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Coupe du monde : Après l’Allemagne, l’Australie ? (06.07.2006)
L’Afrique du Sud pourrait perdre l’organisation du Mondial 2010. Les préparatifs n’ont pas beaucoup avancé sur le terrain. La Fifa travaillerait déjà à un plan B.
Ce dimanche 09 juillet, lorsque l’ultime coup de sifflet de la finale opposant l’Italie à la France, retentira au cœur de l’Olympia stadion de Berlin pour mettre un terme à la deuxième Coupe du monde organisée par l’Allemagne, les regards du monde du football se tourneront aussitôt vers la 19e édition prévue en 2010. L’organisation de celle-ci avait été confiée en mai 2004 à l’Afrique du Sud. Dans quatre ans donc, le continent africain devrait, pour la première fois, accueillir la plus grande fête sportive du monde. On connaît même déjà les sites qui vont abriter l’événement en Afrique du Sud. Au total, la compétition se disputera sur dix stades et neuf villes hôtes, choisis le 17 mars dernier. Mais, au moment où les lampions vont s’éteindre en Allemagne, l’incertitude commence à planer sur le Mondial africain. Selon une rumeur de plus en plus persistante, l’Afrique du sud pourrait perdre l’organisation de la Coupe du monde 2010.
A en croire le journal sud-africain Sunday, qui a relayé cette rumeur le week-end dernier, la Fifa, impressionnée par la belle réussite de l’organisation allemande, travaillerait déjà à un plan B pour palier à un éventuel échec de l’Afrique du sud. La fédération internationale aurait ainsi déjà noué des contacts avec les dirigeants australiens dans le but de transférer le Mondial 2010 en Australie, le cas échéant. La Fifa serait très inquiète par le taux de criminalité en augmentation au pays de Thabo Mbeki. Avec près de 21 000 meurtres annuels, l’Afrique du sud détient plus que jamais le taux de criminalité le plus élevé au monde ; ce qui n’est pas pour rassurer les millions d’amoureux du ballon rond qui devraient affluer de par le monde pour aller soutenir leurs sélections nationales. Tout aussi inquiétante, l’avancée de la pandémie du sida qui toucherait aujourd’hui 20 % de la population sud-africaine. Et puis, le système de transport en commun sud-africain, laisse toujours à désirer.
Démentis
Invité par la presse à réagir à ces rumeurs, Danny Jordan, le président du comité d’organisation de South Africa 2010 s’est gardé de tout commentaire, se contentant de demander : “ Qu’est-ce qui a changé depuis que l’on nous a attribué l’organisation de la Coupe du monde 2010 ? ” Les affirmations du Sunday ont cependant provoqué une très vive réaction du parti au pouvoir en Afrique du sud, l’Anc. Selon Smuts Ngonyama, le porte parole de l’Anc, “ Cet article paru à la une sur la base de rumeurs glanées dans les couloirs du milieu du football international, est une tentative claire de promouvoir des idées politiques particulières au dépens du reportage véridique. C’est un exemple de la pire expression du journalisme à motivation politique ”. La Fifa a quant à elle démenti ces rumeurs lundi, assurant par la voix du directeur de sa représentation sud-africaine, être “ engagée à 100 % pour faire de la Coupe du monde un succès en Afrique du Sud ”.
Déjà coiffée au poteau en 2000 par l’Allemagne, l’Afrique du sud avait été choisie en 2004, au détriment du Maroc et de l’Egypte, parce qu’elle disposait déjà d’infrastructures sportives, hôtelières et autres, pouvant satisfaire les besoins de la Coupe du monde. Elle est par exemple le leader dans les télécommunications en Afrique, avec 5 millions de lignes téléphoniques terrestres, plus de 15 millions de téléphones mobiles et plus de 2 millions d’internautes réguliers. L’Afrique du Sud a eu par le passé, à organiser avec succès de grands événements sportifs mondiaux, comme la Coupe du Monde de Rugby en 1995, la Coupe du Monde de Criquet en 2003, la Coupe du Monde Féminine de Golf en 2005 et 2006 et, en janvier 2006, la seule course dans les rues d`inauguration de la Coupe du Monde A1 GP de Motosport. Mais, la Coupe du monde de football est apparemment une autre paire de manches.
