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22.12.2001
Issa HAYATOU : La 23e coupe d’Afrique sera une grande fête sportive .
Malgré ses multiples sollicitations, un programme chargé et une période où le ramadan impose diverses contraintes aux fervents croyants, le président de la Confédération Africaine de Football (CAF), le Camerounais ISSA HAYATOU, a bien voulu nous recevoir mercredi 12 décembre, dans son modeste bureau de Yaoundé.
Entretien mené par Norbert N. OUENDJI .
Sérieux et imposant dans sa gandoura verte, il a évoqué avec Le Messager les questions relatives à la préparation de la 23e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) que le Mali accueille à partir du 19 janvier prochain.
A près d’un mois de l’événement, il était certainement temps d’en parler, non seulement pour faire le point, mais aussi pour en situer les enjeux, aux lendemains du tirage au sort de la coupe du monde prévue en Corée du sud et au Japon en juin 2002. Notre illustre interlocuteur rend compte des aspects financiers et sportifs de cette manifestation, sans oublier son caractère populaire, au regard de la publicité dont elle bénéficie, sous l’impulsion du président malien, Alpha Oumar Konaré.
M. HAYATOU lève aussi un pan de voile sur les questions essentielles qui seront à l’ordre du jour du Congrès de la CAF qui s’ouvre le 16 janvier dans la capitale malienne. Des réformes fondamentales sont annoncées, notamment au niveau du système de qualification à la coupe du monde. La rencontre avec le président de la CAF, par ailleurs vice-président de la FIFA, nous a également donné l’occasion de revenir sur l’ambition affichée par l’Afrique d’organiser la coupe du monde, et de scruter l’horizon. Un horizon qu’il n’est pas aisé de sonder, mais que cet homme de 54 ans, qui souhaite servir le football aussi longtemps que Dieu et les Africains le voudront, regarde avec optimisme.
Cette interview exclusive, où quelques anecdotes sur le Cameroun côtoient les révélations sur le football continental et mondial, est un document à lire à et conserver.
Le Messager: M. Le président, la 23e CAN démarre dans quelques semaines au Mali. Quelles dispositions ont été prises pour assurer son succès sur le plan organisationnel et populaire ?
ISSA HAYATOU : Au moment où je vous parle, je puis dire que chaque partie impliquée dans l’organi-sation de la 23e CAN a assumé pleinement ses responsabilités. Nous avons tenu plusieurs séances de travail au Mali et au siège de la CAF au Caire (Egypte) pour évaluer le chemin parcouru dans les préparatifs. Toutes les difficultés ont été aplanies, notamment le calendrier et le parrainage sportif. Les sites que nous avons visités sont satis-faisants.
La CAF est confiante et sereine, puisque les dispo-sitions ont été prises par le Comité d’Organisation et la fédération malienne de football, en rapport avec nos experts, pour la réussite de cette mani-festation. Il y a lieu de relever l’enthousiasme du gouvernement malien, et surtout l’engagement du président Alpha Oumar Konaré qui a fait de cette CAN, un événement pra-tiquement mondial, puis-qu’on en parle presque dans tous les continents. Je pense que la 23e Coupe d’Afrique des Nations sera une grande fête sportive et populaire.
L.M.: Concrètement, qu’est-ce qui a été fait ? Quel est l’état des lieux dans les villes qui accueilleront l’événement ?
I.H. : Je tiens à vous dire que le Mali a réalisé un exploit, en construisant cinq stades et en rénovant un autre, celui qui jusque-là accueillait les équipes en compétition à Bamako. C’est dire que ce sera la première fois dans l’his-toire de la CAF qu’une CAN se déroulera sur six stades, puisque jusqu’ici, seule l’Afrique du Sud avait pu organiser une CAN sur quatre stades.
En dehors des infras-tructures sportives sur lesquelles nous n’avons rien à redire, il y a la rénovation des hôtels et autres structures d’accueil. Un village de la CAN a été construit, ce qui est bien non seulement pour la jeunesse sportive, mais aussi pour le dévelop-pement du pays. Côté retransmission télévisuelle des rencontres, c’est une chaîne espagnole qui a gagné le marché.
Au total, le Mali a mobilisé environ 100 milliards FCFA pour l’organisation de cette 23e édition de la CAN, dont près de 60 milliards FCFA pour les stades.
