ACTUALITE |
06.08.2008
Regard : Extracommunautaires
L`anecdote avait fait le tour du monde. Au terme de l`édition de la Coupe afro-asiatique de football de 1985 remportée par le Cameroun
Eugène Dipanda
le pays de Roger Milla a eu tout le mal du monde à rentrer en possession du trophée de vainqueur acquis sur le terrain, à cause d`un simple permis de conduire français découvert dans les effets de l`ancien buteur de Montpellier et Bastia. "Milla est un Français", argumentaient alors les Saoudiens, mauvais perdants. Et il aura fallu tout un ballet diplomatique, pour que ces derniers comprennent que le buteur des Lions indomptables avait une double nationalité, et que ceux-ci se résolvent à restituer enfin la coupe au Cameroun.
Le phénomène de la double nationalité des footballeurs africains, ne date donc pas d`hier. Certes, il semble prendre une certaine ampleur ces derniers temps, sans doute à raison du nombre de plus en plus important de sportifs qui vont chercher fortune dans le vieux continent et ailleurs, à travers le complexe phénomène du professionnalisme ; mais, surtout, du fait de tous ces avantages qu`ils tireraient de ce statut, notamment dans le renégociation de leurs contrats, et les privilèges sociaux et financiers qui vont avec. Du coup, il est quasi impossible de nos jours, de voir un seul joueur Africain évoluant en France, pour ne prendre que ce cas précis, sans solliciter la nationalité de ce pays au bout d`un certain nombre d`années d`activités.
Et puis, les législations en vigueur dans certains pays européens, n`accordent pas beaucoup de choix aux joueurs étrangers désireux d`y poursuivre leur carrière. En juillet 2002, par exemple, le championnat d`Italie a décidé de fermer ses frontières aux joueurs et entraîneurs extracommunautaires. Raison évoquée : combattre l`immigration clandestine. Lors d`un récent déplacement à Kuala Lumpur, le président de la Fifa, Joseph Blatter, a par ailleurs renouvelé son souhait de voir, à partir de la saison 2010 - 2011, les équipes aligner au moins six joueurs locaux au cours des compétitions nationales et internationales. La formule baptisée "6+5" viserait, a-t-il soutenu, à "protéger l`identité nationale des clubs", qui, remarque-t-on ces dernières années, ont une coloration de plus en plus étrangère.
Une équipe comme le Racing Club de Lens, par exemple, comptait jusqu`à la fin de la saison dernière, plus de joueurs africains qu`européens. Si la loi Blatter venait à entrer en vigueur, il est donc plus que probable que beaucoup de ces joueurs d`origine africaine brandiront davantage leur nationalité française que celle d`un pays africain, question de mettre toutes les chances de recrutement ou de titularisation de leur côté. Mais le véritable problème, c`est dans le sens inverse qu`il se posera. La double nationalité de la plupart de ces joueurs africains, les internationaux camerounais principalement, n`est pas reconnue dans leur pays. Une situation de camouflage permanent et de confusion continue, que la fédération internationale gagnerait peut-être à clarifier une fois pour toute. Pour ce qui est des pays africains, des accords spéciaux avec les Etats de l`Union européenne, ou même une modification de la Loi fondamentale, ne seraient probablement pas mal venus. Auquel cas, il n`est pas exclu que les "hors-la-loi" évoluant au sein des Lions indomptables, par exemple, ne se fassent prendre au piège un jour…
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Hits: 1 | Source:quotidienmutations.info | |
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