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12.02.2008
Balle au centre : De sang et de foi !
L’Egypte a finalement permis aux Ghanéens d’étancher leur soif de colère avec le sang frais du Lion. Depuis le dénouement des demi-finales au cours desquelles les Camerounais ont mis hors course le pays organisateur, les concitoyens de Nkwame Krumah qui avaient pourtant accueilli avec beaucoup d’enthousiasme la bande à Samuel Eto’o ont retourné leur veste. Et c’est avec beaucoup de rage qu’ils criaient dimanche matin aux pronostics, “ Camaroun ziiiro, Egyupt wone ! ” Le sort a été de leur côté. Pas que les Pharaons ont été particulièrement brillants au soir du 10 février 2008 à Ohene Djan Sports Stadium d’Accra. Ils ont arraché leur victoire du feu, exploitant une grossière erreur de la défense camerounaise vers la 70e minute de jeu. Victoire tout de même, parce qu’il n’y a pas de demi-victoire, de victoire par lâcheté, ou de laide victoire. Il devait y avoir un champion et la coupe leur est revenue. Pour être fair-play, bravo les Pharaons !
Quant aux Lions, ils sont arrivés là où on ne les attendait pas. Au dernier round de la compétition, ils ont refusé d’être malmenés, ridiculisés, voire infantilisés. Mieux, ils ont donné du répondant. On était alors loin de la déculottée (4 buts contre 2 en faveur de l’Egypte) du 22 janvier dernier à Kumasi. Les Lions recevaient ainsi leur baptême de feu dans la compétition. Depuis ce jour-là, ils ont rugi, mugi, et sont montés en puissance… pour atteindre le dernier niveau de la compétition. Héroïques, les Lions l’ont été. Le déploiement d’Alexandre Song Bilong, Stéphane Mbia, André Bikey, … et Idriss Carlos Kameni (en finale) a montré que l’équipe nationale avait encore des ressources à faire valoir. L’héroïsme des Lions Indomptables ne se justifie pas seulement avec la prestation du 10 février ; il a surtout été mis en exergue par cette foi légendaire en la victoire, manifestée dès le deuxième match de poule, contre la Zambie.
On ne vendait en effet pas chèrement la peau des Lions. Et pour cause : préparation insuffisante, cadres vieillissants, jeunes à peine expérimentés, entraîneur jugé brouillon, etc. Le technicien allemand, Otto Pfister, n’a manifestement pas pu impulser le souffle qui aurait permis au Onze national d’exprimer la pleine mesure de ses potentialités. C’est ainsi que certains observateurs en sont arrivés à qualifier de hasardeuse la prestation des Lions. C’était peut-être mal les connaître. Dans tous les cas, qu’ils soient arrivés en finale de la coupe d’Afrique des nations 2008 par compétence ou par chance, l’on peut remarquer que la première force des Lions, la foi en la victoire, a été suffisamment exploitée. Au demeurant, cette performance est un succès : d’abord pour le gouvernement camerounais, ensuite pour Otto Pfister, enfin pour les Lions domptés à la dernière minute.
On se rappelle en effet que la mise en fonction du technicien allemand par le gouvernement camerounais – à travers le ministère en charge des Sports – en octobre 2007 avait un relent de défi. La Fécafoot contestait en effet sa désignation alors que le ministre des Sports et de l’éducation physique qui conduit la politique sportive du pays avait estimé que ce coach était à même de défendre les intérêts de l’équipe nationale au plus haut niveau. Pour le challenge, deux missions lui avaient été confiées : d’une part remporter la coupe d’Afrique des nations, et d’autre part qualifier l’équipe pour le Mondial 2010. Si la première mission n’est pas parfaitement remplie, il faut avouer que Otto Pfister était tout près du but. Il ne serait donc pas surprenant que le gouvernement lui renouvelle sa confiance pour poursuivre sa deuxième mission. Au-delà d’une certaine continuité qui peut se construire sur cette logique, le gouvernement que l’on dit avoir misé au départ sur un “ tocard ” tire son épingle du jeu. De même que le septuagénaire Pfister et les Lions qui ont, pour la circonstance, emprunté la foi de Job de la Bible.
Grâce à cette foi, les Lions ont montré que les Camerounais peuvent continuer à croire en leur équipe nationale. Et parce qu’il y a cette foi, on peut reconstruire une équipe jeune ; parce qu’il y a cette foi, on peut accoucher d’une équipe conquérante ; parce qu’il y a cette foi, on peut bâtir un système de jeu convaincant, imposant et original. C’est ce que l’on attend aujourd’hui des Lions et de tous ceux qui les encadrent. Afin que 2010 soit envisagé avec plus de sérénité et que le mythe Lion ne tombe !
Par Alexandre T. DJIMELI
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