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Bilan : Cameroun, mention passable. (30.08.2004)
Bertille M. Bikoun
Malgré une seule médaille, la participation camerounaise est loin d`avoir été ridicule.
Avec une médaille en or, il ne fait aucun doute que le Cameroun n`a pas amélioré son résultat de Sydney 2000. Mais le fait que cette médaille a été obtenue dans une nouvelle discipline, le triple saut dames, peut amener à conclure que le Cameroun a évolué. En tout cas, contrairement à une opinion courante jusque chez les sportifs eux-mêmes, qui pense que les sports collectifs (le football notamment) ont occulté les sports individuels, le Cameroun a presque toujours eu son salut grâce aux disciplines individuelles, principales pourvoyeuses de médailles. Même si la médaille des footballeurs d`il y a quatre ans à Sydney et le ramdam médiatique effectué autour de ce précieux métal, ont renforcé cette opinion. En termes de statistiques en effet, et malgré les énormes moyens consentis au football, le bilan des sports collectifs n`a pas encore rattrapé celui des sports individuels: 3 médailles pour ces dernières contre une pour les autres en onze participations camerounaises aux JO.
Auparavant, le Cameroun n`avait obtenu que deux médailles, toutes deux en boxe, en 1968 (argent, Joseph Bessala) et en 1984 (bronze, Martin Ndongo-Ebanga). La médaille d`or de Françoise Mbango Etone, arrachée de haute lutte le 23 août dernier au stade olympique d`Athènes lors du concours du triple saut dames, est venue encore confirmer cette suprématie des sports individuels lors des grandes sorties sportives et culturelles mondiales. Premier titre olympique individuel tous sports confondus, première médaille dames et premier podium en athlétisme, le bond de 15m30, nouveau record d`Afrique, réalisé par l`athlète camerounaise est la troisième performance mondiale de tous les temps. Celle qui a permis à Mbango d`offrir au Cameroun la première médaille d`or individuelle de son histoire, quatre ans après la victoire des footballeurs à Sydney.
Comme ces derniers, Françoise Mbango a témoigné de la même hargne, la même ambition, la même volonté de dépassement de soi. Une hargne qui a tranché avec la route longue et sinueuse qu`a été celle menant à Athènes. "Je n`ai plus d`entraîneur, expliquait-elle a l`issue de son concours. Je n`ai aucun encadrement, à part ma petite soeur, 22 ans, qui s`entraîne avec moi. Aujourd`hui, je m`entraîne encore avec le programme d`il y a cinq ans de mon ancien entraîneur russe, Monsieur Victor" (Kouzine, ancien entraîneur au Centre international d`athlétisme de Dakar, Ndlr). Mais au bout du compte, il y a eu cette médaille. Celle qui, espère t-elle, devrait amener son pays à faire un bond en avant sportif : "J`aimerais qu`on donne de la considération aux athlètes, qu`on fasse un effort pour qu`ils puissent s`entraîner dans de bonnes conditions", a-t-elle poursuivi, tout en soulignant : "Au Cameroun, nous n`avons pas que les footballeurs, il y a aussi d`excellents boxeurs et le judo qui peuvent faire de bons résultats".
S`ils n`ont pu remporter aucune médaille, ces derniers sont cependant à encourager. Car, pour la plupart, ils en étaient à leur première expérience olympique, voire internationale pour quelques uns. Que pouvait-on dès lors attendre de ces pugilistes et judokas qui, comme Mbango, se sont préparés dans le dénuement total, parce qu`abandonnés par les autorités sportives nationales ? Et qui, arrivés sur le lieu de la compétition, ont dû faire face au manque de tact de ces derniers quant à la gestion du récurrent et épineux problème des primes ? Le boxeur Hassan Ndam Njikam n`aura donc pas à rougir d`avoir été sorti en quart de finale par le Russe Gaidarbek Gaidarbekov, champion olympique des poids moyens. Quant à ses autres camarades de gongs : Armand Meching Takam (+ 91 kg), sorti en 1/8èmes de finales par un Égyptien, le mi-lourd Pierre Célestin Yana battu aux points en 32èmes de finale par le Chinois Lei Yu Ping, ils n`ont pas non plus démérité. L`expérience l`a à chaque fois emporté sur l`amateurisme. L`exclusion de Willy Tankeu, chez les +69 kg, pour un surcroît de poids (600g), au moment de son entrée en compétition, servira à coup sûr de leçon aux entraîneurs qui, dans le futur, seront certainement plus regardants sur cet
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aspect-là. La compétition de haut niveau étant un ensemble d`éléments divers mais indissociables.
