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03.11.2003
Mboma, Etame : Faut-il reprendre les Lions rebelles ?
Hiondi Nkam IV
à Londres
Le premier crie son envie de revenir, le second attend qu’on fasse appel à lui.
Belle plaidoirie que celle entamée par Patrick Mboma depuis plus d’un mois déjà, en vue de son retour au sein de la sélection nationale. Convaincu d’être dans son bon droit, il n’a même pas pris la peine de se payer un avocat. Il est lui - même monté au créneau ; dans les médias qu’il inonde ces temps-ci d’arguments faisant état de la nécessaire expérience qu’il pourrait apporter aux Lions indomptables, de sa loyauté jamais démentie. A ces développements, Mboma adjoint des pièces à conviction : 13 buts en 18 matches dans la Japan League et une position de co-leader avec son club Tokyo Verdy (jusqu’à la semaine dernière).
Difficile de ne pas donner sentence en sa faveur. Pourtant le dossier de l’accusé ne manque pas de failles. La Japan League ce n’est pas la Liga, encore moins le Calcio, crient certains. Bien au - delà de ses performances, Mboma prête actuellement le flanc à la critique par sa démarche qui convainc peu. Après avoir publiquement critiqué le management au sein de l’équipe nationale, il s’était volontairement écarté de la sélection pour la Coupe des confédérations. Et même si le buteur avait en son temps pris les précautions d’usage en précisant bien qu’il s’agissait d’un recul et non d’une retraite définitive, on ne peut que s’étonner de la promptitude et de l’allant qu’il manifeste à revenir alors même qu’il avoue ne pas avoir la certitude que toutes les défaillances qu’il stigmatisait sont aujourd’hui corrigées.
Retour par l’arrière
Bien décidé à avoir gain de cause, Mboma ne démord pour autant pas. Se permettant des jongleries sémantiques pour passer le cap, il dit aujourd’hui n’avoir « jamais conditionné son retour à quelque amélioration de la gestion des Lions ». Il déplore « l’incompréhension » qui a fait croire qu’il tirait sa révérence alors qu’il ne se sentait simplement pas prêt pour la Coupe des confédérations. Il insiste sur le fait qu’il n’a « aucun problème avec le sélectionneur », même si ce dernier a déclaré après la Coupe des confédérations « ne plus compter sur ce joueur qui a bafoué son autorité ». La rhétorique ne suffisant pas, Mboma a rencontré le super intendant de la sélection nationale, le Minjes Pierre Bidoung qui accompagnait récemment Paul Biya au Japon. Et comme il a pu rallier à sa cause la grande majorité des jurés que constitue le peuple camerounais, il est fort à parier que le grand juge que semble être le Président Biya lui-même, prononce dans les tous prochains jours un jugement en sa faveur.
L’approche de Lauren Etame est plus sournoise. Son départ ayant été qualifié par lui-même de « définitif et irrévocable », le Gunner ressent aujourd’hui quelques scrupules à revenir par la grande porte au sein d’une sélection qu’il a longtemps boudée. A défaut de rentrer sur la scène par l’estrade, le double champion d’Afrique veut emprunter l’entrée des artistes. Etame vient en effet de réitérer chez nos confrères de la Bbc sa pressante envie de revêtir à nouveau le maillot des Lions Indomptables à l’occasion du match de gala qui se jouera en la mémoire de Marco Foe le 11 novembre à Lyon. « J’étais très proche de Foe et je tiens à lui rendre cet hommage », a déclaré le joueur d’Arsenal. Empressement suspect, curieux volontarisme de la part de quelqu’un qui dissertait dans les médias anglais sur l’avenir de Patrick Vieira et Thierry Henry à Arsenal quand la planète entière était inondée de larmes après le décès tragique de Marco. En effet, mis à part un voyage éclair à Lyon pour les cérémonies mortuaires en la mémoire du regretté, Lauren n’a jamais donné l’impression ici, en Angleterre, d’avoir perdu un co-équipier, un compagnon de route, … un compatriote. Ce qui pousse forcément à lire autrement ce regain de compassion. A se demander si l’intéressé ne tente pas ainsi un retour chez les Lions qu’il a brutalement quittés après la Coupe du monde. Ses propos actuels peuvent conforter dans cette position. Encore catégorique il y a peu sur l’éventualité de son retour chez les Lions, Lauren se dit aujourd’hui indécis. « Je ne suis pas sûr, je dois d’abord en discuter avec le coach », a-t-il confié à la Bbc. Sous entendu « s’il me convainc, je reviens ».
Le Bell exemple
Belle parade pour laisser croire que l’initiative de son retour ne vient pas de lui. A la vérité, deux éléments essentiels semblent avoir donné à réfléchir à l’ancien joueur de Mallorca. Il y a d’abord le début de parcours chaotique de son club en Ligue des champions qui pourrait contraindre les Gunners à quitter la cour des grands pour se consacrer aux batailles domestiques avec Manchester United, Chelsea et autres Liverpool. D’où un calendrier plus allégé (ajouté à une très probable lourde suspension du joueur après son agression sur Van Nistelrooy lors du dernier Arsenal# Manchester United) qui permettrait au Camerounais de répondre à l’appel d’une sélection qui, à vrai dire, aura été le véritable booster de sa carrière. Il y a ensuite les récents résultats mêmes de cette sélection, son récent parcours en Coupe des confédérations qui le place en pole position pour un triplé historique en Coupe d’Afrique des Nations et qui ressuscite même les espoirs les plus fous de conquête d’une couronne mondiale dans moins de 3 ans en Allemagne. Lauren n’aura alors que…30 ans.
Au fond, les deux rebelles qui semblent se raviser aujourd’hui ont essayé une mauvaise solution à un vrai problème. Les errements de gestion de l’équipe nationale ont été décriés de tout temps. Joseph Antoine Bell s’en est fait le chantre avec, il faut le reconnaître, des avancées significatives. Mais il n’a jamais claqué la porte des Lions indomptables ou décliné une sélection pour cet état de cause. Les vrais combattants ne quittent pas le champ de bataille. Tout au plus se mettent-ils en réserve de la République en attendant que l’on fasse appel à eux. Comme Roger Milla.
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