Lenteurs
De plus en plus, la
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presse sud-africaine et une partie de la classe politique, doutent de la capacité de leur pays à tenir ses engagements. Les médias trouvent par exemple que le gouvernement sud-africain est trop lent et tarde à lancer les travaux de construction ou de rénovation des stades devant abriter les 64 rencontres de la Coupe du monde. L’opposition officielle de l’Alliance Démocratique (DA), demande quant à elle au gouvernement et au comité d’organisation local de la Coupe du monde 2010 d’intensifier radicalement leurs efforts pour montrer au monde que l’Afrique du sud sera prête pour abriter ce tournoi dans quatre ans.
“ La Fifa a exprimé sa confiance dans notre capacité à abriter la Coupe du Monde quand elle nous a accordé les droits d`organisation, mais jusqu`à présent nous n`avons pas réussi à mériter cette confiance. Un exemple de notre manque de détermination est l`incapacité du Parlement à adopter une législation qui va permettre à l`Afrique du Sud de remplir les conditions posées par la Fifa pour l`organisation de ce tournoi. La Fifa a repoussé la date limite pour l`adoption de cette législation au 31 juillet, mais le Parlement est actuellement en vacances et ne va reprendre ses travaux que le 14 août ”, explique Donald Lee, le porte-parole de la DA pour qui, l`Afrique du Sud devrait résoudre ses sérieux problèmes d`infrastructure pour permettre au pays d`organiser ce tournoi.
Efforts
“ Sur la question des transports, en particulier des transports ferroviaires, nous sommes loin d`être prêts. En réponse à une question soulevée au Parlement récemment, il a été révélé que notre réseau ferroviaire national ne s`est pas allongé d`un seul kilomètre depuis 1994. Comment pouvons-nous espérer transporter les supporters entre les matches si nos infrastructures ferroviaires et notre système de transport public n`arrivent même pas à satisfaire la demande actuelle ? ”, se demande Donald Lee. Même Smuts Ngonyama, le porte-parole de l’Anc, admet qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour s`assurer que les joueurs et les supporters seront en sécurité et ne courront aucun risque en venant en Afrique du Sud, non sans ajouter que “ ce pays a l`esprit d`engagement, les ressources et la capacité d`abriter avec succès le plus grand évènement sportif de la planète ”.
L’Afrique du sud devra, d’ici à 2010, investir environ 500 milliards de francs Cfa dans la construction et la rénovation des 10 stades retenus pour la Coupe du monde ; 520 milliards pour moderniser les aéroports du pays et 350 milliards pour améliorer son réseau routier et ferroviaire. Elle devra particulièrement travailler à ce que le Gautrain, ligne à grande vitesse entre Johannesburg, Pretoria et l’aéroport international de Johannesburg, soit prêt à temps. Au final, le Mondial 2010 devrait drainer 2130 milliards de francs Cfa en Afrique du Sud et créer quelque 159 000 nouveaux emplois. Le président Thabo Mbéki avait promis en Afrique du sud “ la meilleure Coupe du monde jamais vue ”. Jamais vue ? C’est sûr, le continent africain veut l’(a) voir.
L’Afrique du Sud en bref
Population : 44 millions d`habitants
Principales villes : Johannesburg (6 millions), Le Cap (3 millions), Durban (3 millions), Port Elizabeth (1,5 million), Pretoria (1 million)
Principaux stades : FNB Stadium (Johannesburg, 80 000 places), Ellis Park (Johannesburg, 68 000), Johannesburg Stadium (Johannesburg), Newlands Stadium (Le Cap, 45 000), Absa Stadium (Durban, 52 000), Telkom Park (Port Elizabeth, 40 000), Absa Stadium (Bloemfontein, 38 000), Loftus Stadium (Pretoria, 45 000)
Palmarès : deux participations au Mondial (1998 et 2002, premier tour), Coupe d`Afrique des Nations 1996 (pays organisateur et vainqueur), qualification pour les JO 2000 (éliminé au premier tour) Principales manifestations sportives déjà organisées par le pays : Coupe du monde de rugby 1995, Jeux Africains 1999, Championnats du Monde d`athlétisme 1999, Coupe du Monde de cricket 2003
Par Ambroise EBONDA
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