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16.11.2008
Pour les cueilleurs, "Coton va gagner 3-0!"
Les cultivateurs de coton de la région de Garoua croient en la victoire du Coton Sport, +leur+ équipe, soutenue par l`entreprise qui achète leur production, et qui accueille Al-Ahly Le Caire, dimanche, pour la finale retour de la Ligue des champions d`Afrique.
"Coton va gagner 3-0!" plastronne Boniface Sobdibé, 28 ans, journalier à Djalingo, petit village à une vingtaine de kilomètre de Garoua, où il récolte "du coton, du maïs, des haricots..." Un score qui offrirait au Coton Sport, la fierté du Nord-Cameroun, sa première coupe d`Afrique, en effaçant la défaite de l`aller (0-2), il y a quinze jours.
"C`est NOTRE équipe, souligne Boniface, avec mes amis, on va aller au match demain". Le stade Roumdé Adjia (35.000 places) sera plein, mais tous les paysans ne pourront pas aller soutenir leurs +Cotonculteurs+ -le surnom des joueurs.
Florence Namidi, âgée de "17 ou 18 ans" ("Je ne connais pas mon âge", dit-elle), voudrait bien aller voir les Verts de Garoua mais n`a pas assez d`argent pour les 2500 francs CFA (4 euros) que coûte une place.
Car la paye des paysans qui récoltent pour la Sodecoton, l`entreprise qui a créé le club en 1986 et le soutient, ne permet que peu d`extras. Un kilo de coton est payé 195 francs CFA, soit 30 centimes d`euros, par la Sodecoton, qui déduit en outre le prix de l`engrais.
Et il en faut du coton pour arriver à un kilo...
Florence travaille en famille, avec son père, Abbo Yogli, et sa soeur, qui n`a pas voulu dire son nom. Les cultivatrices des environs de Garoua semblent plutôt timides, elles préfèrent l`intermédiaire de la traduction en foulfouldé, la langue des Peuls, une des nombreuses ethnies de la région, alors qu`elles comprennent visiblement toutes le français. Les hommes, eux, hésitent un peu mais finissent par s`exprimer en français.
Abbo se voit de loin dans son champ de coton grâce à son chapeau-parasol jaune et rouge, aux couleurs d`un célèbre bouillon cube. Penché sur les plans de coton, il cueille patiemment, prenant avec quatre doigt les petites boules de coton dans la cosse.
"Que Dieu donne la chance à Coton", souhaite Abbo en levant le doigt vers le ciel. Mais ce musulman (chrétiens et musulmans se répartissent à peu près équitablement dans la région) ne pourra pas aller au match. "Je dois travailler", explique-t-il.
En cette période de récolte (octobre, novembre), il ne faut pas perdre trop de temps. La chaleur devenant vite écrasante (plus de 30° dès 08h00), on cueille le coton de 6h du matin à 14h. Sa journée finie, il pourra s`intaller dans sa case en pisé (terre et paille) de Djalingo pour regarder à la télé la grande finale, qui commence à 15h.
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Hits: 1 | Source:AFP | |
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