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16.04.2004
Siegfried Honga : Sportif tout-terrain .
Emmanuel Gustave Samnick
Le secrétaire général du Comité national olympique a tout connu dans le milieu du sport.
C`est forcément une gageure que d`entrer dans le passé de celui qui occupe depuis le 10 mars 2001 le poste de secrétaire général du Comité national olympique et sportfif (Cnosc). Car, dans la longue et riche carrière de ce sportif de la première heure, les événements se bousculent, les exploits s`enchaînent et s`imbriquent à un rythme parfois supersonique, dans une étonnante multidisciplinarité. Siegfried Honga fut en effet un modèle achevé du sportif polyvalent. Remarquez que ce même individu a été international en athlétisme (100m, 110m haies, 4x100m, saut en hauteur, saut à la perche), en handball (jeux de la Communauté à Tananarive en 1960 et Jeux de la fraternité à Abidjan en 1962) et en basketball (capitaine entraîneur lors des éliminatoires de la Coupe des Tropiques en 1961 et joueur lors des Jeux de l`Amitié à Dakar en 1963). Et comme si cela ne suffisait pas, l`homme a également été un footballeur de haut niveau au Cameroun entre 1957 et 1967, pensionnaire de Lion de Yaoundé, Aigle de Dschang et Dragon de Yaoundé. Il fut même champion de France universitaire de la discipline en 1963 dans les rangs du Creps (Centre de recherches en éducation physique et sportive) de l`Académie de Bordeaux.
"A notre époque, le sportif était d`abord un athlète polyvalent. On faisait un peu de tout, et les calendriers des compétitions tenaient compte du fait qu`un même sportif peut compétir dans plusieurs disciplines", explique Siegfried Honga qui reconnaît que cette trop grande polyvalence a joué dans les performances individuelles qui n`étaient plus élevées parce que l`athlète ne mettait pas l`accent sur une seule discipline. Mais, tout de même, son cas doit être bien particulier. Il se souvient que pour les jeux de la Fraternité de 1962, il s`était présenté au test de sélection de l`équipe nationale de basket-ball (qui se déroulait sur le terrain du lycée Leclerc) trop sûr de lui et de son talent incontestable. Mais, il ne fut pas retenu. Déçu, il décide néanmoins d`aller regarder en spectateur le test de sélection de l`équipe de handball qui se déroulait à côté, au Ces de Ngoa-Ekellé. "Il manquait un joueur pour faire une opposition entre deux équipes; je me propose alors de compléter l`un des camps. Et, finalement, mon nom fut le premier à être couché sur la liste des sélectionnés", se souvient-il dans un éclat de rires. La suite de l`affaire, c`est que, arrivé sur le lieu de la compétition, il fut encore obligé de jouer à la fois pour l`équipe de handball et celle de...basket-ball! Inutle de préciser qu`à l`intérieur d`une discipline, il était capable d`évoluer à différents postes...
Moments de gloire
Le meilleur souvenir de sa carrière de sportif, c`est dans le football que Sigfried Honga le garde. Nous sommes en 1963 et son école où il prépare le certificat d`aptitude au professorat d`éducation physique et sportive, le Creps de Talence (Académie de Bordeaux) remporte la médaille d`or des Jeux universitaires de France. Le maire de Bordeaux, par ailleurs président de l`Assemblée nationale française, Jean Chaban-Delmas, offre une réception à l`hôtel de ville aux héros des Jeux universitaires. M. Honga s`en souvient comme si c`était hier, les yeux encore remplis d`émotion : "Comme j`étais le seul noir de l`équipe, le maire m`a remarqué, s`est approché de moi et m`a demandé en apporté : ``vous êtes de quel pays?`` Quand je lui ai répondu que je venais du Cameroun, il a dit : ``il fallu un Camerounais pour que la ville de Bordeaux ait un titre national``! Je me suis senti transporté comme par une onde de bonheur. J`étais tellement fier de savoir que j`avais placé haut le nom de mon pays. Je n`en revenais pas, parce qe le compliment avait été fait tout de même par M. Chaban-Delmas, président de l`Assemblée nationale et grand nom de l`histoire politique de France".
Des satisfactions, Sigfried Honga en aura encore dans sa longue carrière d`athlète et de dirigeant sportif. Alorsqu`il est secrétaire général de la Fédération camerounaise d`athlétisme dans la deuxième moitié des années 70, il dirige la délégation de son pays qui n`a que deux athlètes aux championnats d`Afrique à Dakar. Au retour, c`est une moisson de deux médailles inattendues : l`or pour Agnès Tchuenté au lancer de javelot et le bronze pour Emmanuel Bitanga au 200m. Un deux sur deux inoubliable! Tout comme sa décennie passée à la tête de l`Injs de Yaoundé. "J`avais l`impression que l`Injs était ma maison. Dans des conditions difficiles, je me suis battu quotidiennement pour qu`il offre une formation digne d`une grande école de réputation internationale et dont les étudiants devaient être fiers", rappelle t-il. C`est avec une fierté non feinte qu`il observe que bon nombre de dirigeants sportifs de haut niveau actuels sont des produits de l`Injs de cette époque, à l`instar de Raphaël Akgopome, le Togolais qui dirige le Centre international d`athlétisme de Dakar (Ciad) ou du président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou.
Déceptions
La vie d`un sportif est faite de hauts et de bas. Celle de Honga n`échappe pas à cette fatalité. Le tout premier président de la Fédération nationale des sports scolaires (Fenassco), celui qui a élaboré les textes organisant cette association sportive, n`a jamais digéré que "les autres" n`aient pas regardé dans la même direction que lui à propos de cette oeuvre qui lui tenait tellement à coeur. "Je suis moi-même un produit des Jeux Ossuc; je ne serais jamais devenu un athlète de compétition sans ces jeux. Pensez qu`à 15 ans, j`étais déjà internation minimes du suat en hauteur. Je ne comprends pas pourquoi l`on veut tuer le sport scolaire. Ce n`est pas à moi qu`on en voulait, apparemment, puisque je constate amèrement que les choses n`ont guère changé aujourd`hui!" Cette grosse déception ne l`a pour autant pas éloigné du sport. D`ailleurs, s`il fallait se décourager, il l`aurait fait en 1959, lorsqu`il fut frustré de sa troisième place qualificative pour les championnats du Cameroun juniors sur 100m.
On le classa cinquième, alors que lui ne vit que deux concurrents franchir la ligne d`arrivée avant lui... Fonctionnaire à la retraite et chef de famille accompli, Sigfried Honga est aujourd`hui au Comité national olympique du Cameroun "comme un poisson dans l`eau", tel qu`il le décrit lui-même. "Pendant longtemps, le sgens ne savaient pas ce qu`était le comité olympique. Son président, le colonel Kalkaba, a pensé qu`il y a des gens qui ont été formé aux métiers du sport et peuventrendre de grands services à notre comité national olympique qui coordonne l`ensemble des activités liées au sport. Il m`a sollicité, et j`ai accepté le challenge avec joie, parce que cela rentrait dans mes cordes. J`ai été sportif, encadreur, formateur. J`estime que mon expérience dans le milieu peut aider". A voir sa mine réjouie, à bientôt 64 ans, on peut aisément que l`homme est effectivement dans son jardin.
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