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10.10.2005
Le jeu : Tant qu`on gagnait...
L`équipe du Cameroun n`a pas montré samedi qu`elle avait l`envie d`aller en Coupe du monde.
Au moins, personne ne nous tancera de tirer sur un corbillard, puisque nous avons depuis longtemps déploré la faiblesse du milieu de terrain bâti par Artur Jorge. Hormis la production exceptionnelle du 4 septembre dernier à Abidjan, l`équipe du Cameroun a en effet affiché tout au long de ses dix matches des éliminatoires couplées Coupe du monde/Coupe d`Afrique des nations une pauvreté affligeante dans le jeu. Et ce n`est pas un hasard si tout ce qu`elle a pu obtenir comme victoire l`a été à l`arraché, même à domicile devant le Soudan (1-2).
La réception des Egyptiens samedi dernier a simplement confirmé cette triste impression, aggravée cette fois par le fait qu`il n`y avait pas la réussite au bout, et que nos habituels contempteurs ne pourront donc pas agiter la bonne vieille formule: "l`essentiel était de gagner". Dans le football moderne, les matches se gagnent au milieu du terrain, et samedi hélas, les Lions indomptables ont perdu très tôt la bataille du milieu, bouffés proprement par les Pharaons après le but de Douala Mbella à la 20ème minute.
L`illusion a à peine duré un quart d`heure, en début de rencontre, où les Camerounais ont joué haut, pressant une formation égyptienne renfermée, qui n`était visiblement pas venue à Yaoundé pour faire son match de l`année. Pendant ce laps de temps de félicité, Pierre Wome délivre quelques quatre bons centres depuis son couloir gauche qu`il semble avoir domestiqué. C`est sur ce même flanc gauche de Salomon Olembé, qui a sans doute livré son meilleur match depuis que Artur Jorge en a fait le dépositaire du jeu des Lions, slalome dans la défense adverse (comme il savait le faire en 2000) et dépose un caviar sur le pied droit de Rodolphe Douala. Dès ce modeste but camerounais, de façon inexplicable, les Lions indomptables se sont mis à jouer à la défensive. Ce qui a sans doute réveillé l`orgueil des Pharaons, qui ont alors pris possession du ballon, jouant en mouvement sur toute la largeur du terrain, ne serait-ce que pour se dégourdir les jambes après la pluie torrentielle qui a arrosé la capitale camerounaise trois heures avant le début du match. Pendant que le capitaine égyptien Ahmed Hassan distillait des ballons à tous les coins du terrain, on ne voyait plus personne dans l`entre-jeu camerounais. Douala lessivé, Makoun lent et transparent, Saïdou usait son souffle à harceler une meute d`Egyptiens et Olembe essayait encore de sortir quelques ballons. En pure perte, les Lions indomptables refusant de jouer. Eto`o, excentré à gauche, ne rendait aucun service à son équipe. Webo, l`habituel renard des surfaces, hors du coup, en deux belles occasions a choisi la passe en retrait plutôt que la frappe. Et a passé trop de temps à venir chercher les ballons au milieu qu’à les attendre dans son "jardin", la surface de séparation.
Dans ce contexte, où les Egyptiens s`amusaient à faire douze passes dans leur moitié du terrain sans la moindre opposition, il ne fallait plus compter que sur un miracle. Celui-ci a pourtant pointé le bout de son nez à la 94ème minute sous la forme d`un penalty sifflé par l`arbitre malien Koman Coulibaly. Mais dans un jour sans, Wome, qui venait déjà de causer quelques frayeurs en défense, a manqué le cadre.
C`est toute l`équipe du Cameroun qui a raté sa sortie devant les Pharaons, là où on croyait qu`elle a retrouvé son esprit il y a un mois à Abidjan. Ne restait que l`inusable Rigobert Song pour incarner ce coeur de Lion. Trop seul, le brave capitaine, et obligé de supporter avec ses collègues de la défense tout le poids d`un match cauchemardesque des Lions en seconde mi-temps.
Dans ce naufrage, la responsabilité du sélectionneur Artur Jorge -étonnamment silencieux sur son banc alors que son équipe était à la rue- et de son staff technique est immense.
Flatté par la réussite maximale sur les quatre matches précédents, il n`a jamais voulu bousculer son schéma, notamment son milieu du terrain fantomatique. Parce qu`on ne change pas d`équipe qui gagne, il a voulu transposer face aux Egyptiens à Yaoundé la même disposition adoptée contre les Ivoiriens à Abidjan, Angbwa prenant juste la place de Njitap, suspendu. Mais le technicien portugais, trop prudent, a dû oublier les consignes de pressing aux vestiaires. C`est bien en empêchant les Ivoiriens de jouer et en assiégeant leur camp que les Lions indomptables l`avaient emporté à Abidjan. Comment ont-ils fait, samedi à domicile, pour se contenter de défendre un maigre but inscrit à la 20ème minute? Leur entraîneur, qui s`est payé le luxe de renvoyer Emana et Mbami, s`est montré impuissant et a raté son coaching cette fois: remplacements tardifs et un banc de touche sans relief. Avec ça, il était difficile d`aller en Allemagne.
E. Gustave Samnick
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