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La FIFA contre le racisme : dix années d’action(FIFA.com) (03.03.2011)
Dans le monde entier, on parle du football comme du "beau jeu" et ce titre est loin d’être usurpé. Toutefois, même les plus belles choses ont leur côté sombre. Le football n’échappe pas à la règle et dans son cas, il s’agit du racisme.
Si ce problème reste des plus sérieux, celui-ci ne cesse de perdre du terrain, en grande partie grâce à la Résolution de Buenos Aires, ratifiée lors du Congrès extraordinaire de la FIFA le 7 juillet 2001, à l’issue d’un gigantesque rassemblement. Pour célébrer le dixième anniversaire de cet événement, FIFA.com va publier une série d`interviews sur le racisme et la discrimination dans le football, réalisées auprès d’une série de personnages éminents.
Le premier d’entre eux se nomme Anthony Baffoe. Né en Allemagne d’un père diplomate, l’ancien défenseur du FC Metz est on ne peut mieux placé pour s’exprimer sur la question, lui qui a porté le maillot du Ghana et de plusieurs clubs européens, asiatiques et sud-américains. Il est également l’une des nombreuses célébrités à avoir aidé la FIFA dans son combat sans relâche contre le racisme, depuis la ratification de la Résolution de Buenos Aires.
Bien entendu, la FIFA n’a pas attendu Buenos Aires pour soutenir cette cause. "La FIFA a toujours pris fermement position dans la lutte contre le racisme, excluant l’Afrique du Sud en 1961, pendant l’apartheid, pour l’accueillir à nouveau en 1991, à la libération de Nelson Mandela", explique Tokyo Sexwale, Haut-Commissaire de la campagne de la FIFA Say No to Racism (Dites non au racisme).
Dans un contexte de mondialisation du football propice à l’augmentation des comportements racistes, la FIFA a décidé d’intensifier ses efforts, ratifiant en 2001 la Résolution de Buenos Aires. Voici certaines des actions les plus significatives entreprises depuis cette date :
2002 : la FIFA lance la Journée mondiale contre la discrimination et le racisme
"Le racisme est un fléau que nous devons éradiquer de manière déterminée et résolue", affirme le président de la FIFA Joseph S. Blatter. "Le football possède un pouvoir fédérateur qui peut et doit être utilisé pour combattre toutes les formes de discrimination."
2002 : les stars s’engagent aux côtés de la FIFA
La FIFA reçoit l’appui de nombreuses personnalités du football dans sa lutte contre le racisme, notamment Sir Bobby Charlton, Thierry Henry, Mia Hamm, Pelé, Michel Platini et Lilian Thuram.
2004 : l’approbation du Code d’Éthique
Le Comité Exécutif de la FIFA approuve le Code d’Éthique incluant un article selon lequel "les officiels, les joueurs et les agents de joueurs ne doivent en aucun cas agir de manière discriminatoire, notamment au regard de l’origine ethnique, de la race, de la culture, de la politique, de la langue, de la religion ou du sexe."
2006 : révision de l’article 55 du Code Disciplinaire de la FIFA
Sur proposition du Président Blatter, le Comité Exécutif de la FIFA approuve la révision de l’article 55 du Code Disciplinaire de la FIFA, renforçant la sévérité des sanctions appliquées contre les actes de racisme ou de discrimination dans le football.
2006 : campagne "Say no to Racism"
La FIFA lance sa campagne Say no to Racism (Dites non au racisme) en avril 2006. Quelques mois plus tard, à la Coupe du Monde de la FIFA, de grandes bannières Say no to Racism sont déployées avant le début des rencontres. Parallèlement, de courts spots TV contre le racisme sont proposés gratuitement à tous les diffuseurs de la compétition.
