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Françoise Mbango Etoné : La championne fait un saut dans la controverse (26.04.2008)
La médaillée d’or olympique a été réhabilitée par la fédération nationale d’athlétisme après un bras de fer inutile.
Christophe Bobiokono
"A athlète exceptionnelle, mesure exceptionnelle !" Hier, jeudi 24 avril 2008 à Yaoundé, au cours d’une conférence de presse qu’il donnait en prélude aux Championnats africains d’athlétisme qui se déroulent dès la semaine prochaine en Ethiopie, Ange Sama, le président de la Fédération camerounaise d’athlétisme (Fca) s’est voulu clair. La veille, il avait signé une décision levant la suspension à durée indéterminée infligée à Françoise Mbango, la médaillée d’or olympique du triple saut, depuis le retour des Jeux africains tenus en juillet 2007 en Algérie, au cours desquels la championne avait brillé par son absence dans le sautoir après avoir bénéficié des modalités pratiques nécessaires à sa participation. Depuis deux semaines, la gestion de cette suspension avait pris les allures d’une affaire d’Etat, au point de provoquer l’implication personnelle du ministre chargé des Sports. D’autant qu’entre l’athlète et la fédération ou plutôt son président, régnait un langage de sourd. La première exprimait sa volonté de prendre part aux prochains Jeux olympiques sous la bannière du Cameroun pendant qu’on lui exigeait de se soumettre à la discipline de la fédération. Un semblant d’harmonie a finalement été trouvé mercredi dernier, après que de nombreux coups aient volé bien bas entre les protagonistes.
Bien qu’elle soit moins médiatisée que Roger Milla ou Samuel Eto’o Fils, qui sont parmi les meilleurs sportifs que le Cameroun ait produit dans la discipline du football (le sport roi au Cameroun), Françoise Mbango Etone est en effet une athlète exceptionnelle. Née le 14 avril 1976 à Yaoundé, elle est l’unique athlète camerounais à avoir remporté une médaille olympique. Et l’un des rares sportifs du pays à avoir décroché un métal aux Jeux olympiques, avec Joseph Bessala et Martin Ndongo Ebanga (chez les boxeurs) et l’équipe olympique de football (Eto’o Fils et compagnie en 2000). Avant d’établir son record d’Afrique le 23 août 2004 à Athènes avec un triple bond de 15,30m qui lui permit justement de décrocher la fameuse médaille d’or olympique, Françoise Mbango s’était déjà adjugée, à deux reprises, en 2001 à Edmonton et en 2003 à Paris, la médaille d’argent aux mondiaux d’athlétisme. Elle est aussi double vice-championne des Jeux du Commonwealth (1998 à Kuala Lumpur et 2002 à Manchester). Il n’est pas utile de souligner qu’elle a été championne d’Afrique et du Cameroun. Un sacré palmarès !
Maternité
Au lendemain de sa victoire à Athènes, la championne confiait à Mutations (30 août 2004) qu’elle avait réalisé son rêve. Elle précisait qu’il ne lui restait plus, pour seul objectif, que de "battre le record du monde". Est-ce que cela justifie
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qu’elle soit restée loin de toutes les compétitions depuis cette période ? Ce qui est sûr, c’est que Françoise Mbango a fréquenté les maternités entre-temps au point de s’offrir un enfant en 2006. Elle aura également passé quelques mois dans une université américaine pour préparer sa reconversion grâce à une bourse reçue de Aes Sonel en récompense de sa médaille d’or. Plusieurs fois annoncé, son retour dans les sautoirs a toujours été ajourné sans qu’aucune explication ne soit donnée. C’est pour s’être justement dérobée des Jeux d’Alger qu’elle a soulevé le courroux de la Fédération camerounaise d’athlétisme, bien qu’il ne soit pas exclu que des différends extra sportifs aient servi de carburant à la brouille entre l’athlète et les dirigeants fédéraux.
En réalité, la championne olympique n’a pas toujours entretenu des rapports cordiaux avec les autorités sportives de son pays. Surtout qu’elle prend suffisamment au sérieux son étiquette de porte-flambeau national de l’athlétisme. Déjà, à la veille des Jeux olympiques d’Athènes, elle s’était fendue d’une sortie au vitriol pour vilipender l’amateurisme qui règne dans la gestion du sport : "Le problème de l’encadrement des sportifs, disait-elle à Mutations, n’est pas né avec Françoise Mbango. C’est un vieux problème. Moi, si j’ai insisté pour parler, poursuivait la championne, c’est parce que j’étais persuadée que ma voix peut porter. Et je le faisais pour l’ensemble des athlètes camerounais qualifiés pour Athènes. Je savais ce que les sportifs camerounais peuvent faire s’ils ont le minimum exigible dans une compétition de haut niveau. Malheureusement, beaucoup de gens ne savaient pas que nous étions capables de faire quelque chose aux JO".
Au lendemain de sa victoire à Athènes, Françoise Mbango aura droit à la reconnaissance de toute la nation. Elle est même reçue par le chef de l’Etat, qui lui attribue, au passage, une prime olympique de 80 millions Fcfa inscrite au budget de l’Etat. Cet argent qui devrait être mis à disposition en quatre décaissements de 20 millions étalés en 4 ans pour permettre à l’athlète de se préparer pour les JO de Beijing, constitue aujourd’hui l’une des pommes de discorde entre la championne et les autorités publiques. Ces jeux démarrent en août prochain. Pourtant, la moitié seulement de la prime serait parvenue à destination à ce jour, sans que personne ne sache le sort réservé au reste. Françoise Mbango, qui ne s’est pas frottée à la compétition depuis 2004, est pourtant décidée d’y aller. Il y a deux semaines, elle avait réalisé une performance de 14,5m au Stade omnisport de Yaoundé, avant d’être interrompue. Preuve qu’elle n’a pas tout perdue de son talent. Prépare-t-elle un coup semblable à celui d’un certain Roger Milla en coupe du monde ? Début de réponse aux championnats africains d’Ethiopie la semaine prochaine.
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