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Abandon : Les dessous du football féminin (22.10.2004)
Priscille G. Moadougou
Malgré le coup d`éclat réalisé lors de la dernière Can , cette discipline prospère dans une misère criarde.
Abandon
Chichement vêtue d`un pantalon et d`un tee-shirt, une casquette vissée sur la tête, chaussée de tennis usées, Bertille Nyangono, joueuse de football, rappelle plutôt une vagabonde. Pourtant, elle est en train d`aller aux entraînements. Son port vestimentaire ne suscite ni envie, ni convoitise. Il ne saurait en être autrement quand, à partir du football, elle est incapable de subvenir de façon décente à ses besoins élémentaires, à plus forte raison, s`offrir un équipement digne de ce nom. A l`image de cette jeune joueuse de football, beaucoup d`autres s`accrochent à cette discipline par amour. Tout simplement. Sans toujours attendre de grandes retombées pécuniaires. La belle prestation des Lionnes, une médaille d`argent lors de la quatrième édition du championnat d`Afrique de football féminin, si on met de côté le cinglant cinq buts à zéro encaissé en finale face au Nigeria, ne doit pas nous faire oublier que cette discipline a d`énormes difficultés dans son fonctionnement au Cameroun.
"Ce sport se porte très mal chez nous. Les autorités de ce pays l`ont abandonné. La preuve, depuis que le championnat de football féminin a démarré dans les provinces, aucun franc n`a été débloqué ni par la Fécafoot ni par les dirigeants du Minjes pour son organisation. Les clubs ne bénéficient d`aucune subvention.", a confié à notre confrère de La Nouvelle Expression, Frédéric Ekambi, responsable administratif de la commission de football féminin de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). "La performance de nos filles en Afrique du Sud est l`arbre qui cache la forêt, car, le football féminin est complètement négligé par nos autorités", poursuit-il. En dehors de l`abandon des autorités administratives, il y a également l`attitude du public.
Sans soutien
Lors des matchs de football féminin, dont tous les clubs évoluent en deuxième division, le 12e acteur, à savoir le public est la plupart du temps absent. Pour ce qui est de Yaoundé, son absence est significative dans les gradins quand les rencontres sont programmées au Stade militaire par exemple. Ceci peut s`expliquer par le fait
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qu`il faut payer l`accès à 300 F Cfa. Mais au Stade Annexe, où l`entrée est gratuite, il y a affluence.
Pourtant, les recettes des stades peuvent éviter à ces joueuses de vivre dans la misère. Mais, la désertion des stades, ces dernières années, n`est pas l`apanage des matchs de football féminin. Même en championnat masculin de première division, les gradins sont désespérement vides. Les sponsors sont rares. Ils sont pratiquement inexistants. Les primes reçues par les joueuses sont insignifiantes: 500 F Cfa par séance d`entraînement et de 500 F CFa à 1500 F Cfa par match.
Le salaire est inexistant. Il y a juste une prime de signature quand on entre dans un club et les plus chanceuses peuvent alors avoir 70.000 F Cfa. Sinon, il faut se contenter d`une modeste somme de 30.000 F Cfa. Dans certains cas, le club peut s`occuper de payer le loyer de la chambre de la joueuse et assurer son alimentation. Pour le reste, chacune se tourne vers les membres de sa famille afin de bénéficier d`une éventuelle aide financière ou matérielle. Le plus difficile est la précarité qui existe dans cette discipline sportive. Ce sport subsistant grâce à la bonne volonté de certaines personnes qui se saignent sans rien attendre en retour, car du jour au lendemain, un club peut fermer et les joueuses se retrouvent dans la rue, sans issue de secours.
En réalité, à dépenser sans engranger des recettes, le responsable du club finit par user ses économies jusqu`à la corde. C`est ce qui est arrivé à Magic Football à Bafoussam.
Certains dirigeants de clubs de football masculin s`intéressent à son aspect féminin. D`autres n`ont pas encore franchi le cap, ce qu`a fait allègrement le Tonnerre Kalara Club (Tkc) et le Canon, les deux clubs de Yaoundé. Au lieu de récupérer les lauriers des Lionnes Indomptables, chaque fois qu`elles feront honneur à la nation toute entière, il est important que les responsables du football camerounais s`occupent de ce grand malade qu`est le football féminin. Ainsi, les joueuses, sur le plan local, seront engagées et le public aura droit à des rencontres de qualité. Mais pour cela, les moyens financiers sont nécessaires ainsi qu`une bonne politique de suivi. Ce n`est qu`à ce prix que le football féminin pourra continuer à faire honneur au Cameroun.
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