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01.07.2005
En direct : La concurrence proteste et s’accommode
E.G.S
Pris de court par l’exclusivité accordée à la Crtv, Canal 2, Stv, Rts continuent néanmoins leur aventure.
Immédiatement après l’annonce de la signature de la convention Fécafoot-Crtv, c’est une véritable levée de boucliers qu’il y a eu dans les rédactions des chaînes de radio et de télévision privées au Cameroun. La quasi totalité des réactions tournaient à la protestation et à la dénonciation de ce monopole de fait donné à la Crtv pour la couverture des matches de football au Cameroun. L’ambiance était d’autant plus lourde que nous étions à une semaine du match des éliminatoires couplées Coupe d’Afrique des nations/Coupe du monde 2006 entre les Lions indomptables et la Libye. «Est-ce que la Crtv, qui reçoit déjà la subvention de l’Etat et la redevance audiovisuelle, devait venir encore faire concurrence avec des chaînes privées sans moyens, au point d’acquérir le monopole pour la couverture des matches de l’équipe nationale de tous les Camerounais?», s’interroge Patrick Eya’a, responsable du sport à Canal 2.
La tension semble avoir baissé depuis, puisqu’aucune chaîne n’a été empêchée de retransmettre ledit match. Il n’en demeure pas moins vrai que le sujet est préoccupant. Pour Bouba Ngomna, co-gérant de Radio Siantou et patron du sport sur cette radio privée, «il s’agit d’un hold-up. Nous sommes la seule radio qui fait l’effort de couvrir en direct tous les matches du championnat de 1ère division.
Parfois, la Fécafoot se met à l’écoute de la Rts pour avoir tous les résultats d’une journée. Comment donc, du jour au lendemain, on peut nous dire que nous n’avons pas le droit de couvrir ces matches parce l’exclusivité a été accordée à un seul opérateur, qui, lui, n’est pas toujours présent sur tous les stades?» La Rts s’est rapprochée de la Fécafoot où le premier vice-président lui a dit que la Crtv a la priorité mais pas l’exclusivité. Une nuance qui ne rassure qu’à moitié les chaînes privées. Celles-ci, jusque là, se débrouillaient comme elles pouvaient pour couvrir le football national. Le pionnier en la matière, Radio Siantou, utilise uniquement la technologie du téléphone portable. Le desk central appelle ses correspondants postés dans divers stades de la République où se jouent les matches du championnat de 1ère division. Une pige de 5000 Fcfa est versée à chaque correspondant par match, à quoi s’ajoutent les frais de transport si le reporter est allé travailler hors de sa ville de résidence. «Nous avons un feed-back positif, et les annonceurs sollicitent davantage cette tranche horaire 15h-18h les jours de championnat, parce qu’ils savent que plusieurs auditeurs sont à l’écoute», confie Bouba Ngomna.
Vu sous cet aspect, les radios et télés privées sont disposées à trouver un accommodement raisonnable avec la Fécafoot et son partenaire la Crtv, pour continuer à couvrir le football national. Tant mieux, parce qu’en réalité, si l’on peut déplorer la formule de gré à gré adoptée par la Fécafoot pour céder ses droits à la Crtv, c’est une évolution qui est inéluctable. Les envoyés spéciaux de Radio Equinoxe en savent un mot, eux qui, pendant la Can 2004 en Tunisie, ont été rappelés à l’ordre par des représentants du régisseur de la Caf qui les avaient surpris en reportage illégal sur téléphone portable à la tribune de presse, parce qu’ils n’avaient pas payé pour leur espace commentateur. Sur ce coup là, pour contourner la difficulté, ils se mêlaient souvent aux spectateurs dans une tribune populaire, pour poursuivre la retransmission, avec un confort approximatif d’écoute pour leurs auditeurs restés au Cameroun…
Le 4 juin dernier à Cotonou, lors du match Bénin-Cameroun sur lequel il y avait déjà une entente tacite entre la Fécafoot et la Crtv, la chaîne privée basée à Douala, Stv, avait dépêché trois envoyés spéciaux, et a réalisé une série de reportages autour de ce match. Le directeur général de Stv, le Sénégalais Mactar Silla, qui sait de quoi il parle pour avoir dirigé TV5 Afrique et travaillé à l’Union des radios et télévisions nationales d’Afrique (Urtna) comme conseiller juridique (1982-1992) et comme président (2001-2002), pense plutôt à l’efficacité d’une synergie entre chaînes privées et publiques en Afrique. «Qu’est-ce qui nous empêcherait de prétendre faire une offre camerounaise publique et privée pour l’obtention des droits des événements majeurs pour l’ensemble du continent? C’est ce que LC2 du Bénin a pu réaliser avec l’acquisition des droits des Can 2004, 2006 et 2008 pour l’Afrique. Stv, la Crtv et tout autre acteur local ne pourraient-ils pas le faire ensemble, vu le dynamisme ambiant et le potentiel latent?», affirme-t-il, en rappelant l’engagement financier important (180 millions de Fcfa de produits de sponsoring) remis à la Crtv lors de la Can 2004 par la société Spectrum, propriétaire de Stv.
Ce qui est évident, c’est que dans le football moderne, les télés et les radios paient pour retransmettre les matches. Tout en tenant compte des réalités camerounaises, c’est une donnée qu’il ne faut plus désormais perdre de vue.
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Hits: 1 | Source:quotidienmutations.info | |
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