la délégation de participer à ce tournoi où le Cameroun est sorti meilleure équipe de la zone C. Il convient de signaler que, jusqu’à 15 heures le 19 avril, personne n’avait la certitude que le voyage se s’effectuera. Le Cameroun a voyagé avec six joueuses du terroir et six de la diaspora. Ce qui a d’ailleurs fait dire à Gwed Bi Minyem que, “ la fédération a réalisé des résultats qui sont à la hauteur de la foi et des engagements qui ont été pris vis-à-vis du milieu du volley ball. Depuis quelques années, nous avons un très bon niveau. Il nous manque tout simplement des moyens pour préparer correctement nos équipes pour atteindre les sommets. La présence de six joueuses de notre championnat dans cette équipe témoigne de la bonne santé du volley-ball camerounais ”. Et le plus dur est donc à venir. Rien n’indique que les dispositions seront prises à ce niveau. Aussi bien qu’il s’estime heureux, Timba Majoré Louis fait transparaître ses inquiétudes : “ le championnat du monde est prévu en novembre 2006. Dès le mois de mai, nous allons élaborer un programme de préparation qui sera remis à la tutelle. Et nous espérons qu’il va être suivi. Si l’équipe pouvait participer à la Can qui se jouera en septembre prochain, ce serait une très bonne chose pour sa préparation ”, dit il avant de poursuivre : “ les membres du bureau directeur et moi ferons ce qui est de notre possible pour pouvoir résoudre les problèmes. Mais il est évident que la fédération ne peut pas prendre en charge les déplacements des équipes nationales. Il n’est pas possible de trouver les sponsors qui puissent prendre en charge les déplacements des équipes nationales. Si nous n’avons pas le financement nécessaire, nous n’irons pas à la Can parce que ce que nous avons fait pour les garçons en mars et les filles en avril, ça m’étonnerait que ça puisse se répéter ”. Il reste que cette qualification permette à la fédération de trouver un équipementier pour se doter d’une tenue à la dimension de l’image du pays.
De son côté, Robert Ndjana, Directeur des Sports pense que : “ La politique gouvernementale en matière de sports couvre toutes les disciplines. Ce que le ministre fait aujourd’hui couvre toutes les disciplines. Et lorsqu’une équipe comme celle de volley-ball se qualifie pour le championnat du monde de 2006, cela fait ressortir la politique globale impulsée par la très haute hiérarchie et mise en application par le ministère. Donc ce n’est pas le fait du hasard. Cette équipe n’est pas née aujourd’hui. Il y a eu une préparation par rapport aux instructions données par le ministre. Ces instructions sont bien appliquées par les présidents des fédérations et les entraîneurs. C’est ce qui justifie ce résultat ” et pour la suite, “ l’Etat fera toujours tout ce qui est de son possible afin de permettre aux équipes nationales du Cameroun de prendre part aux compétitions internationales ”. Ces propos qui sont loin de la réalité montrent le peu de sérieux qu’on accorde au mouvement sportif. Car il est connu de toutes les dispositions prises par la Fcvb afin que l’équipe masculine participe aux éliminatoires en Egypte. Et ce qu’elle vient de faire pour les dames. Le directeur des Sports gagnerait à tenir un autre discours et certainement celui attendu par les uns et les autres.
En prenant congé de la délégation, il a dit “ je suis venu expressément vous accueillir à la demande du ministre. Il m’a demandé de vous adresser ses vives félicitations pour la prestation obtenue en île Maurice. Je crois que dans les prochains jours, il vous enverra un message pour vous le faire savoir ”. Le “ premier message ” le faible déploiement fait par la Direction des Sports pour accueillir les héroïnes qui n’en demandaient pas trop. Une équipe qui, arrivée avec une telle prestation, s’est surprise à s’applaudir elle même, soutenue par quelques amis. C’est dire tout le contraire des déclarations du Directeur des Sports qui s’est trouvé lui-même seul.
Depuis le 29 avril, la Présidence de la République s’est saisie du dossier et ne manquera pas d’attribuer les médailles aux héros et à tous ceux qui impulsent une véritable visibilité pour ce sport. A-t-on appris. Reste à espérer que le ministère qui devrait initier une telle correspondance se rapproche de la fédération pour une action concertée.
Voici la liste des joueuses ayant pris part à cette compétition.
Réceptionneuses attaquantes : Ngo Nkot Rébecca (INJS, Yaoundé), Mafo Mbobnda Joëlle-Paule (Aes Sonel), Messina Ondoua Marguerite ( Saint Chamond France), Ombassa Somang Marie Thérèse ( Villers Coterets France) ; Passeuses attaquantes : Beleng a Ngon Rose (Saint Chamond France), Asta Gamkoua Juliette (Aes Sonel) ; Pointue : Tentchou Péronne (Saint-Raphaël France) ; Attaquantes Centrales : Ambatta Mbeya Nadine Carole (capitaine),(INJS), Mantbana Ambassa Régine (FAP Yaoundé), Minsili Avebe Danielle ( Vandeuvre-Nancy France), Ngo Batta Jacqueline (Aes Sonel) et Libero Ngombi Ndolo Patricia (Vincennes France).
Par SANDEAU NLOMTITI
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