| ACTUALITE |
13.02.2002
Rideau Mission accomplie
Norbert N. Ouendji
Le premier bilan de la Can malienne
On s’y attendait : Après leur brillante qualification pour la finale de la 23e Can face au Mali (3-0), les Lions indomptables avaient fini par convaincre les Camerounais, l’Afrique et le monde, qu’ils tiendraient leurs promesses ; à savoir conserver le titre continental conquis de haute lutte au Nigeria en l’an 2000. Crédités d’un match juteux qui a fait oublier leurs sorties quelconques, mais toujours victorieuses en poule et en quart de finale, Song et ses coéquipiers ont présenté des arguments imparables pour terrasser le Sénégal en finale.
Deux trophées consecutifs
Cette mission a été dignement et courageusement accomplie dimanche dernier à l’issue d’une explication de 120 minutes riches en suspens. Le but refusé de Samuel Eto’o à la 43e minute aurait pourtant épargné la redoutable épreuve des tirs aux buts qui a départagé les deux équipes et permis au Cameroun de mériter, pour la quatrième fois (comme le Ghana et l’Egypte), le trophée de la Can et d’obtenir sa qualification d’office pour la 24e édition prévue en Tunisie début 2004. Le Cameroun devient ainsi le troisième pays à avoir été champion d’Afrique deux fois de suite (2000 et 2002). L’histoire des victoires successives à la Can nous apprend que seul le Ghana avait jusque là réussi ce coup en 1963 et 1965, après l’Egypte qui avait remporté les deux premières éditions à une époque où la Can se jouait encore avec trois équipes seulement.
Coup de chapeau
Nous tirons un coup de chapeau aux encadreurs techniques et à tous les autres artisans de cet exploit, y compris aux quatre joueurs que Schäfer n’a pas utilisé durant le tournoi : Anouldji, Epalle, Kameni et le doyen Songo’o. Nous rendons hommage à Mboma, Song , Njitap, Etame, Womè, Olembé, Suffo, Tchato, Kalla, Eto’o, Foé, Ndo, Dika Dika, Djemba, Ngom Komè, Mettomo et Ndiefi, le seul anglophone de ce groupe soudé. Nous saluons particulièrement le génie de Alioum Boukar qui a inscrit son nom dans la légende comme étant le seul gardien ayant gardé sa cage inviolée sur six matches. En stoppant deux des quatre tirs cadrés des Sénégalais lors des penalties (Diouf a placé le sien dans le décor), il a largement contribué à donner la coupe au pays.
Sa grande classe force admiration et respect. Son talent, noyé dans un championnat turque très peu médiatisé, doit sans doute susciter des envies de la part des grands clubs européens. Les Lions de la Teranga, tout comme les autres “victimes” des Lions indomptables, ne l’oublieront jamais. Les grosses gouttes de larmes qu’ils ont versé sur la pelouse du stade du 26 mars de Bamako avant hier permet d’apprécier le degré du choc subi. Nos frères sénégalais étaient inconsolables, à l’image de El Hadj Diouf, effondré dans les bras de Jacques Songo’o. Dans un élan de fraternité et de convivialité, le portier réserviste du Cameroun a tenu à réconforter ce jeune joueur qui dispute, comme lui, le championnat d’élite en France où il est très en verve au sein de FC Lens.
Emotions fortes
On a été frappé par les émotions fortes qui ont dominé ce tournoi au cours duquel on a noté avec satisfaction l’évolution du niveau du football africain. Il n’y avait pas que des larmes de tristesse. Il y avait forcément les larmes de joie, comme celles versées par Foé, Djemba et les autres. L’attitude des champions d’Afrique renseigne suffisamment sur le trésor que constitue le trophée tant convoité mis en jeu par la Caf. Des mouvements gymniques inédits. Des pas de danses sublimes. Des gestes « fous ». Des courses-poursuites qui s’achèvent parfois au pied des gradins, devant des supporters en extase. Des grimaces de toutes sortes. Il manquait de peu pour que Samuel Eto’o Fils, qui a beaucoup progressé dans son jeu en finale, défie l’artiste Petit Pays. On l’a aperçu en sous-vêtement au milieu d’une foule en délire, peu avant la remise des médailles d’or. C’était sa façon de traduire la joie dans l’effort collectif. Schäfer lui, a sautillé dans tous les sens. Pendant que Bruno Metsu éclatait en sanglots. Le technicien allemand a eu raison de son collègue français… Tout le Cameroun est en fête. Avec les vedettes venus du Mali.
