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Drogba: "Samuel Eto’o mérite quelque chose" (30.11.2009)
Didier Drogba, l`attaquant ivoirien de Chelsea, attend avec impatience le tirage au sort, vendredi au Cap.
A l’image de Chelsea, tout lui réussit. Qualifié en Ligue des champions, en tête de la Premier League anglaise, meilleur buteur du club (9 buts), Didier Drogba vit un quotidien serein et exaltant. A l’horizon, il y a d’abord ce choc sur le terrain voisin d’Arsenal, lundi (17 h, Canal +). Puis viendra le temps de respirer un autre air, avec le tirage au sort de la Coupe du monde 2010 vendredi prochain. Un rendez-vous historique pour le football africain. Et pour Drogba de réelles chances de briller avec les Eléphants de Côte d’Ivoire.
Que représente une Coupe du monde en Afrique du Sud, pour un joueur africain?
D’abord un beau symbole. En tant qu’ambassadeur itinérant de l’ONU, j’ai eu la chance de rencontrer Nelson Mandela cet été. J’ai pu sentir son influence et son impact sur l’histoire du peuple noir en Afrique du Sud. Mais c’est le cas aussi plus au Nord. On parle d’Obama aujourd’hui mais le vrai détonateur, c’est lui. Mandela a été la lueur d’espoir.
Est-ce aussi l’occasion de torpiller certains clichés sur l’Afrique?
Oui. Tout est loin d’être parfait sur le continent africain mais c’est un peu facile de toujours le montrer du doigt. On répète par exemple que les stades ne seront pas faits à temps, c’est possible, mais c’est la crise qui veut ça. Et elle est mondiale. C’est la même chose pour les stades de l’Euro 2012 en Ukraine et Pologne. Maintenant, j’espère que cette Coupe du monde sera à l’image de celle de 2006 en Allemagne, avec une organisation sans faille. Et l’idéal serait qu’une équipe africaine soulève le trophée.
"La France reste l’une des meilleures équipes du monde"
L’événement alimente-t-il les discussions dans le vestiaire de Chelsea, où cohabitent quatorze nationalités?
Pas vraiment. Pas tant que le tirage n’a pas été effectué. Il faut dire aussi qu’on a déjà de quoi faire avec les grosses échéances qui nous attendent en Premier League et en Ligue des champions. Mais j’avoue que je suis assez impatient de savoir sur quelles équipes on va tomber, même si je n’ai pas de réelle préférence.
Quelles sont celles que vous aimeriez éviter?
Je voudrais éviter la France. Et l’Argentine.
Pourquoi la France?
La France reste l’une des meilleures équipes du monde, qu’elle ait eu du mal à se qualifier n’y change rien. Au contraire, une équipe qui a autant galéré en éliminatoires, il faut s’en méfier. Mentalement, elle en sort plus fort. Je préférerais la retrouver plus tard, à condition déjà de passer le premier tour, ce qui n’a pas été le cas en 2006. Mais il est évident que la Côte d’Ivoire a les armes pour faire de belles choses. Pourquoi ne pas réaliser le meilleur parcours d’une sélection africaine (pour l’heure un quart de finale en 1990 et 2002 pour le Cameroun et le Sénégal). C’est dans un coin de la tête. Il n’y a plus de complexe.
Qu’a apporté Vahid Halilhodzic à votre sélection?
De la rigueur et l’envie de jouer l’un pour l’autre. A un moment donné, on était moins ensemble et il a remis les choses en place. Contrairement à l’image autoritaire qu’il a en France, il
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est très proche des joueurs. Très loyal aussi. A son arrivée, certains étaient un peu inquiets de sa réputation. Aujourd’hui, on voit qu’il fait du bon boulot.
Que pensez-vous de l’affaire Thierry Henry?
D’un côté, je comprends que les Irlandais soient dégoûtés. Ils méritaient au moins d’aller aux tirs au but. Mais c’est difficile aussi pour Thierry Henry d’aller voir l’arbitre pour avouer son geste. Certains l’auraient peut-être félicité, mais beaucoup de monde lui serait tombé dessus en France. C’est bien qu’il ait reconnu cette main. Il a aussi montré qu’il avait conscience de la tristesse qu’elle avait générée. Pour moi, cette affaire confirme surtout qu’il va falloir en venir à la vidéo. On ne pourra pas blâmer éternellement les arbitres.
"Samuel Eto’o mérite quelque chose"
Avez-vous déjà eu le même genre de réflexe qu’Henry?
Oui, et cela a même parfois eu des incidences sur le match. Mais ces réflexes, encore une fois, on ne les voit qu’à la télé.
Chelsea est irrésistible, en partie grâce au duo d’attaque que vous formez avec Anelka. Pourquoi cela marche-t-il si bien avec lui?
Parce qu’on passe du temps sur le terrain ensemble, c’est aussi simple que ça. Avant, l’un ou l’autre était sur le banc, ou alors Nico jouait à droite pendant que j’étais aligné dans l’axe. C’était difficile dans ces conditions de prouver quoi que ce soit. Les gens disaient qu’on n’était pas complémentaires mais nous, on a toujours su qu’on l’était. On le voyait bien à l’entraînement.
Dimanche, c’est le choc à Arsenal. Vous n’avez plus encaissé de buts depuis cinq journées mais les Gunners présentent la meilleure attaque. Inquiet?
(Il sourit) Non. Peut-être qu’on encaissera des buts, mais peut-être aussi qu’on en marquera plus qu’eux… Je vois ce match comme un nouveau tournant après les matches de Liverpool (2-0) et de Manchester United (1-0). Cette fois, même un nul serait intéressant. Ce serait bien de maintenir l’écart avec Arsenal (8 points).
Lionel Messi est le grand favori au Ballon d’Or dimanche prochain. D’accord?
(Il hésite.) Cela n’engage que moi mais je crois que Samuel Eto’o mérite quelque chose. Ce qu’il a réalisé à Barcelone, aucun attaquant ne l’avait fait ces dernières années. Etre meilleur buteur et marquer en finale de Ligue des champions, surtout en étant dans l’adversité dans son propre club, c’est quand même quelque chose. J’adore Messi mais je crois que mon choix se serait plus volontiers porté sur Eto’o.
Un mot sur l’OM. En arrivant cet été à la présidence, Jean-Claude Dassier avait souhaité vous voir revenir… (Il coupe.) Est-ce qu’il l’a vraiment dit?
Il a dit qu’il étudierait la possibilité, oui. J’ai du respect pour lui mais si c’est pour renouveler les abonnements du Stade Vélodrome, les gens ne sont plus dupes. A chaque intersaison, ça revient. Je ne réponds pas à ces effets d’annonce. Cela excite un peu les supporters mais ils vont se lasser. La vérité, c’est que personne ne m’a contacté. Il faut arrêter avec ça. Moi je suis bien dans mon club, au point de prolonger mon contrat jusqu’en 2012. J’adore la France, j’aime Marseille. Mais la tendance, c’est bel et bien de finir ma carrière à Chelsea.
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