L.M.: C’est un lourd investissement…
I.H. : Evidemment. Organiser une CAN n’est pas une mince affaire. C’est pourquoi nous continuons à penser que la co-organisation est bénéfique pour l’Afrique. Héberger 16 équipes, à raison de 40 personnes par délégation pendant 20 à 30 jours, ce n’est pas aisé. Combien de pays du continent ont la possibilité d’avoir les infrastructures sportives et d’accueil adéquates ? Nous ne pouvons pas obliger les pays à opter pour la co-organisation. Le Mali s’était porté candidat tout seul, avec tout ce que cela comporte comme risque. Fort heureusement, et à la grande satisfaction de tous, ce pays est en train de remplir correctement ses obligations. Bien sûr, il y a une explication à cela. Comme je vous l’ai dit, c’est l’engagement personnel du chef de l’Etat malien, car beaucoup, y compris ses ministres, n’y croyaient pas assez. Il a gagné le pari, en mobilisant les fonds et les moyens nécessaires pour l’organisation de cette grande fête du football continental.
Bref, ça coûte cher, c’est un lourd investissement, mais avec la volonté politique, tout est possible. Aussi, cela valait la peine ; c’est utile pour le développement du Mali, qui est un grand pays du football. Aujourd’hui, il compte parmi les pays les mieux lotis en infras-tructures. Il n’est pas étonnant que d’ici peu, il impose sa volonté dans le concert des nations en matière de football. Déjà, au niveau de la FIFA, les équipes junior et cadette lèvent la tête. Elles font partie des six meilleures équipes à ce niveau. Avec les infrastructures que la CAN leur a permis d’acquérir, il n’est pas exclu que ce pays récolte les fruits dans un avenir proche.
L.M.: Quel est l’apport de la CAF dans ce genre d’événement ? Nous voudrions surtout parler du de ce que vous prévoyez pour aider le pays organisateur.
I.H. : Nous versons 28% des droits de télévision et de publicité au pays organisateur pour lui permettre de faire face aux dépenses immédiates (ces droits sont évalués à 12 millions de dollars). Le reste est réparti aux différentes équipes parti-cipantes, entre autres. Par ailleurs, nous avons amendé récemment les règlements de la Can, de façon à ce que les pays organisateurs puissent bénéficier de la totalité des recettes des matches, compte tenu de leurs lourdes charges. Il faut rappeler que c’est le pays organisateur qui assure le transport local et 50 % des frais de transport international. C’est éga-lement lui qui s’occupe de l’hébergement. Je souligne en ce qui concerne ce dernier volet que tout est prêt. A Bamako particu-lièrement, l’hôtel de l’Amitié, qui a une capacité d’accueil de plus de 280 chambres, recevra les formations basées dans la capitale. Nous avons aussi la garantie que les arbitres et les autres invités de la CAF, notamment le président de la FIFA, son président d’honneur, les présidents de toutes les confédérations continen-tales et autres associations telles que l’Association des des comités nationaux olym-piques d’Afrique (Acnoa), le comité international olympique (Cio), les anciens foot-balleurs, etc. seront bien logés.
L.M.: Comment allez-vous réussir le pari de mobiliser les fonds attendus de la publicité lorsqu’on sait que l’agence avec laquelle vous avez l’habitude de travailler est tombée en faillite?
I.H.: C’est vrai, notre partenaire Isl a été déclaré en faillite par les tribunaux suisses. C’est un coup dur pour la Caf, puisque nous avions un contrat de l’ordre de 7 millions de dollars. Nous sommes cependant entrain de faire le nécessaire pour limiter les dégâts. C’est dans ce sens que nous avons créé notre propre agence, Caf Marketing dont le siège est à Zurich. Elle est actuel-lement à pied d’œuvre, mais nous ne pouvons pas savoir ce que ça va donner. Nous ne désespérons pas pour autant.
J’en profite pour vous dire que nous nous proposons de changer le règlement en matière de répartition des retombées de la Can. Nous souhaitons le faire en fonction de l’évolution des équipes dans le tournoi. Car, c’est peut-être injuste qu’après trois matches, un pays éliminé reçoive le même montant que ceux qui vont jusqu’au bout. Avant la Can 2004 qui aura lieu en Tunisie, il y aura un amendement qui fera en sorte que les équipes aient la même quote part au premier tour, et les bonus au fur et à mesure de leur progression dans la compétition. Si mes sou-venirs sont exacts, les équipes qui ont pris part à la 22e Can qui a eu lieu au Ghana et au Nigeria ont reçu chacune 100 millions Fcfa.
L.M.: Au delà des aspects financiers, y a-t-il selon vous d’autres enjeux liés à la 23e Can?
I.H.: Cette Can suscite beaucoup d’intérêt. Les cinq équipes africaines qui vont participer à la coupe du monde 2002 en Corée du Sud et au Japon sont également qualifiées pour jouer la Can. Il s’agit comme vous le savez du Cam
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