Infrastructures
Pour leur première confrontation en finale d’une Can, Aliou Cissé et autres Ferdinand Coly auraient aimé offrir le même plaisir au peuple sénégalais. Sylva, le très charismatique et sympathique portier des Lions de la Teranga, a énormément œuvré pour que son équipe y parvienne. En vain. Mais, franchement, ç’aurait été injuste s’ils étaient retournés à Dakar avec le précieux trophée, bien qu’ils n’aient pas démérité. Ils auraient gâché la belle aventure de ceux qu’on appelle ici les vrais Lions (indomptables), meilleure équipe africaine du siècle. Les 46 millions F Cfa promis à chaque joueur sénégalais par l’Etat en cas de victoire finale servira sans doute à autre chose. Pourquoi pas à améliorer les infrastructures sportives du pays. Le Sénégal, tout comme le Cameroun, est mal lotis en la matière, contrairement à la Tunisie, l’Afrique du Sud et le Nigeria, trois autres mondialistes dont le parcours dans cette 23e Can s’est arrêté respectivement au premier tour, aux quart des finale et en demi-finale.
Le cas du Cameroun est révoltant, eu égard au progrès de notre football et aux multiples lauriers remportés par les Lions indomptables sur le plan continental et international. Leurs performances contrastent avec la qualité des installations sportives. Les promesses faites par Paul Biya à ce sujet dans son discours à la jeunesse le 10 février 2002 est une bonne nouvelle, même si c’est du déjà entendu.
Ces promesses viennent à la suite de l’engagement récemment pris par la Chine de construire un palais des sports à Yaoundé et celui de la Fécafoot qui a prévu dans son budget d’investissement de cette saison, une enveloppe de 480 millions F Cfa pour l’acquisition d’un site de quatre ou six hectares en vue de l’érection d’un grand centre sportif. Celui-ci comprendra des terrains d’entraînement et de compétitions, des immeubles pour l’hébergement des équipes ou des sportifs, l’infirmerie, la piscine, le parking, la salle de conférence et de presse, etc. L’achat d’un bus d’au moins 50 Places est aussi à l’ordre du jour. La Fécafoot, qui attend 50 millions F Cfa des retombées de la Can, compte sur la Fifaet certains partenaires du nord pour l’aider à réaliser cet objectif.
Exemple malien
Le Mali a infligé un exemple édifiant dans ce domaine, même si on peut trouver des choses à redire sur la qualité des stades qui ont poussé des terres comme des champignons à l’occasion de la Can qu’il vient d’accueillir. Dans l’avenir, les Aigles récolteront les fruits de ces investissements, qui ont bénéficié du coup de pouce de quelques pays européens et africains. Plus de 100 milliards F cfa pour une quatrième place à la Can 2002 et le trophée de fair-play, c’est un bilan encourageant pour cette équipe qui, en trois participations à cette compétition, est restée constante sur ses performances : finaliste en 1972 à Yaoundé, demi-finaliste en 1994 à Tunis et demi-finaliste en 2002 à Bamako. Le Mali donne ainsi la preuve qu’elle peut prétendre disputer une phase finale de la coupe du monde, à la faveur des décisions prises par la Caf et selon lesquelles les cinq premières équipes de la Can seront qualifiées pour cette compétition mondiale à partir de 2006. Reste à relever les défis de l’entretien des six stades construits ou réhabilités pour continuer à donner aux jeunes l’envie de jouer et de gagner. De faire mieux. D’assurer leur régularité à ce rendez vous continental.
Alpha Oumar Konaré peut en tout cas se réjouir d’avoir frappé un grand coup, au moment où il s’apprête à quitter le pouvoir. A 56 ans, il a décidé de ne pas être dans la course pour la présidentielle d’avril prochain. Quelques soient les reproches que le peuple malien peut lui faire sur le plan politique, on retiendra qu’il a assez œuvré aux côtés du Cocan pour assurer la réussite de la 23e Can. Il a su vendre l’image de son pays, grâce à la large médiatisation de cet événement qui a mobilisé plus de 2000 journalistes.
Sportivité et discipline
L’homologue de Paul Biya a également su se montrer humble dans ses tenues traditionnelles décontractées. Konaré a aussi marqué par ses qualités humaines et la sportivité qu’il a voulu cultiver dans l’esprit de ses compatriotes à travers le « diatiguiya », l’hospitalité à la malienne. La visite qu’il a rendue aux Lions indomptables après leur large victoire sur les Aigles le 7 février dernier est un geste d’une très grande portée. Le président malien a voulu non seulement féliciter les « bourreaux » du Mali, mais aussi exprimer sa désolation par rapport à ce qui est arrivé à Thomas Nkono, malmené et menotté par les policiers qui lui reprochaient de s’être retrouvé au terrain avec un « objet », une heure et demi avant le match, en vio
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