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Philippe Mbarga Mboa : Ministre camerounais des Sports et de l’Éducation physique (17.02.2005)
PROPOS RECUEILLIS PAR ALEX SIEWE
Ministre camerounais des Sports et de l’Éducation physique
Jeune Afrique/l`intelligent : Avez-vous fixé une feuille de route à Artur Jorge, le nouvel entraîneur des Lions indomptables ?
Philippe Mbarga Mboa : Dans l`immédiat, il s`agit de qualifier l`équipe pour la Coupe du monde. Le Cameroun est à 5 points de la Côte d`Ivoire, il reste quatre matchs et tout est encore possible. La suite de la vie d`Artur Jorge avec le Cameroun en dépend, et c`est clairement écrit dans son contrat. S`il qualifie l`équipe, il est évident qu`il la conduira à la Coupe du monde. Sinon, j`aviserai. Pour la Coupe d`Afrique des nations, où il y a plus de places, c`est presque déjà fait et, si nous n`y sommes pas, autant arrêter le foot.
J.A.I. : Pourquoi le choix du Portugais Artur Jorge et quel est le rôle de Yannick Noah dans l`encadrement de la sélection nationale ?
P.M.M. : Ma première condition était que le technicien choisi puisse entraîner n`importe quelle équipe au monde. Nos joueurs évoluent dans les meilleurs clubs, et il nous fallait un coach de très haut niveau à l`autorité reconnue. Artur Jorge a ces atouts et il en voulait, car il souhaite revenir au premier plan. C`est autant un challenge pour lui que pour nous. Notre équipe ne sera plus entraînée par des francs-tireurs qui se servent du Cameroun pour bâtir leur carrière et ne nous apportent rien. Yannick Noah, lui, s`occupe de ce que j`appelle le réarmement moral de l`équipe ; il sait le faire, il l`a déjà prouvé.
J.A.I. : Cette fois, le sélectionneur aura-t-il les coudées franches ?
P.M.M. : Artur Jorge sera l`unique responsable, lui seul choisira les joueurs. Il n`est pas question que quelqu`un d`autre s`en mêle, c`est une époque révolue. Je l`ai dit clairement à la fédération et j`y veillerai. Si j`interviens, je ne pourrai plus lui demander des résultats, et il sait ce que j`attends de lui.
J.A.I. : M`Bami du Paris-Saint-Germain, Etamé d`Arsenal, voire Eto`o de Barcelone ont annoncé leur départ, qu`en est-il ?
P.M.M. : J`ai discuté avec Modeste M`Bami et je n`ai pas eu l`impression qu`il tourne le dos à l`équipe nationale. Artur Jorge a rencontré Etamé Mayer qui nous a donné les conditions techniques de son retour ; il n`y a pas eu de fin de non-recevoir. Il n`y a aucun problème avec Eto`o. Le climat dans l`équipe est bon
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et, pour moi, ils reviendront tous, à nous d`en créer les conditions.
J.A.I. : Va-t-on assister à la fin de ces scènes surréalistes de primes de matchs payées en espèces aux joueurs dans les vestiaires ?¨
P.M.M. : Ces scènes m`ont agacé et fait honte. Arrêtons de prendre nos sportifs pour des idiots, on devrait les respecter un peu plus : on ne rejoint pas l`équipe nationale pour gagner de l`argent, ils le savent. C`est une vitrine pour mieux négocier des contrats. Pour les primes, je leur tiendrai le langage de la vérité. Tout ce qu`ils génèrent ne leur sera pas reversé, car il faut bien développer le sport, et l`exemple de George Weah devrait en inspirer plus d`un. Mais ils sauront toujours avant ce à quoi ils ont droit et cela se passera avec respect et dans la dignité.
J.A.I. : Le Cameroun accuse un énorme retard en matière d`infrastructures, que prévoyez-vous ?
P.M.M. : Notre football est profondément malade, mais la priorité pour moi, c`est la formation des encadreurs. Tout le monde peut du jour ou lendemain devenir entraîneur. Le football est devenu scientifique ; l`instinct et le don ne suffisent plus. Il y a au Cameroun un retard énorme en matière d`infrastructures. La pelouse du Stade Omnisports de Yaoundé est impraticable, mais je vous garantis qu`avant le prochain match contre le Soudan, le 25 mars, les vestiaires et l`aire de jeu seront refaits grâce à un sponsor privé.
J.A.I. : Quel est l`état de vos relations avec la Fecafoot, la Fifa ; vos champs d`intervention respectifs sont-ils plus clairs ?
P.M.M. : Je ne veux pas gérer la fédération, nous travaillons en harmonie. Je pense néanmoins qu`il serait bon de redéfinir les relations entre nos États et la Fifa dans l`intérêt du football africain. Ce n`est pas le règlement de la Fifa qui fait problème, mais sa mise en oeuvre. La Fifa a une lecture irréaliste du rôle de nos États vis-à-vis des fédérations locales. Sait-elle que tous les stades appartiennent à l`État, que les dépenses de l`équipe nationale incombent à l`État ? En compétition internationale, c`est l`État qui finance aussi les clubs. Dans ces conditions, je comprends mal que l`État n`ait pas son mot à dire. La Fifa n`entretient pas de contacts, même pas de correspondances avec nous ; elle se tient loin et nous considère comme de simples mendiants qui veulent prendre l`argent des fédérations, c`est un tort.
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