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| ACTUALITE |
07.10.2007
Malaise cardiaque : La saison des traumatismes
En créant une cellule de développement de la médecine sportive, la Fécafoot annonce sa stratégie de lutte.
Emile Zola Ndé Tchoussi
26 juin 2003. Stade de Gerland à Lyon, en France. Il est 18h36 à Yaoundé. Il reste moins de 20mn de jeu dans la demi-finale de la Coupe des confédérations opposant le Cameroun à la Colombie. Le milieu de terrain colombien, Jairo Patino, fait de grands signes en direction de l’arbitre et du banc de touche. Marc-Vivien Foé, 28 ans, vient de tomber en plein centre du terrain. Les yeux révulsés, les mâchoires serrées, le grand milieu de terrain des Lions indomptable gît sur la pelouse d’un stade où il aura, en partie, bâti sa réputation. Il vient d’être frappé par on ne sait quel malaise brutal. Les médecins tardent à réagir. Hector Fabio Cruz, le médecin de l’équipe colombienne, parmi les premiers à être entrés sur le terrain, témoigne : "Il était inconscient mais il respirait; puis il a repris connaissance avant de la perdre à nouveau."
Très vite, tout le monde comprend que le cas de Foé est grave. Les secouristes lui débloquent la mâchoire pour lui éviter d’avaler sa langue. Six bonnes minutes se sont écoulées. Les pompiers interviennent, l’évacuent dans la zone médicale du stade, pratiquent un massage cardiaque. En vain. A 19h30, Alfred Müller, le médecin de la Fifa, confirme officiellement le décès de Marc-Vivien Foé. Stupeur !
Tous les résultats d’autopsie sont formel : "La mort du footballeur camerounais Marc-Vivien Foé est une mort naturelle. Les analyses de toxicologie et d´anatomie-pathologie , réalisées dans un laboratoire de Lausanne par des experts suisses, agréés par le Comité olympique international (Cio), spécialistes de la toxicologie et du dopage, ont montré que le joueur n´était pas sous l´emprise de produits toxicologiques", avait alors expliqué M. Richaud. Le 26 janvier 2004. Miklos Feher, l`attaquant hongrois du Benfica Lisbonne alors âgé de 24 ans, est foudroyé par un arrêt cardiaque en plein match du championnat du Portugal. Un incident similaire est survenu il y a quelques semaines à Beeersheba (Israël) : Chaswe Nsofwa, l’international zambien qui évoluait dans le club local, s’est écroulé lors d’un match d’entraînement.
Statistiques
L’exemple de décès de joueurs en activité, le plus frais dans les mémoires, est survenu il y a quelques jours en Espagne. L’international espagnol du Fc Séville, Antonio Puerta, 22 ans, hospitalisé pendant trois jours après un malaise cardiaque sur le terrain, en est mort. Selon l`hôpital, le défenseur sévillan est décédé des suites d`une "encéphalopathie post anoxique", conséquence "de l`arrêt cardiaque prolongé qui a motivé son admission à l’Hôpital".
La finale de la Cup d’Angleterre, disputée l’an passé entre Chelsea et Arsenal, a connu un moment de vive émotion. A la réception d’un corner tiré par Franck Lampard, John Terry s’est baissé pour reprendre le ballon de la tête. Diaby, qui n’a pas vu venir le capitaine des "Bleus", a voulu reprendre le ballon de volée. Mais son coup de pied est allé droit sur la tête de John Terry, qui a aussitôt perdu connaissance.
Pendant 12mn, et grâce à un défibrillateur (appareil de réanimation) dernier cri du médecin d’Arsenal, l’on a pu empêcher à John Terry d’avaler sa langue.
Le lendemain, à sa sortie d’hôpital, John Terry déclara : "Si le docteur d`arsenal n`était pas à mes côtés pour m`empêcher d`avaler ma langue avec son appareil, je serais sans aucun doute plus sur cette terre ! Je remercie mille fois de tout mon coeur le docteur d`Arsenal."
Ces déclarations ont ramené au goût du jour la nécessité de doter les infrastructures sportives d’équipements de soins ultra modernes. De l’avis de certains spécialistes, si les médecins accourus au chevet de Foé avaient agi rapidement avec un défibrillateur de grande qualité, Foé serait peut-être encore de ce monde…
Toutefois, en France, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 40.000 personnes décèdent chaque année de mort subite, la plupart à leur domicile. "La mort subite est due à une accélération très brutale du coeur, une fibrillation ventriculaire", soulignait, en 2005, le cardiologue Xavier Jouven.
Défibrillateur
Le 26 décembre 2003, la stupeur et la douleur étaient au rendez-vous sur le terrain d’entraînement du Tonnerre de Yaoundé. Incrédulité lorsque, à l’écart des autres joueurs qui participaient à des essais de recrutement pour la saison à venir, seul dans un coin du terrain, Claude Christian Nkeng, 26 ans, s’affaissait, inanimé. Combien de Camerounais anonymes meurent-ils dans des circonstances pareilles ? Faute de statiques fiables, l’on ne saurait avancer un chiffre. Antoine De Padoue Essomba Eyenga, le président du Tonnerre, est assez franc : "L’importance de la médecine sportive pour la suivie des joueurs n’est plus à démontrer. Mais, au Cameroun, 90% des certificats médicaux délivrés par les médecins en début de saison, pour validation des licences, s’obtiennent sans consultation clinique." Et de préciser : "A l’avenir, l’on devrait être plus strict. Chaque équipe, toutes disciplines sportives confondues, devrait avoir un staff médical. Au Tkc, le Dr Abela chapeaute une équipe constituée de kinésithérapeute et d’infirmiers."
De l’avis du Dr Bissou Mahop, le médecin fédéral chargé du développement du sport à la Fécafoot, une stratégie en cinq points est en train d’être mise à jour pour limiter les risques de malaises cardiaques aux footballeurs camerounais.
Cette politique consistera à la signature d’une convention avec un centre hospitalier pour une prise en charge rapide des blessés. L’autre objectif visera à la mobilisation et au recyclage de 60 éléments de la Croix rouge camerounaise, pour des interventions en premiers soins dans les stades.
La nomination, par la Fécafoot, avec le concours du ministère de la Santé, de médecins agréés au niveau départemental, devrait marquer une avancée significative dans la prévention et la sécurisation des athlètes. Au niveau provincial, on devrait créer des cellules médicales et d’équipement des infirmeries des stades, surtout en défibrillateurs semi automatiques qui coûte 2 millions de francs. Enfin, l’on projette, à la Fécafoot, de définir une politique de promotion de lutte contre les pandémies sportives tels que le dopage : le football est un sport d’endurance, qui fatigue, use et parfois tue.
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| Hits: 1 | Source:quotidienmutations.info | |
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