ACTUALITE |
01.07.2005
Chrono: Equité
Emmanuel Gustave Samnick
Quelle mouche a bien pu piquer les dirigeants du football international pour qu`ils en viennent à décider, au lendemain de la Coupe du monde 2002, que le vainqueur de cette épreuve (et par ricochet de toute compétition majeure de football) n`est plus automatiquement qualifié à la prochaine édition et devra donc passer par le tamis des éliminatoires comme tous les prétendants? Seuls peut-être les arguments commerciaux, apparemment prioritaires à l`heure du foot-business, peuvent avoir motivé une telle évolution, dont nous ne voyons pas du tout l`intérêt sportif. Quoi de plus logique, en effet, pour un champion d`avoir le droit régalien de défendre son titre à la prochaine phase finale? Ce privilège dû au vainqueur est en réalité sa plus grosse récompense, au-delà du trophée symbolique et de la prime financière colossale qui accompagnent souvent son triomphe.
Mais la raison, bousculée par la réalité du terrain, est en train de reprendre ses droits dans ce dossier. Le vainqueur de la Ligue des champions 2005 a ainsi été autorisé, exceptionnellement, à prendre part aux préliminaires de l`édition 2006 par l`Union européenne des associations de football (Uefa). Or Liverpool, classé seulement cinquième dans le dernier championnat anglais, n`y avait plus droit, selon la nouvelle réglementation. Quelle incongruité, de gagner la Champions League avec bravoure comme l`ont fait les Reds cette année et de n`avoir pas l`opportunité de participer à la même compétition l`année d`après, par la faute d`une réglementation bancale qui est en train, heureusement, de montrer ses grosses limites ! Il se pourrait d`ailleurs que les plus hautes autorités de la Fédération internationale de football association (Fifa) aient fait du lobbying pour amener l`Uefa à repêcher Liverpool dans les éliminatoires de la Ligue des champions 2006. Ce qui veut tout dire...
Comme la règle du but en or, qui a probablement envoyé chez Belzébuth quelques fans du ballon rond, avant de disparaître après une brève apparition, la clause de non qualification automatique du champion sortant fera certainement long feu. Non sans avoir laissé sur le carreau, à son tour, quelques belles victimes. Au Cameroun, pays qui n`a pas pu défendre ses titres de médaillé d`or olympique 2000 et de champion d`Afrique cadets 2003, parce largué en cours de route dans le parcours semé d`embûches des éliminatoires, on en sait quelque chose.
La particularité des Jeux olympiques, grand rassemblement des meilleurs sportifs du monde dans toutes les disciplines, fait qu`il est tout à fait compréhensible qu`on remette les compteurs à zéro tous les quatre ans, surtout dans les sports individuels. Mais comment comprendre que la même donne soit transposée dans des compétitions à discipline unique telle que la Coupe du monde, la Coupe d`Afrique des nations ou la Ligue des champions de football?
Poser toutes ces questions, c`est aussi poser le problème de la fluctuation permanente des règles qui régissent le football international. Il y`en a qui ont été bien senties et ont réellement fait du bien au sport. On citera l`interdiction faite au gardien de buts de toucher de la main un ballon envoyé volontairement par l`un de ses partenaires de champ: le fair-play en a gagné, même si les Lions indomptables qui étaient passés maîtres dans l`art de "tuer" le match par ce manège (du temps de Nkono et Kundé) en souffrent encore. On mentionnera également la répression du strip-tease que s`offraient les buteurs en enlevant leur maillot en plein match, et l`évolution de la règle du hors-jeu qui rend le jeu plus dynamique. Même la règle du but en or était à l`origine motivée par un préjugé sportif favorable: il fallait empêcher que les prolongations deviennent trente minutes d`ennui au cours desquelles chaque équipe attend royalement la séance des tirs au but. A l`arrivée, ce but en or a fait plus de mal que de bien et a fini par être rangé aux oubliettes, "For the good of the game", comme le dit si bien le slogan de la Fifa.
Imposer au champion sortant de disputer les éliminatoires, c`est multiplier les matches et sans doute les recettes, mais c`est aussi malheureusement tuer l`enjeu sportif dès que le champion sortant est sorti avant le festin final. Toutes les équipes ne sont pas le Brésil, présent à tous les rendez-vous de football de toutes catégories, qui vient de remporter brillamment la Coupe des confédérations et reviendra sans faute l`année prochaine en Allemagne pour y défendre son titre de champion du monde en titre, même s`il est devancé par l`Argentine dans les éliminatoires zone Amérique du Sud.
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