2007 : les "90 minutes pour Mandela"
La FIFA organise les "90 minutes pour Mandela", un match disputé entre une sélection africaine et une sélection du reste du monde, pour soutenir le combat contre le racisme. Plus de 35 000 fans et des millions de téléspectateurs dans plus de 150 pays assistent aux actions de Ruud Gullit, George Weah, Emilio Butragueño ou encore Samuel Eto’o.
2010 : Journées de la FIFA contre la Discrimination à Afrique du Sud 2010
Les capitaines des équipes participant aux quarts de finale d’Afrique du Sud 2010, disputés le 30 juin et le 1er juillet lors des Journées de la FIFA contre la Discrimination, lisent une charte contre le racisme avant les rencontres. "Le football est plus fort que les gouvernements pour faire tomber les barrières raciales", clame Nelson Mandela. "Le football se moque de toutes les formes de discrimination."
Baffoe : "Le monde a grandi"(African Football Media)
International ghanéen né en Allemagne, Anthony Baffoe a fait partie d`une génération qui a grandement contribué à changer la manière dont les joueurs noirs sont aujourd`hui perçus en Bundesliga. Il parle à la FIFA de son expérience du racisme, de la première Coupe du Monde de la FIFA organisée par l`Afrique et de la lutte incessante contre la discrimination.
Pour vous c`est quoi, la discrimination ?
La discrimination est liée à l`ignorance et à l`intolérance. J`ai grandi en Allemagne. Quand j`étais petit, j`ai fait l`expérience physique de la discrimination. Aujourd`hui, en 2011, les choses ont changé, en mieux. Cela dit, on est encore très loin du jour où l`on pourra affirmer qu`il n`y a qu`une seule race, la race humaine. Le monde évolue petit à petit. Quand nous serons tous égaux, alors on pourra commencer à parler d`une nature humaine.
Pouvez-vous expliquer comment ces problèmes de discrimination, dont vous avez fait l`expérience très tôt, vous ont affecté ?
Je suis né en 1965. Dans les années 1970, 1980 et même encore en 1990, si vous aviez l`air un peu différent, les gens vous dévisageaient. Aujourd`hui, si votre couleur de peau ou votre apparence est
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différente, les gens font moins attention. Je pense que le monde a un peu grandi à ce sujet. Je me souviens que beaucoup de gens nous regardaient de haut et nous appelaient "Kunta Kinte" ou "Shaka Zulu", d`après la série Roots, qui passait à l`époque. Personnellement, je me défendais toujours par les mots. Je parle plusieurs langues, dont l`allemand. Je n`avais pas besoin d`autre chose pour me défendre.
Quand vous êtes devenu joueur de football, cette discrimination vous a-t-elle donné la détermination de prouver aux gens qu`ils se trompaient ?
"Prouver" est le mot qui convient. Le fait d`être bon en sport m`a aidé à faire tomber des barrières. Mais cela reste très relatif. Vous savez, quand vous jouez dans le club d`un petit village comme Bad Godesberg, où j`ai grandi, les gens lancent des cris de singe et vous jettent des bananes en plein match. Il n`y avait pas beaucoup de joueurs noirs, par conséquent c`était très dur pour nous. Mais nous avons survécu.
Y avait-il d`autres joueurs noirs à l`époque en Bundesliga et cela a-t-il contribué à faire évoluer la situation ?
Oui, l`un des premiers a été Ibrahim Sunday, dans les années 1970. Ensuite, dans les années 1980, il y a eu Julio Baylon, puis Tony Yeboah. En ce qui me concerne, j`ai dû être l`un des premiers joueurs noirs vraiment reconnus. En 1991, si je me souviens bien, Tony Yeboah, Souleymane Sane et moi-même avons écrit une lettre ouverte concernant le racisme au quotidien Bild Zeitung. Ça a créé un déclic. On a commencé à voir des drapeaux pour nous soutenir, les supporters s`exprimaient ouvertement contre le racisme et les choses ont bougé.
Est-ce la meilleure chose à faire : se défendre contre la discrimination ?
