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04.12.2003
Les tribulations de jeunes Chinois venus apprendre le football en Uruguay
- Leurs parents ont payé 17.000 dollars pour en faire les Beckham ou Zidane chinois, mais au lieu d`apprendre les secrets du ballon rond, 30 jeunes Chinois ont échoué à Las Piedras, une grosse ville uruguayenne où ils vivotent dans des conditions sanitaires déplorables.
Diego, Mono (singe en espagnol) ou Rubio (blondinet), comme les ont surnommé les habitants qui les ont pris en affection mais ont bien du mal à prononcer leurs noms, ne sont pas des immigrants économiques ni des clandestins.
Ils sont issus de familles de commerçants, d`entrepreneurs, en tout cas de classe moyenne de Pékin, Canton ou Shanghai, qui ont réuni l`argent pour les aider à assouvir leur rêve d`intégrer un jour un club européen.
"Ils ont signé un contrat qui incluait le voyage aller et retour, deux ans d`apprentissage du football, des cours d`espagnol, des vêtements et les soins quotidiens (repas, entretien de leurs affaires)", a expliqué à l`AFP Ian Oliver, dentiste à Las Piedras (30 km de Montevideo). Il a accueilli chez lui "Diego", 18 ans, le seul du groupe, arrivé en mai 2002, à parler un peu l`espagnol.
Diego -- de son vrai nom He Xing Yi, originaire de Pékin -- a fui la propriété de "La Bethania" où lui et ses camarades, dont certains seraient mineurs, disent être parqués depuis des mois comme des bêtes, sans eau, ni électricité.
Mouches, saleté, détritus
Sur place, c`est un spectacle de désolation: vêtements en désordre s`amoncellent sur de rares lits superposés où somnolent certains jeunes, survolés de mouches. Un matelas de couleur sale traîne sur une table portée par des tréteaux, servant de couche de fortune. Les toilettes sont bouchées, le sol est jonché de détritus et l`odeur est repoussante.
Pour Diego et ses amis, la responsable de cette horreur est sa compatriote Lin Hui Yun, une quarantaine d`années, responsable en Uruguay de la société Fan Mei Ya de l`île de Hainan (sud de la Chine) avec laquelle les parents des apprentis footballeurs ont signé leur contrat.
"Elle a confisqué le passeport d`un bon nombre d`entre nous et ne veut pas nous rendre notre argent pour repartir en Chine", a-t-il déclaré à l`AFP.
Selon Diego, il ne touche pratiquement plus le ballon depuis un an qu`il est arrivé du Chili où il a suivi avec succès un premier stage.
Certains de ses compagnons se plaignent d`avoir été frappés par Mme Lin, et exhibent des traces de coups.
Enquête
Deux juges locaux ont indiqué avoir ouvert tout récemment une enquête et des sources policières ont confirmé quatre interventions depuis février, "toutes liées à des disputes entre les jeunes et la «chef» autour de la nourriture". Mais un porte-parole policier a minimisé ces problèmes, soulignant que les coups ont été portés "avec une louche".
Mme Lin, rencontrée par l`AFP, n`a pas voulu s`exprimer. Selon le porte-parole, elle a expliqué à la police avoir fixé des règles, non respectées par certains jeunes.
Quant à leurs conditions de vie dignes d`"esclaves", le porte-parole a indiqué que, selon Mme Lin, elle a cessé de payer le loyer exorbitant de 3.000 dollars après le premier mois parce que les locaux n`étaient pas dans l`état promis.
Ce porte-parole a estimé que la situation a en fait "échappé" à Mme Lin, soulignant que plusieurs jeunes se sont liés amoureusement à des autochtones et racontant avoir vu un bébé aux traits clairement asiatiques.
Toujours est-il que mardi, le conseiller politique de l`ambassade de Chine, Chen Xi, s`est rendu sur place. Intervenant "avec sévérité", il aurait obtenu un nouvel hébergement pour les jeunes et un engagement de Mme Lin à ne pas les maltraiter.
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Hits: 1 | Source:AFP | |
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