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03.10.2003
Voyages. La scène était burlesque, lundi dernier à l´aéroport ...
Emmanuel Gustave Samnick
La scène était burlesque, lundi dernier à l´aéroport international de Yaoundé Nsimalen : en partance pour Abuja au Nigeria, une dizaine de membres de la délégation camerounaise devant se rendre aux 8èmes Jeux africains, ne sont pas montés dans l´avion. Ebahis, hébétés, confus, ils tournaient comme des âmes en peine dans le hall de l´aérogare, le regard de temps en temps tourné vers leurs sacs et valises bourrés. Au quartier, à la maison, au bureau, ils avaient déjà dit au revoir à tout le monde : "Je pars à Abuja, pour les jeux africains!" La désillusion aura été trop grande et trop brutale. C´est à quelques minutes du décollage de l´avion qu´il leur a été signifié qu´ils ne peuvent plus voyager, faute d´argent, faute de places.
Parmi les lésés de la dernière heure, un médecin, qui avait accompagné récemment l´équipe nationale cadets à la coupe du monde cadets en Finlande, et deux handballeuses.
Pendant que des anonymes accompagnateurs s´engouffraient gaillardement dans l´appareil affrété par le gouvernement camerounais, dont on ne décriera jamais assez le goût prononcé pour l´improvisation. Cela fait bien plusieurs jours que, du ministère de la Jeunesse et des Sports, s´élevaient des hurlements de détresse selon lesquels ce département ministériel n´avait pas assez de moyens financiers pour conduire une forte délégation camerounaise à Abuja. On a alors éliminé certaines disciplines, charcuté la taille des équipes, rogné considérablement le budget initial. D´où vient-il donc qu´on en soit encore à offrir un triste spectacle des personnes refoulées avec armes et bagages le jour du départ à l´aéroport international de Yaoundé-Nsimalen ?
Le plus gênant, c´est que l´on fait le même constat à chaque départ pour une grande compétition internationale, et à la prochaine occasion, on se retrouve dans les mêmes tracas. Ce fut déjà le cas il y a quatre ans, à l´occasion du départ pour les Jeux africains de Johannesburg en Afrique du sud. C´est très souvent le cas lors des déplacements de diverses sélections nationales, où des joueurs figurant sur la liste arrêtée par les entraîneurs, sont priés, toujours à l´aéroport, de rentrer dans leurs familles. On peut imaginer la frustration et même l´humiliation des refoulés. Peut-être que cela arrange bien de personnes, qui ne savent évoluer que dans le cafouillage... Le Cameroun est tout de même le seul pays au monde où l´on est incapable d´arrêter une liste définitive des membres d´une délégation appelée à défendre les couleurs nationales dans une compétition dont la date est connue des années à l´avance, jusqu´au bas de la passerelle d´embarquement.
La situation actuelle est d´autant plus inexplicable que les arbitrages budgétaires avaient déjà été faits quelques jours auparavant par les services du Premier ministre à propos de ce voyage au Nigeria, et qu´il n´y avait donc plus la moindre raison d´invoquer les "restrictions budgétaires" à l´aéroport. Dans toutes les organisations au monde, on fait avec ses moyens. A quoi bon promettre monts et merveilles à un essaim de personnes, alors qu´il n´est pas matériellement possible de leur assurer la logistique nécessaire ? Un tel départ confus ne peut logiquement destiner les athlètes camerounais à un rang de seigneur à Abuja. Sauf dans l´esprit simpliste de ceux qui pensent -faussement- qu´une huitième place sur une trentaine de participants est digne du Cameroun et que nous continuerons indéfiniment à gagner en évoluant dans le désordre. Le bilan des jeux d´Abuja ne manquera pas de nous ramener sur terre.
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