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20.10.2003
Augustin Nyongha : Les victoires sont l’arbre qui cache la forêt.
Recueillis par Louisette R. Thobi à Abuja.
Après avoir été repêchée, l’équipe de handball offre au Cameroun sa première médaille d’or...
Je voudrais lever une équivoque : notre non sélection n’était qu’une décision administrative; a l’issue des éliminatoires de notre zone a Kinshassa (République démocratique du Congo), la Confédération africaine de Handball (CAHB) a décide de retenir le Congo et le Cameroun pour les Jeux Africains. Même si je ne comprends toujours pas sur quelle base la sélection des disciplines s’est effectuée au Ministère! A mon humble avis, s’il y avait une seule sélection à conserver pour des raisons dites budgétaires, c’était bien celle de handball féminine… A chaque participation africaine, les filles ont toujours terminé sur le podium. Néanmoins, cela importe peu maintenant : je suis un coach heureux.
Après votre sortie malheureuse face au Congo, personne ne vous voyait en finale, même pas vous-même...
Si mes souvenirs sont exacts, à notre arrivée ici, j’ai dit a mes joueuses que l’Angola présente ici aux Jeux n’était pas supérieur au Cameroun ; après avoir analysé les statistiques sur les dix dernières années, j’ai relevé que nous n’avons jamais rencontré l’Angola à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), et, aux Jeux, nous le rencontrons toujours en demie finale et il nous bat souvent très difficilement, comme c’est le cas dès qu’il rencontre d’autres nations. Après également avoir discuté avec les entraîneurs angolais, j’ai compris que les Angolaises étaient prenables, surtout qu’elles nous redoutaient. L’équipe nationale du Cameroun est très atypique : elle allie une organisation tactique connue de tous et une créativité individuelle. Il faudrait ajouter à cela que les filles ont, mentalement, physiquement, bien préparé la compétition : entraînement biquotidien avec enthousiasme, discipline, volonté et sans frais de taxi ou contrepartie.
Avec toutes les difficultés que vous avez rencontrées, quelle lecture faites-vous de votre victoire ?
Il ne faut pas se leurrer, les victoires engrangées par les équipes nationales du Cameroun, quelle que soit la discipline (à l’exception du football) constituent l’arbre qui cache la foret… En ce moment, le Cameroun a la chance de bénéficier d’encadreurs de qualité, de regorger d’une génération de sportifs talentueux, mais cela ne va pas durer ! Il n’y a aucun effort effectué pour assurer la relève, elle n’existe pas ; c’est un mot tabou dans le vocabulaire de la politique sportive au Cameroun… Il y a encore quelques années, j’ai formé un groupe de jeunes dont la plupart font partie de l’équipe nationale, mais quand cette génération va partir, qu’est ce qui va rester ? Il y aura sans doute une équipe nationale, mais de quelle qualité ? Il est urgent de mener une réflexion pour pérenniser les victoires afin qu’elle ne relève plus du " flotambo ".[loterie, ndlr]
A votre avis, qu’est-ce qui pose problème ?
Le problème ne se pose pas au niveau des formateurs. Son origine est très éloignée : il faudrait déjà s’interroger sur ce qui est initié par le sommet pour le développement du sport. C’est une véritable sclérose qui s’est installée au niveau de la fédération ; il faudrait y ajouter l’égoïsme car personne ne veut jouer son rôle à fond… J’ai passé 15 jours à, Yaoundé avec les filles pour le stage, le président de la fédération ne s’est jamais pointe à l’entraînement pour encourager les filles ; il ne sait même pas comment les filles se rendaient a l’entraînement, où j’habitais ! Mais soucieux de respecter la déontologie, j’ai fait mon devoir et je lui ai soumis un rapport de stage.
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