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25.08.2003
Fédérations : Sur le terrain des sports "mineurs".
Eric Vincent Fomo (stagiaire)
Une trentaine de fédérations sportives agréées, mais peu se font remarquer sur le terrain par leurs activités.
Un studio de deux pièces où l´on peut voir un fauteuil, quelques chaises, un ordinateur, des documents posés sur une table et un téléphone coupé pour cause de factures impayées. Ce décor sobre est le siège de la fédération camerounaise de Badminton au quartier Mvog-Mbi à Yaoundé. Encore heureux pour elle qu´elle puisse avoir un point de repère. En effet, sur les 32 fédérations sportives nationales agréées par le ministère de la Jeunesse et des Sports (Minjes), à peine une quinzaine ont des sièges visibles, les autres n´existent que dans les valises et téléphones portables de leurs présidents. Le Badminton, les patins à roulettes, le sport pour handicapés, le sport pour tous, le tir, le taekwondo, malgré le discours officiel lénifiant, apparaissent ainsi comme de véritables sports mineurs, à côté d´autres disciplines plus populaires et sans doute mieux nanties comme le football, le handball, le volley-ball, l´athlétisme et de plus en plus la boxe et le cyclisme, dans une moindre mesure.
Badminton. Malgré l´arrêté signé par le président Ahmadou Ahidjo le 30 août 1962 autorisant la pratique de ce sport sur l´ensemble du territoire national, il ne sera reconnu officiellement au niveau du Minjes que le 21 juin 1999. Le 30 décembre 2000, Jean Claude Nkodo Ela est élu président de la jeune fédération pour un mandat de quatre ans. La Fécabadminton est affiliée à la Confédération africaine et à la fédération internationale de la discipline, et compte faire participer cinq athlètes aux prochains Jeux africains d´Abuja (du 04 au 18 octobre 2003).
Le badminton ressemble un peu au tennis, avec un "volant" à la place de la petite balle jaune, des matches qui se jouent en trois sets (15 points par set chez les hommes et 11 points chez les dames) ; il se joue en salle. La fédération camerounaise revendique 200 licenciés, sept clubs affiliés et six ligues provinciales déjà opérationnelles. Tout ce beau monde participe à cinq tournois (Douala, Limbé et Yaoundé) au cours de la saison qui a été lancée en février dernier. "Les Brasseries du Cameroun nous ont aidé en nous offrant une salle pour les entraînements les dimanches et mercredis soirs. Et nous sommes à la recherche d´autres sponsors", précise M. Nkodo Ela. La République populaire de Chine, championne du monde de badminton avec ces 190 millions de licenciés a déjà fait des dons à la fédération camerounaise qui vont lui permettre d´ouvrir une école de badminton à Yaoundé.
L´essentiel du financement de la Fécabadminton, pour l´instant, provient donc de l´étranger (la solidarité olympique vient par exemple d´offrir des bourses à deux athlètes qui vont passer deux semaines de stage en Afrique du Sud) et des bienfaiteurs. "Cette année, le Minjes ne nous a promis que 500.000 Fcfa que nous attendons toujours d´ailleurs, alors que l´année dernière cette subvention s´élevait à 2,5 millions", se plaint encore le président de la fédération, qui compte néanmoins intéresser 10.000 jeunes à cette discipline dans les quatre ans à venir. Patins à roulettes. La première journée du championnat national n´a pas encore eu lieu, "puisque nous attendons encore les subventions. L´Etat ne nous a encore rien donné", s’excuse Mvogo Eloundou, le secrétaire général de la Fédération camerounaise de patins à roulettes. Et pourtant, la deuxième journée est prévue samedi prochain à Douala. Cette fédération créée en 1999 et dont le bureau exécutif est conduit par Emmanuel Tcheukam, compte six ligues provinciales dont chacune reçoit une journée du championnat national chaque année. Elle n´a encore participé à aucune compétition internationale, le gouvernement estimant que la discipline devrait d´abord être vulgarisée à l´intérieur du Cameroun, avant de se mouvoir sur la scène internationale.
Ça ne roule pas encore pour pas encore fort pour la Fécapar, mais la jeune fédération s´accroche à ses espérances de devenir grande, à travers le développement de la discipline dans le pays et la participation aux compétitions internationales.
Sports pour handicapés. Contrairement aux autres fédérations qui ont déjà reçu des subventions, quoique minables et aléatoires, du Minjes, "la Fédération des sports pour handicapés n´a jamais perçu un sou de la tutelle", à en croire son président Félix Elong. Une fédération bien à part, puisqu´elle possède quatre sous-fédérations, en fait des associations spécialisées (handicapés physiques, handicapés mentaux, handicapés visuels et handicapés auditifs), qui entretiennent chacune ses ligues provinciales, organise ses activités et rend compte à la fédération qui, elle, n´organise que la coupe du Cameroun. Autre particularité, cette fédération reçoit des subventions du ministère des Affaires sociales, 4,5 millions de Fcfa chaque année
La Fédération camerounaise des sports pour handicapés compte à ce jour plus de 2000 athlètes pratiquants et 300 licenciés. Le basket sur chaise roulante se joue les samedis sur le terrain de l´Injs, l´athlétisme se déroule au stade omnisport et parfois le tennis à l´hôtel de ville. La fédé a des dettes vis-à-vis de la fédération internationale et manque cruellement de matériels de compétition (un fauteuil neuf pour handicapés coûte environ 3 millions de Fcfa). Elle peut néanmoins se vanter d´être l´une des fédérations nationales qui possèdent de athlètes professionnels, à l´image de Sourd Koung, qui fait 11 secondes au 100m...
Une caractéristique connue à toutes ces petites fédérations sportives nationales qui tirent le diable par la queue : elles ne possèdent pas d´adresse téléphonique fixe où on pourrait les joindre, malgré parfois l´existence d´un siège. Leurs activités se limitent très souvent à l´organisation de la Coupe du Cameroun, qui donne le ticket pour aller recevoir le trophée des mains du chef de l´Etat au stade Ahmadou Ahidjo. Toutefois, malgré le manque criard de moyens, on note une nette amélioration au niveau du volume des effectifs. Une indication peut-être de ce que ces nouvelles fédérations aspirent à devenir rapidement majeures.
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