ACTUALITE |
30.08.2005
Patriotisme
Des choses curieuses en rapport avec le match du 4 septembre se passent depuis quelque temps dans notre pays. On observe que le cœur parle parfois plus fort que la raison. Les passions se déchaînent au fil des discussions. Illustration : le week-end dernier, au cours d’une émission interactive consacrée à cet événement, un auditeur d’une chaîne privée émettant à Yaoundé appelle l’animateur en studio pour lui faire part d’un voyage onirique. Il dit avoir rêvé que les Lions ont perdu face aux Eléphants par 2 buts à 1. Dans la seconde qui suit, un autre auditeur entre en contact avec la chaîne et invite son prédécesseur à passer au carrefour Anguissa expliquer son rêve à un groupe de supporters des Lions, laissant transparaître son ras-le-bol et sa rancœur.
On soupçonne bien que l’intéressé n’a pas répondu à cette curieuse invitation. Cela avait tout d’une blague. Mais on peut penser qu’il risquait sa peau au cas où il s’y rendait. De manière générale, il y en a qui ne comprennent pas en fait que des Camerounais puissent être en marge de la dynamique créée autour des Lions indomptables dans la perspective de la rencontre d’Abidjan. Car, en fait, au-delà du rêve, on a souvent à faire à des compatriotes dont le souhait le plus ardent c’est de vivre en direct ou en différé la déculottée de l’équipe nationale.
Ils ont leur raison que la raison n’ignore pas. Des arguments principalement d’ordre politique qu’il faut respecter, même si certains ne les partagent pas. Penser que la République accorde trop d’importance et d’attention aux Lions Indomptables, alors que les secteurs comme l’éducation se meurent, que la pauvreté va grandissant ou que les autres sports sont considérés comme mineurs, n’est pas du tout bête. Imaginer que le succès des Lions Indomptables fera l’objet d’une récupération politique par le régime de Paul Biya, alors que ce dernier est la source des malheurs des Camerounais peut favoriser une telle attitude. Plus grave, l’incidence positive de ces victoires sur le développement des infrastructures sportives est nulle.
Faut-il alors blâmer les uns et leur demander malgré tout de suivre les autres dans leur logique mobilisatrice ? Le chef de l’Etat, qui vient de passer près d’un mois à l’étranger, va-t-il enfin mesurer l’ampleur de l’embarras dans lequel il plonge le peuple ? L’opinion apparemment dominante plaide pour un sursaut de patriotisme, en attendant ...
Par Norbert N. OUENDJI
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Hits: 1 | Source:lemessager.net | |
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