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29.01.2002
Rois de la forêt.
S´il était un mauvais garnement, on aurait dit qu’il est un récidiviste. Le mot n´étant utilisé que quand un individu commet un même délit deux fois de suite et dans des situations péjoratives. Pour le cas de Patrick Mboma, le mot "récidive" a une autre signification. Après avoir cloué la République démocratique du Congo au pilori lors de la première journée, l´avant centre des Lions indomptables a refait le même coup vendredi dernier. Il a coiffé la Côte d’Ivoire au poteau à cinq minutes de la fin de la rencontre. Un but qui a ouvert tout de suite les portes des quarts de finale aux Lions indomptables et qui a libéré les Camerounais. Oui ce but de Patrick Mboma a vraiment libéré les poulains de Winfried Schäfer et leurs compatriotes. Il est arrivé à point nommé. Au moment même où les champions d´Afrique en titre souffraient. Acculés par les Ivoiriens qui voulaient à tout prix effacer le traumatisme de l´an 2000, les Lions ont résisté.
Malmenés par un Kader Keita remuant et étincelant de talent, les Lions n´ont pas paniqué. Ils se sont ressaisis. Ils ont prouvé aux Eléphants qu’ils restent encore les maîtres de la forêt. Les Ivoiriens attendaient vraiment ce match avec impatience. Les joueurs comme les supporters. Les joueurs d´abord. A la veille de la rencontre, ils multipliaient les déclarations du genre " nous allons remettre les trois buts de 2000" ou encore " notre qualification passe par le Cameroun". Mercredi soir, Lassina Diabaté comme Ibrahima Bakayoko étaient même clairs et formels. "Nous allons battre le Cameroun," claironnaient-ils à la presse camerounaise et à qui voulait l´entendre. Les supporters ensuite. Arrivés en grand nombre à Sikasso, leur pays ne se trouvant qu´à 300 km de là, ils ont quadrillé la ville et investi le stade. Et les Maliens dans tout ça ? Ils vouent une haine viscérale aux Ivoiriens qu´ils jugent de " gens gonflés". Leur sympathie allait donc naturellement aux Camerounais. Ils ne le cachaient pas; Ils le disait à qui voulait l´entendre et l´ont démontré au stade.
Lorsque Gamal El Ghandour, l´arbitre égyptien de la rencontre donne le coup d´envoi du match, on a l´impression que le stade est ivoirien. Après une légère domination camerounaise, les coéquipiers de Guel Tchiressoua, le capitaine des Elephants se réveillent et lancent les assauts à partir du côté de Kader Keita. Bill Tchato et Rigobert Song veillent sur le petit garçon aux cheveux teintés. Ibrahim Bakayoko mis sous l´éteignoir passe inaperçu comme Patrick Mboma d´ailleurs, côté camerounais. Les attaques les plus virulentes ne venant que de Samuel Eto o Fils et de Lauren Etame Mayer. Des changements tactiques opérés par l´entraîneur Lama Bamba ne donnent rien. Pour ce match, il décide de changer son traditionnel 4-3-3 en un 4-4-2, histoire de laisser trop d´espaces à Bakayoko. Ce qui posera certes des problèmes aux Lions lors des vingt premières minutes de la seconde mi temps: Mais le réveil des Ivoiriens ne sera point récompensé. Alioum Boucar reste impérial.
Kalla reste solide et vigilant. La rencontre bascule á dix minutes de la fin lorsque Etame et Njitap, positionnés du côté droit multiplient les offensives. Salomom Olembé émoussé comme lors de la première journée laisse sa place à Daniel Ngom Kome qui viendra changer la physionomie du match en véritable joker. C’est sur un centre du joueur de Numamcia que le Cameroun obtient un corner. Geremi Sorel Njitap se charge de l´affaire et expédie le cuir sur le crane rasé du papa de Kenji ( le nom du nouveau bébé de Mboma) qui règle sur le champ la question ivoirienne. On eut dit qu´ils dormaient. Les supporters camerounais sortent de leur sommeil. Le stade de Sikasso n´est plus ivoirien. Il n´est que camerounais. Les Lions viennent d´obtenir leur ticket pour les quarts de finale. Ce vendredi soir, la nuit tombe sur Skasso et sur le village de la Can. Les supporters ivoiriens, par charters entiers, vident la cité du Kénédougou. Les joueurs, eux, sont reclus dans leurs villas au village de la Can. Dehors, portables á l´oreille, les Lions passent et reçoivent les messages de leurs familles. Le village des joueurs n´appartient qu´aux Lions. Les Togolais et les Congolais, leurs voisins, sont invisibles. la rue est camerounaise. Sikasso ressemble à Yaoundé, un soir de victoire. La bière, la viande, la musique, les femmes...
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Hits: 1 | Source:quotidienmutations.info | |
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