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17.06.2003
Coupe des confédérations :Le folklore recommence
Charles Mongue
Et si les mêmes causes produisaient les mêmes effets?
Après la Coupe du monde Corée-Japon 2002 et le résultat que nous connaissons, il nous avait été promis un diagnostic sans complaisance des problèmes qui minent les Lions Indomptables, pour que ce qui est arrivé n’arrive plus jamais. Les joueurs sont revenus au pays, et au nom de je ne sais quelle obligation de réserve, ils ne nous ont rien dit. Les membres de la Fécafoot dont beaucoup étaient déjà très heureux d’avoir effectué le voyage de l’Asie sans bourse délier se sont enfermés dans un discours du genre “oublions ce qui s’est passé, regardons l’avenir”. Ils croyaient cet avenir très lointain, mais voici la Coupe des confédérations. Le Minjes, quant à lui s’est éclipsé et s’est glissé dans les caravanes de la campagne électorale du Rdpc. Même le chef de l’Etat n’a pas pu mettre la main sur lui, ainsi qu’il l’affirmait lui même à la télé le 23 juin 2002 de triste mémoire. Les journalistes de la Crtv qui croulaient sous le poids de frais de mission engrangés un mois durant sont venus organiser un plateau télé dans lequel tout le monde usait et abusait (Thomas Nkono) de la langue de bois. En clair, tout le monde s’est voilé la face, le temps a fait son effet dans les esprits des Camerounais, personne n’a voulu affronter la réalité en face. Aujourd’hui, la Coupe des Confédérations s’annonce, l’agitation renaît, et la marmite Lions Indomptables dont le couvercle est bien tenu par le Minjes et Fécafoot pour cacher la pourriture qu’elle contient, recommence à exhaler des mauvaises odeurs, à peine entrouverte.
Schäfer est resté un figurant
Nous avons vécu quelque chose d’assez extraordinaire au cours de la semaine du 2 au 7 juin 2003: on nous annonçait partout l’arrivée des Lions Indomptables au Cameroun pour nous dire au revoir dans un match d’exhibition, mais nous ne savions même pas de qui on parlait, puisque la liste de nos joueurs n’était pas connue. Raison évoquée: Schäfer se trouvait au Nigeria pour superviser ses Lions A’ (un truc qu’on a encore copié chez les Français, ces gens qui pensent pour nous). Puis, subitement, en fin de semaine, une liste de 23 joueurs est publiée, dans laquelle figure un seul joueur présent au Nigeria, un gardien de buts, qui avait déjà été appelé pour un tournoi avec les Lions, mais n’avait pas obtenu de visa pour voyager (ne riez pas). C’est dire que Schäfer n’a rien ramené chez les A. Perte de temps. Au retour de la Can 2002, cet Allemand qui refuse d’apprendre une langue officielle du Cameroun, nous disait qu’il n’avait pas une bonne connaissance de nos joueurs, et qu’il avait utilisé une liste concoctée par ses adjoints. A la coupe du monde, il a reconduit les mêmes, c’est-à-dire qu’il n’avait toujours pas pris connaissance de nos joueurs, ce qui se comprend pour quelqu’un qui vit en Allemagne.
Or telles que les choses se sont passées cette fois-ci, il est clair que ce n’est pas le sélectionneur Schäfer qui dresse la liste des Lions Indomptables. Sinon comment expliquer qu’à peine convoqués, les joueurs soient déjà tous là le lendemain? C’est qu’ils avaient déjà reçu des convocations avant que la liste ne soit publiée, ce que semble confirmer Alioum Boukar dans les médias. Donc, Schäfer ne sachant pas qui sera retenu a envoyé des convocations à tous les “sélectionnables” que tous les Camerounais connaissent, et ils ont tous appris leur sélection ou non sur place au Cameroun , lorsque le vrai sélectionneur a publié la liste. Alors question: que pouvons-nous véritablement attendre d’un sélectionneur qui n’a pas de personnalité, qui se contente de pointer tranquillement son salaire et se la couler douce dans son pays?(...)
Mot de passe: “tout va bien,
l’ambiance est sereine”
Comme avant la Coupe du monde 2002 même rendus au Japon, le mot d’ordre habituel est lancé : sérénité. Patrick Mboma programme un déballage à la veille du départ en compétition de ses anciens coéquipiers, tout va bien quand même, c’est la grande sérénité. Trois joueurs ratent le voyage pour cause de défaut de visa; il n’y a rien, c’est l’homme qui a peur. Tchato ne dispute pas le match d’exhibition pour cause de blessure, circulez, y a rien à voir. Le moral est au beau fixe.
