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08.01.2004
Les Lions et la Can : 1972: Désillusion à Yaoundé.
Alain B. Batongué
Le Cameroun ne se contentera que de la 3e place et de quelques " affaires ".
Les amoureux des mauvaises blagues racontent encore aujourd`hui qu`il vaut mieux éviter de prononcer des noms comme Minga Pepe ou Mbono le sorcier à côté d`anciens footballeurs camerounais comme Jean Pierre Tokoto. Sans faire un pari sur la véracité de tels propos, on est au moins sûr que ces deux footballeurs congolais, piliers de la formation qui prit part (et remporta) la 12e édition de la coupe d`Afrique des Nations (l`unique à ce jour organisée par le Cameroun), sont ceux qui brisèrent les rêves de notre sélection nationale, gonflée à bloc, de remporter cette édition organisée sur les installations encore flambant neuves du stade Ahmadou Ahidjo. Sous la direction du technicien allemand Peter Schnittger, les Lions indomptables cuvée 72 avaient plutôt fière allure et naturellement présentés comme les favoris du tournoi. Les premiers matches allaient d`ailleurs rapidement conforter cette impression. Une victoire logique et sans forcer leur talent devant le Kenya (2-1) sous le regard attendri du président Ahmadou Ahidjo, une autre victoire plus nette (2-0) devant le Togo quelques jours plus tard devant 40 000 spectateurs extasiés.
Tout le monde attend que les Lions ne fassent qu`une bouchée des Congolais qu`ils doivent rencontrer en demi finales. En ce jour tant attendu, le stade Ahmadou Ahidjo a battu un nouveau record d`affluence. Bien plus de 50 000 spectateurs. Ce sera malheureusement la grosse désillusion. Joseph, Tokoto, Nlend Paul et quelques autres sont méconaissables sur le terrain, sans doute crispés par l`enjeu. Ils ont du mal à aligner trois passes d`affilée, et surtout, confondent vitesse et précipitation. Sans complexe, le Congo tente crânement sa chance et, après un but de Minga Pepe en milieu de seconde mi-temps, l`unique de la rencontre, finit par enlever la partie. Malgré un sursaut d`orgueil, le Cameroun n`a pas pu revenir au score et est éliminé de la compétition. Le carton donné en match de classement au Zaïre (5-2), qui leur permet de terminer le tournoi à la troisième place ne sera qu`une maigre consolation. Tout comme le titre de meilleur joueur de cette Can, finalement décerné au stratège camerounais Jean Pierre Tokoto. Les flonflons de la fête, ce sera pour plus tard.
Et même l`admirable musique de Manu Dibango, composée spécialement pour ce tournoi, est considérée comme un véritable gâchis. L`élimination des Lions a été vécue comme une vraie tragédie. Et cela expliquera mieux la rigueur avec laquelle seront traqués tous ceux qui, de près ou de loin, auront créé un environnement finalement peu propice à la concentration. En particulier, il sera découvert un vaste réseau d`enrichissement de certains fonctionnaires camerounais membres du comité d`organisation, et plusieurs seront arrêtés et mis en prison. On ne le sait pas encore, mais au lendemain de cette défaite peu attendue, la sélection nationale va entrer dans un trou noir, au profit des clubs qui survoleront les stades africains.
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