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10.08.2005
L’énigme Françoise Mbango
Ainsi donc, pour un cas de force majeure – la santé de sa mère –, Françoise Mbango Etonè, la médaillée d’or du triple saut féminin aux Jeux olympiques d’Athènes n’a pas pu se rendre à Helsinki (Finlande) où se déroule le championnat du monde d’athlétisme. La décision de Mbango a de quoi surprendre, car intervenue seulement à la veille du début de la compétition. Contrairement au Marocain Hicham El Gueroudj, l’autre médaillé d’Athènes aux 1.500 m dont on savait depuis un mois au moins qu’il ne sera pas à Helsinki. Comparaison n’est pas raison certes. Mais la seule santé de celle qui lui a donné la vie ne saurait justifier le forfait de celle sur qui reposait lourdement l’espoir des Camerounais de glaner une médaille. Cela n’enlève rien à la valeur des autres athlètes camerounais qui prennent part à ce championnat. Ils ont d’ailleurs tout le soutien de la rédaction du Messager.
Si nous avons l’outrecuidance de dire que la maladie de celle qui a donné le jour à Françoise ne saurait suffire pour justifier son forfait, c’est parce qu’elle a personnellement confié à Cameroon Tribune (édition du 8 août- page 30) que “ grâce au chef de l’Etat, elle (sa mère, ndlr) devrait bénéficier d’une évacuation sanitaire ”. Une faveur dont ne bénéficie que de très rares Camerounais. Même parmi ceux qui font couler toute la sueur de leur corps pour servir honnêtement – il y en a encore – leur pays dans les écoles, les amphithéâtres, les hôpitaux, pour ne citer que ceux-là. Certes la record-woman du triple saut ne dit pas depuis quand la décision présidentielle est prise. Toujours est-il que jusqu’à la veille du départ pour Helsinki, Françoise Mbango Etonè était encore à suivre ce dossier. C’est dire que même une instruction du président de la République ne suffit pas pour faire avancer un dossier. Fût-il d’évacuation sanitaire. La mort récente d’Essindi Mindja, homme de culture et professeur de lycée qui, certes ne bénéficiait point du prestigieux coup de pouce présidentiel en est une autre illustration. On ne peut que souhaiter que le dossier de Mme Etonè aboutisse heureusement avant qu’il ne soit trop tard pour elle.
Le forfait plus ou moins justifié de sa fille ne peut que réactiver les relations souvent heurtées entre Mbango Françoise et l’encadrement administratif et technique de l’athlétisme. Des rapports qui pèseraient aussi sur sa spectaculaire décision. Notre consoeur Louisette Renée Thobi explique dans Mutations de lundi 8 août en page 13 les raisons du forfait de Françoise. “ Des difficultés dues sans doute à la santé fragile de sa mère, à son mauvais état de forme ou encore elle paie le prix de son effronterie de retour d’Athène ”. Et la collaboratrice de Mutations de rappeler qu’auréolée de son titre olympique, la fille d’André Etonè déclarait être entraînée par… sa sœur cadette. Une attitude qui a sans doute milité en sa défaveur auprès d’Ariane Bissik, entraîneur national des sauts qui ne s’est pas occupée d’elle cette année comme en 2003 et aux J.O. de 2004. Conséquence, les performances de Françoise cette année, pour des raisons et d’autres se sont émoussées. 9e à Lausanne en Suisse avec 13,46 m, 10e à Paris avec 13,84 m. Bien moins que les 15,30 m d’Athènes. N’était-ce pas suffisant pour rappeler Françoise à un peu de modestie et à plus de réalisme face à la décote qui la guettait à Helsinki.
On peut se demander si Françoise Mbango qui proclame qu’il n’y a rien de plus prestigieux en sport qu’une médaille olympique ne se dit pas qu’elle a fait ce qu’elle devait faire en remportant une pour elle-même et pour le Cameroun. Aussi, entre la méforme, ses déboires avec ceux qui, au Cameroun, s’occupent du sport et ses problèmes personnels, on se perd en conjectures sur les raisons exactes du forfait de Françoise Mbango qui a surpris par sa soudaineté. Il faut aussi se rendre à l’évidence que les athlètes ont une vie souvent éphémère sur les pistes. Si Françoise ne dit pas la vérité à ses nombreux admirateurs, le temps qui peut être aussi bien un allié déterminant qu’un adversaire impitoyable le fera. Et de manière implacable.
Par Jacques Doo Bell
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