Ce qui est affligeant ici, c’est la complaisance de nos joueurs, y compris Mboma qui semble se réveiller de sa torpeur aujourd’hui (certainement rattrapé par la limite d’âge du Minjes). A écouter les Song , Tchato, Eto’o et consort, tout baigne dans l’huile, en attendant la défaite pour nous sortir la rengaine de l’impréparation et des problèmes qu’on préfère ne pas évoquer ici. C’est que, depuis toujours, les joueurs de l’équipe nationale sont victimes de chantage de la part des dirigeants qui menacent de ne plus les faire venir à la “Nat” s’ils ne se taisent pas. Et comme pour beaucoup l’équipe nationale est une rampe de lancement, ils obéissent à cette loi du silence qui leur est imposée. Et même après leur éviction du système ils se taisent, de peur d’avouer à leurs fans qu’ils n’étaient que des mauviettes qu’on tenait en laisse et qui se laissaient aller au sport favori des Camerounais: la génuflexion (surtout quand ça donne l’argent).
Et ce n’est certainement pas de la part des membres qui composent l’administration de l’équipe nationale qu’il faut attendre un autre son de cloche. Quand vous écoutez M. Nguidjol qui est très content d’être passé de Directeur Administratif des équipes nationales à simple membre d’une obscure commission chargée de l’administration (quelle personnalité!), vous avez envie de mettre une bière au frais à savourer lorsque Song brandira le trophée de la Coupe des Confédérations. Mais lorsque vous vous rendez compte que ces administrateurs sont de la plus grande incompétence (reconnue même par le Minjes au moment où il limogeait Nguidjol dont il attendait certainement un sursaut l’orgueil au travers d’une démission), au point de ne même pas pouvoir obtenir 3 petits visas pour des footballeurs qui se rendent en France, vous perdez votre optimisme. Et quand on leur demande le programme des Lions, ils parlent, ils parlent, mais rien n’en sort, si ce n’est un match contre le Koweït en France pour lequel ils sont incapables de donner le stade et l’heure. A la fin de leur propos, ils vous sortent le mot de passe: Les Lions sont sereins.
La complaisance des journalistes
Les journalistes auraient dû être les révélateurs du mauvais climat qui règne au sein de cette mafia que nous connaissons sous le nom de Lions Indomptables. Malheureusement pour le peuple camerounais, il n’en est rien. Nous n’attendions rien de ceux de la Crtv dont la couardise est avérée, notamment à cause de l’anesthésie qui leur est administrée au cerveau par leurs dirigeants. Ils ne savent faire qu’une chose ou deux : citer les autorités à longueur de papiers, et interviewer des personnes qui ne risquent pas de “dégammer” sur leurs antennes (en tenant des propos qui n’épousent pas leur ligne éditoriale).
Ceux qui nous étonnent (façon de parler), c’est les journalistes de la presse et des médias privés qui se sont aussi lancés dans la diffusion des communiqués émanant des autorités sportives (matches arbitres, délégués de matches, etc.). Assez souvent mal formés (quand ils le sont) , ou alors trop contents de pouvoir approcher ceux qui “décident” , ils oublient de poser les vraies questions, se contentant d’impressions évasives. Pour pouvoir obtenir des insertions publicitaires qui leur sont promises par les dirigeants de notre football qui ont leurs “entrées” chez les bons annonceurs, ils ferment les yeux sur leurs errements, et noient le poisson dans des analyses d’informations tirées des sites sportifs sur Internet. Quand ils ne font pas la promotion d’obscurs “professionnels” camerounais qui évoluent à Chypre et autres championnats tout aussi célèbres (Radio Equinoxe). Bref, le “gombo” règne, et ceux qui le donnent n’aiment pas qu’on leur pose des questions qui les embarrassent. (...)
Le gouvernement prépare la récupération
La présence de plusieurs ministres au stade lors du match d’exhibition au stade de Yaoundé n’était certainement pas fortuite. Surtout celle du ministre de la Communication que (heureux hasard) les micros de la Crtv n’ont pas raté pour qu’il annonce qu’ils sont venus “communier” avec le peuple dans l’onction à apporter aux Lions. Comme ça, en cas de victoire finale, on dira que tout avait été prévu, le gouvernement s’était mobilisé, sous la Haute Impulsion de qui vous savez. Mais en cas de déroute, le Mincom a déjà tout réglé également, puisqu’il a affirmé être venu au stade en simple citoyen camerounais, ce qui laissera la responsabilité au seul Minjes.
Ce qui nous inquiète, c’est que nous avons déjà vécu tout ce cinéma par le passé, qu’il nous a endormi, que nous avons occulté les vrais problèmes à régler avant une compétition d’envergure, et nous avons à chaque fois reçu des gifles retentissantes. Nous avons vraiment peur que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets.
Vivement que nous nous trompions.
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