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26.01.2007
Commentaire : La Fécafoot à l’image de l’Etat…
Le football camerounais est très malade. Il semble même atteint du syndrome immunodéficitaire acquis (Sida). Avec lui, sont malades ceux des Camerounais pour qui les victoires internationales des Lions Indomptables sont le seul motif de se sentir Camerounais.
Perçu comme un divertissement collectif organisé, comme une école de loyauté, voire comme exutoire des frustrations sociales, sans oublier toutes les vertus morales ou sociales (solidarité, santé, patriotisme…) qui s’attachent à tort ou à raison à sa pratique, le football camerounais, et désormais tous les sports nationaux, sont aujourd’hui infectés de tous les grands maux chroniques de la nation : non-organisation, improvisation, prédation, tribalisation, corruption, permissivité et impunité… Et si toutes les autres fédérations sportives se trouvent au bord de l’implosion, aux dires des journalistes et observateurs, la Fécafoot, elle, est menacée de disparition.
La bureaucratie est si tatillonne et mafieuse qu’à fin janvier 2007, elle ne sait pas encore si elle organisera un championnat de 16, 18, 20 clubs ou plus… ni à partir de quand. Peut-être faudra-t-il désormais organiser une saison sportive qui dure deux ans. En tout cas, l’état des lieux est tel que sous l’emprise d’une colère légitime et d’une profonde amertume, un jeune confrère a écrit ceci : “ Le moins que l’on puisse constater est que la Fécafoot n’a plus d’autorité sur le football camerounais. Ses propres structures ne lui obéissent plus ; mérite-t-elle seulement qu’on lui obéisse encore dès lors qu’elle n’obéit pas elle-même aux lois qu’elle s’est données ? Ses décisions ne sont plus ni légales, ni justes, ni fermes. Elles sont toujours contestables et tout le monde les conteste. ”
Tuer la Fédé ou sauver le football ?
Ce qui est incontestable, c’est la réalité rigoureuse de ce constat. Malheureusement il pourrait, il devrait s’appliquer d’abord à l’autorité de l’Etat, dont le déficit du rôle régulateur est générateur de la mal gouvernance totale du pays, et pas seulement de la Fécafoot.
Au fond, ceux qui appellent de tous leurs vœux le retrait de l’agrément de la Fécafoot, veulent-ils sauver le football camerounais du naufrage ? Veulent-ils positionner leurs intérêts personnels et claniques, ou bien régler des comptes entre personnes ? Beaucoup en viennent à penser que la Fécafoot peut être régentée comme une institution publique où le gouvernement nommerait des fonctionnaires. Peut-être même souhaitent-ils qu’il en soit ainsi. Comme si les autres institutions publiques où le décret confère la compétence marchaient très bien !
L’Etat doit réguler et non gérer
Est-ce à dire qu’une fédération de football peut exister et fonctionner dans un pays comme si l’Etat n’existait pas ? Loin s’en faut ! Tant il est vrai que si son activité obéit aux règles de la Fifa, son existence et son fonctionnement doivent être respectueux des lois nationales.
Quoi qu’il en soit, le problème de fond du football camerounais se trouve à sa base : l’organisation et la viabilisation des clubs. C’est là que le pouvoir régulateur de l’Etat doit donner à la fédération une fondation solide, la mettant à l’abri du désordre mafieux. Les clubs de football au Cameroun fonctionnent comme de groupuscules informels, ou comme des petites entreprises privées et impersonnelles, dont les footballeurs ne sont que des employés au noir, corvéables à merci, travaillant pour la gloire ou le positionnement socio-politique du président du club. Dans ces conditions, les footballeurs ne sont pas représentés à la fédération. Et leurs présidents y vont seulement pour positionner leur club dans le championnat qu’ils disputent sur tapis vert. La compétition sur les stades n’étant plus qu’une formalité qu’on improvise…
Au lieu de marcher sur les plates-bandes de la Fifa, et d’accompagner les querelles des personnes à la tête de la fédération, il serait temps que l’Etat légifère dans le sens d’offrir au foot camerounais de véritables clubs qui fonderont une fédération solide et efficace au service du football. Si des bons clubs mettent démocratiquement en place une fédération dont les statuts sont respectés, l’alternance doit y être possible, y compris par la démission des dirigeants lorsqu’ils n’ont plus d’idées ou de vision.
Par Jean-Baptiste SIPA
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