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07.08.2003
Championnats d’athlétisme à Garoua :Le Cameroun, une étoile éteinte
Thierry Ndong
à Garoua
Les jeunes pouces du pays organisateur gardent la tête haute. Malgré les turpitudes récurrentes d’encadrement.
L’athlétisme camerounais brillera - encore - de pleins feux dans les prochaines années. Les 6è championnats juniors d’Afrique d’athlétisme viennent en effet de révéler une brochette de vedettes au sein de l’équipe nationale camerounaise. Le troisième rang au classement général de l’équipe camerounaise est surtout le fait du talent de quelques fortes individualités. En têtes d’affiche : Bertille Delphine Atangana et Emmanuel Ngom Priso. Considérés à juste titre comme les muses de l’équipe nationale juniors, les deux jeunes athlètes ont éclaboussé de tout leur talent la sixième édition des championnats juniors d’Afrique organisés à Garoua. Spécialistes des sprints, ils se sont entre autres imposés aux 100 m, 200m et 4 x 100 m. Ce qui a permis au Cameroun de remporter l’essentiel de ses plus précieux métaux ; et partant de tutoyer les plus grandes nations africaines d’athlétisme.
La moisson aurait pu être plus abondante. Bertille Delphine Atangana aurait par exemple pu faire valoir ses arguments aux 400m. Sa meilleure performance de la saison dans cette épreuve est nettement en dessous du chronomètre réalisé par la championne d’Afrique en titre. Emmanuel Ngom Priso, victime quant à lui d’une légère élongation à la jambe pendant les séries des 200m, aurait pu être déterminant dans les 4x 400m. Qu’à cela ne tienne, d’autres athlètes camerounais ont contribué à renforcer le butin de guerre. Le capitaine de l’équipe nationale, Romain Mvelé, outre sa participation remarquée au 4 x 100m, fait parler la poudre dans le saut en longueur. Au triple saut, Marie Thérèse Bahanag fait également sensation en remportant une médaille d’argent. Le même métal est attribué à Pierre Ngarsou au lancer du marteau.
Claquage
L’intérêt du Cameroun à d’autres disciplines est palpable dans le lancer du disque et la marche. Deux médailles de bronze symbolisent assez cette idylle naissante. Autant l’encadrement technique s’en félicite, autant il relève « l’amélioration des performances de chaque athlète engagé ». Un point positif qui s’apprécie d’autant plus que la pépinière se frotte aux réalités de la compétition de haut niveau. Un observateur averti, soulignant le niveau très élevé de la compétition, juge appréciable les performances de l’équipe camerounaise. A l’en croire, elles sont inespérées au vu des difficultés rencontrées par cette équipe.
Les jeunes athlètes camerounais sélectionnés aux championnats juniors d’Afrique se font en effet du mauvais sang depuis leur arrivée dans le chef-lieu de la province du Nord. Ils ont pris leur quartier général à l’école des faunes de Garoua. Un lieu infesté de moustiques, où les lits n’ont pas le moindre drap. Considéré au départ comme une solution provisoire, les jeunes Camerounais envient leurs camarades athlètes venus des pays étrangers. Ces derniers sont logés dans de somptueux hôtels. Par ailleurs, le Cameroun est le seul pays dont les athlètes ont des problèmes d’équipement. Chacun se débrouille avec sa paire de chaussures ( paire de pointes dans le jargon de l’athlétisme).
Les équipements - à la qualité douteuse - achetés à la va-vite sont insuffisants pour les jeunes dames. Elles sont ainsi astreintes à se les passer à tour de rôle après le déroulement d’une épreuve ou d’un concours. Il est à relever que ces accoutrements sont loin d’être en vert, rouge et jaune. Seul le survêtement de marque Puma, fabriqué pour les équipes nationales de football, permet d’identifier les Camerounais au cours des cérémonies de remise des médailles.
Camerounais démunis
Des commodités déterminantes dans la réalisation de bonnes performances ne sont pas respectées. Concernant par exemple les soins de santé, c’est encore la débrouille. L’équipe n’a pas de médecins ou de kiné. « On s’entraide pour les massages. A la longue, c’est fatigant », explique un athlète. La boîte à pharmacie, non plus, ne peut répondre efficacement aux différentes sollicitations. « Très souvent, c’est la glace qui permet de tenir, en attendant d’aller à l’hôpital », jette-t-on. Cette précarité a meublé tout le stage préparatoire de l’équipe camerounaise. Une situation qui a failli dégénérer à la veille de l’ouverture de la compétition. Ce jour-là, Romain Mvele et ses coéquipiers en avaient marre de boire des eaux polluées de robinet. Ils durent lever le ton pour recevoir un ravitaillement en eau de source propre à la consommation. Un dénouement qui n’a pas levé le voile d’incertitude qui entoure la délicate question des primes. « Nous ne sommes pas fixés sur ce qu’on est en droit d’attendre au terme de la compétition. Nous avons reçu 5 000 F CFA (chacun) au titre du repas froid pendant le voyage sur Garoua. C’est tout. La prime est sujet tabou », confie-t-on.
Approchés pour davantage de détails, les entraîneurs de l‘équipe se montrent peu bavards : « la hiérarchie n’a encore donné aucune information sur le sujet ». Même la visite de courtoisie initiée jeudi par Hamed Kalkaba Malboum aux juniors camerounais n’a pas permis d’en savoir plus. « Je vous engage à poursuivre sur cette lancée et à défendre valablement le pays », aurait dit en substance le président de la Confédération africaine d’athlétisme à ses compatriotes. Une exhortation qui laisse songeur. Doit-on logiquement attendre des résultats d’un pays dont la dernière compétition nationale chez les juniors remonte à 1998 ? Le Cameroun est pourtant informé depuis plus de deux ans de la tenue des ces championnats. A se demander s’il y a vraiment un politique de relève au Cameroun
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Hits: 1 | Source:lemessager.net | |
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