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19.11.2004
Et maintenant ?
Emmanuel Gustave Samnick
Le libellé des décisions rendues publiques mercredi soir par le ministre de la Jeunesse et des Sports prête franchement à sourire. Le sélectionneur national Winfried Schäfer a été limogé "pour faute lourde et absence de résultats" et la décision du Minjes de septembre 2002 portant création d`une cellule administrative provisoire des équipes nationales a été rapportée "pour vice de forme". A quelle heure? pourrait-on s`interroger, comme l`homme de la rue.
Depuis son installation au poste d`entraîneur national sélectionneur de l`équipe fanion de football du Cameroun, le 20 septembre 2001, quels résultats positifs a apporté le technicien allemand? Aucun! Car la parenthèse de la Can 2000 au Mali, gagnée trois mois après sa prise de fonctions, n`était que le fruit du beau travail abattu par son prédécesseur Pierre Lechantre, qui fut malheureusement remercié comme un malpropre. Faut-il alors tirer quelque orgueil du statut de finaliste de la Coupe des confédérations 2003 devant l`équipe de France B?
Ce serait gauche, parce que non seulement cette compétition boudée par des grandes nations comme l`Allemagne, le Brésil ou la France, qui soit ont décliné l`invitation soit y ont envoyé des sélections de pacotille, n`est pas une référence sportive; mais encore le Cameroun y a plus pleuré la perte brutale d`un grand homme (Marc Vivien Foé) que joué un football de haut niveau. Le vrai bilan de Winfried Schäfer c`est une piteuse élimination au premier tour de la Coupe du monde 2002, au moment où le monde entier voyait les Lions indomptables dans le carré d`as de l`épreuve, et une non moins calamiteuse élimination en quarts de finale de la dernière Coupe d`Afrique des nations. Le tout, parsemé par la gestion à la petite semaine de l`effectif et des errements tactiques à répétition. Que monsieur le ministre de la Jeunesse et des Sports ne constate donc "l`absence des résultats" de M. Schäfer qu`aujourd`hui est au moins surprenant. M. Etame Massoma pourra avancer qu`il n`est arrivé aux affaires qu`après la Can 2004 et le scandale des maillots une pièce de Puma.
Mais qu`attendait-il donc depuis mars dernier et qu`a-t-il fait des signaux d`alerte que, dans ces colonnes mêmes, nous n`avons cessé de donner? Quel est l`ophtalmologue qui est venu le guérir subitement de la cécité? Où étaient ces conseillers juridiques qui découvrent opportunément le "vice de forme" dans une entourloupe administrative qui existe pourtant depuis le 2 septembre 2002? En fait, si le réveil tardif du Minjes intervenu mercredi soir suscite quelque espoir,celui-ci est bien mince. Si l`on a laissé Winfried Schäfer violer la clause de résidence qui serait contenue dans son contrat pendant trois ans, quel délai accordera-t-on à son successeur, alors que le temps presse et que le Cameroun est mal parti dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2006? Au-delà du changement des hommes et des dénominations du service, qu`est-ce qui va changer dans le fonctionnement jusque là nébuleux de l`équipe nationale? Ce sont les réponses à ces questions là que l`on attend, pour être sûr que l`on est reparti véritablement du bon pied.
La piste étrangère tient à nouveau la corde pour le poste du futur sélectionneur. Il faut espérer que sera fait appel à une forte personnalité, compétente et aux états de service avérés. Que ses adjoints, tout comme les responsables administratifs, ne seront pas des blancs becs qui viennent apprendre le métier et dont certains étaient encore en cours d`intégration à la Fonction publique au moment de leur promotion à ces délicates fonctions. Aujourd`hui, partout au monde, les grands entraîneurs ont été des grands joueurs. L`Allemagne qui a humiliée la pâle équipe de Schäfer l`autre jour à Leipzig est dirigée par Jürgen Klinsmann (champion du monde 1990) qu`assiste Andreas Köpke (entraîneur des gardiens, champion d`Europe 1996). Le Cameroun a aussi ses références, qui se sont fait un nom balle au pied avant de se retrouver sur le banc des techniciens. Aucun texte n`oblige un ministre à nommer un responsable avec un profil précis, mais le bon sens et le souci de bien faire commandent de recruter des collaborateurs qui ont le profil de l`emploi, avant toute proximité avec le patron. De peur de tomber dans un "vice de goût" préjudiciable à toute une nation qui s`est toujours reconnue en son équipe nationale.
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