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Suivi: Après la Can, le désoeuvrement (22.11.2004)
Bertille M. Bikoun et Débora Ngo Tonye (Stagiaire)
De retour de Jo`burg, les Lionnes indomptables ont été abandonnées à elles-mêmes.
Deux millions cinq cent mille F Cfa : c`est la somme que chacune des joueuses de l`équipe nationale de football féminin a empoché après la participation au 4ème championnat continental qui s`est déroulé du 18 septembre au 2 octobre 2004 à Jo`boug (Afrique du Sud). Une compétition que les Lionnes indomptables ont perdu en finale devant les redoutables Super Falcons du Nigeria (0-4). Cet argent était reparti ainsi qu`il suit : 1,5 million de prime de participation et un million de prime spéciale offerte par le chef de l`Etat après leur qualification pour la finale au détriment des Blacks Queens du Ghana. Une enveloppe qui a été quelque peu revue à la hausse. Lors des Can précédentes, non seulement les joueuses recevaient leurs primes au compte-goutte, mais c`est à peine si le pactole atteignait parfois le million de F Cfa.
Avec l`argent reçu après l`expédition sud-africaine, la plupart des joueuses rencontrées affirment avoir réalisé un certain nombre de projets. "Moi par exemple, j`ai acheté un terrain, j`ai payé la scolarité à mes petits frères et j`ai également acheté une moto qui fait du ben skin à Douala. Avec le reste, j`ai ouvert un compte bancaire", confie Mvié Manga, alias Spaghetti. "Certaines de mes coéquipières se sont offertes des portables de qualité, des voitures. D`autres par contre ont investi dans l`immobilier. En tout cas, chacune a investit à sa manière", renchérit-elle. Toutefois, certaines joueuses jugent insignifiant les primes perçues à l`issue de la Can de football féminin de 2004. Cette somme aurait été consistante, si les trois millions de francs, promis par le ministère de la Condition féminine, avait été débloqués. Une prime d`encouragement que le chef de ce département ministériel, Cathérine Bakang Mbock, avait promis de façon solennelle aux filles de retour d`Afrique du Sud.
Difficultés
A côté de ce manque de moyens financiers, les Lionnes indomptables souffrent également d`un problème de suivi. Au lendemain de la Can, elles sont restées ensemble, attendant d`être reçues par le Minjes, Siegfried David Etame Massoma. Aussitôt après, le groupe s`est disloqué. Les professionnelles sont retournées dans leur club respectif. Antoinette Anounga a réintégré Lindsey Wilson aux Etats-Unis. Lydienne Njolle Ekoh, Marcelline Mete et Bernadette Anong Azang (la capitaine de la sélection nationale), sont reparties au Nigeria où elles offrent respectivement leur service à Bayelsa Queens, Inneeh Queens et Rivers Angels, tous des clubs du championnat d`élite de football féminin nigérian. Pour ce qui est des joueuses locales, le récent Tournoi national a été une occasion des retrouvailles, notamment pour celles dont les clubs y prenaient part. C`est le cas des filles évoluant dans Ngondi Nkam de Yabassi, de Canon sportif et de Tkc de Yaoundé.
Une chance que la vice capitaine de la sélection nationale, Rolande Valerie Belemgoto, et Marlyse Ngo Ndoumbouk de Louves Mincof de Yaoundé n`ont pas eue. Leur équipe n`a pas pris part à cette compétition pour des raisons administratives et financières. N`empêche qu`à leurs heures creuses, elles sont venues encourager leurs coéquipières de la sélection nationale. Les deux filles ont en effet bien accueilli la non affiliation de leur équipe au Tournoi national. Ce qui leur a permis de décrocher par rapport au football pour se consacrer à leur études. Valerie Belemgoto et Marlyse Ngo Ndoumbouk sont élèves à Yaoundé, respectivement au collège Saint André, pour la première et au Collège Johnson,
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pour la seconde. "Je ne me vois pas durer dans le football. Surtout que pour nous les femmes, le sport se pratique jusqu`à un certain âge. Plus tard, je voudrais faire autre chose, me marier, avoir des enfants", déclare en souriant Belemgoto qui ajoute : "C`est pourquoi je veux poursuivre mes études".
Néanmoins, pour chacune des Lionnes indomptables, le football a été un catalyseur. Elles affirment d`ailleurs que la pratique de cette discipline a quelque peu changé leur vie : "Le football nous a permis de nous frayer un chemin dans la société. Même si les conditions dans lesquelles nous évoluons sont très peu satisfaisantes. La témérité dont nous avons jusqu`ici fait preuve porte aujourd`hui ses fruits", explique Manuella Bekombo Epée de Ngon Dikam de Yabassi. "Quand nous marchons dans la rue, il arrive que les gens nous regardent avec admiration, même si d`autres nous traitent de tous les noms. Mais vous savez, quand on est une femme publique, ce n`est pas facile. Nous devons parfois essuyer le mépris de certaines personnes qui nous traitent de garçons manqués. Bref, nous affrontons quelquefois les mauvais regards qui nous laissent désormais indifférentes. Qu`à cela ne tienne, nous sommes fières de ce que nous sommes devenues", ajoute t-elle.
Ambitions
Participer à une Can est le rêve de toutes les joueuses locales. A défaut, elles souhaitent évoluer sous les couleurs des grands clubs africains, comme on en trouve au Nigeria où le championnat de football féminin se décline en trois divisions. C`est pour la plupart un tremplin, ou alors une ouverture vers l`extérieur. D`autres joueuses par contre rêvent tout simplement des grands stades d`Europe et d`Amérique. Chacune, dans son jardin secret, nourrit le rêve d`évoluer auprès de Mia Hamm aux États-Unis ou de Brigit Prinz en Allemagne. Dans ces pays, les femmes n`ont rien à envier aux hommes. "Il n`y a pas d`avenir pour le football féminin au Cameroun. Les primes de matches et de signature d`un contrat sont minables. Pour évoluer, on doit se battre pour trouver une équipe en Europe ou en Amérique. Nous nous battons pour y arriver, c`est dur ici", affirme Manga. Certaines filles ont d`ailleurs réussi à se faire des relations dans certains clubs étrangers. Mais, "le contact seul ne suffit pas ; il faudrait montrer ses preuves à partir d`ici, continuer de travailler avec ardeur, être patiente et le reste viendra", dit l`une d`elle avec détermination. Mais à côté de celles qui veulent partir à tout prix, il y en a qui ne voudraient, pour tout l’or du monde, quitter le Cameroun.
C`est le cas de Séraphine Mbida du Canon de Yaoundé. "Je n`ai aucune envie de partir du pays, car je me sens bien ici", confie t-elle. Avec 15 réalisations, l`attaquante a terminé meilleur buteur du Tournoi national de football féminin, qui s`est achevé jeudi dernier par la victoire de son équipe. Ce qui en rajoute à son bonheur : "Je n`ai pas de problèmes", lance-t-elle. Gardienne de la paix, elle affirme qu`elle pratique le football plus par distraction que comme moyen de survie. En attendant les prochaines compétitions internationales, et une éventuelle sélection, les Lionnes indomptables travaillent dans leurs club. Une consigne de l`entraîneur national, Charles Kamdem, qui prépare en ce moment une probable sortie en fin d`année au Zimbabwe. Et comme les moyens ne suivent pas toujours pour effectuer une bonne préparation, le technicien compte sur le noyau de Jo`burg 2004 pour construire une équipe. Quant aux joueuses, "nous avons gardé le contact", affirme Belemgoto. Malgré "les intrigues", la question récurrente en ce moment est: "A quand le prochain tournoi..."
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