Oui, sans aucun doute. Je le répète, il était très important pour moi de pouvoir parler plusieurs langues car je pouvais les utiliser pour une bonne cause, même si on me considérait comme un rebelle. J`étais très fier de mes origines et de ma couleur et je n`avais pas peur de le dire et de le montrer autour de moi. Quand Samuel Eto`o a été victime d`insultes racistes pendant un match en Espagne et qu`il a voulu quitter le terrain, il a envoyé un message très fort au monde entier. D`ailleurs, je pense qu`après ce qui s`est passé, il aurait dû recevoir plus de soutien et de solidarité.
Justement, quel est le rôle du football dans la lutte contre la discrimination et les autres phénomènes de ce type ?
La FIFA est allée dans la bonne direction en créant les Journées de la FIFA contre la Discrimination et en se servant des Coupes du Monde pour promouvoir cette lutte. Tout cela est positif, tout comme le nombre de joueurs qui font office d`ambassadeurs. Il y a également pas mal d`autres groupes comme FARE (football contre le racisme en Europe), Kick-Out Racism (le racisme, non merci) ou encore FIFPro, l`organisation professionnelle des footballeurs. Il y a également des joueurs très connus, des Noirs mais aussi pas mal de Blancs, qui se battent contre le racisme. Je pense que c`est un signe très positif. Cela dit, il n`y a pas assez d`entraîneurs noirs. C`est pourquoi nous devons continuer à œuvrer pour le changement.
Vous avez joué dans le monde entier, dans des endroits très différents. Est-ce quelque chose d`important quand on est victime de discriminations ?
Je vais revenir à la barrière de la langue. Beaucoup de joueurs noirs, quand ils arrivent à l`étranger, ne parlent pas la langue du pays où ils débarquent. J`ai pu le constater en Allemagne, où ils ne comprennent pas ce que les gens disent sur eux ou les blagues offensantes dont ils font l`objet. Faire des plaisanteries sur les origines de quelqu`un ou sur la couleur de sa peau est inacceptable. C`est exactement contre cela que je me battais, parce que je comprenais ce que les gens disaient et que je pouvais répondre. Je pense qu`il est important pour les joueurs noirs de se rebeller, sans attendre que les Blancs règlent ces problèmes à leur place. Car au delà du racisme et du clivage entre Noirs et Blancs, il y a aussi tous les problèmes ethniques, comme au Ghana. Toutes ces choses-là doivent cesser. À ce propos, le fait que le monde devienne une sorte de village planétaire est une bonne chose.
L`année 2010 a été celle de l`Afrique d`un point de vue footballistique. Grâce à la Coupe du Monde de la FIFA, le monde entier avait les yeux rivés sur le continent africain en général et l`Afrique du Sud en particulier. Cela a-t-il contribué à faire évoluer la perception de l`Afrique dans les mentalités à travers le monde ?
Quand l`Afrique a obtenu l`organisation de la Coupe du Monde, beaucoup de gens ont exprimé un scepticisme qui a été renforcé par l`attaque de la délégation togolaise (avant la Coupe d`Afrique des Nations de la CAF, Angola 2010). On a commencé à dire qu`il serait impossible d`organiser une Coupe du Monde en Afrique du Sud, sans penser un instant que les deux pays n`ont même pas de frontière commune. Il y a bien eu des attaques à la bombe ailleurs, en Espagne et à Londres par exemple. Pour autant, on n`a pas délocalisé les Jeux Olympiques d`Athènes. En Afrique du Sud, nous avons montré au reste du monde que nous étions capables d`organiser ce genre d`événements. Le slogan d`Afrique du Sud 2010 était Ke Nako, qui signifie "l`heure est venue." C`est exactement ce qui s`est passé. L`heure était venue et tout s`est parfaitement bien déroulé. Je remercie Dieu de nous avoir aidés à donner tort aux sceptiques.
http://fr.fifa.com/aboutfifa/worldwideprograms/news/newsid=1386655.html
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