En ce qui concerne les judokas, la foi et la combativité dont a fait preuve Franck Martial Moussima Ewane (+100 kg), le benjamin de la sélection de l`entraîneur national Christian Ewane Sambo lors de la finale de bronze, et cela pour pour une première compétition internationale, sont la preuve que la relève se met en place. Un fait d`autant plus important que le vétéran Jean-Claude Cameroun (-60 kg) et Rostand Melaping (-90 kg), éliminés d`entrée de jeu, ont probablement tourné à Athènes une page du judo camerounais. Lequel a encore des preuves à faire au niveau international, même s`il s`est plus ou moins déjà fait un nom sur la scène africaine. Il revient ainsi désormais à Bernard Mvondo Etoga d`assurer l`avant-garde de cette discipline, qui regorge pourtant de talentueux athlètes. A Athènes, le fils du Dtn de judo a quelque peu démontré son courage et son éveil. Grâce à de beaux gestes techniques et une vivacité d`esprit, il a pu atteindre l`étape des 1/8èmes de finales chez les -73 kg. Mais il lui manque encore ce petit "truc" que possèdent les futurs champions. Ce qui ne s`acquiert que par le travail et le sérieux.
Performances
Tel devrait être le leitmotiv de la natation camerounaise qui, pour une première olympiade, a dû se frotter d`entrée à l`élite mondiale. Le pari d`un podium était donc difficile à envisager. Par contre, améliorer son chrono était possible. C`est d`ailleurs l`objectif que s`était fixé Shade Sule Cole, nageur solitaire de la Cameroon olympic team, au moment de son départ pour Athènes. Et qu`il a atteint dans les séries du 50m nage libre où il s`est classé 2ème, avec cependant un médiocre chrono de 26``16. A l`inverse du nageur, les haltérophiles Venceslas Dabaya Tientcheu et Madeleine Yamechi (-69 kg), eux, se rendaient dans la capitale grecque pour occuper une place sur le podium. Le porte-étendard camerounais comptait sur ses dernières performances internationales qui l`ont hissé au 3ème rang mondial et en première place en Afrique. Affecté par la crise qui a secoué la délégation camerounaise à Athènes et qui a atteint son paroxysme à la veille de son entrée en scène, le triple médaillé d`or des jeux du Commonwealt et des Jeux Africains n`a terminé qu`à la 5ème position (327,5), battu par le Chinois Guozeheng Zhang (347.5). C`est d`ailleurs une autre Chinoise, Liu Chunhong, qui enlèvera par ailleurs le titre olympique chez les dames (272 kg) dans la catégorie des - 63 kg. La 5ème Africaine ne parviendra qu`à soulever des charges totales de 235 kg, équivalente alors à une 7ème place olympique.
La plus grosse déception de ces JO d`Athènes aura été les performances des athlètes, exception faite du triple saut, bien évidemment. A l`image d`un Joseph Batangdon blessé, invisible lors les séries des ? de finale, les sprinters camerounais ont quitté le stade olympique d`Athènes au petit trot. Le relais 4x400 m dames, victime de l`inconstance de ses spécialistes (Mireille Nguimgo, Hortense Béwouda, Carole Kaboud Mebam et Muriel Noah), a été l`auteur de la 14ème performance des demi-finales : 3:29.93, devant le Nigeria ( 3:30.78), et le Sénégal ( 3:35.18). Un chrono bien en deçà du 3:27.08 réalisé l`année dernière à Paris et qui aurait pu leur permettre de se qualifier pour la finale. C`est d`ailleurs sur cette note de déception que le Cameroun a dit aurevoir à Athènes 2004.
Nguimgo a été l`ombre d`elle-même lors de ces 28èmes olympiades. L`athlète ne s`est pas remise de ses blessures à répétition contractées depuis l`année dernière. Elle a réalisé le 22ème temps (52``21) des demi-finales (sur 24 concurrentes) du 400m plat dames. Bewouda, elle, a été sortie dès la première série avec une minable 5ème place (52``11). Mais, au final, l`athlétisme national peut s`enorgueillir des prouesses de sa nouvelle coqueluche, Delphine Bertille Atanagana. Même s`il est vrai que lors de ces J.O, la sprinteuse du 100 m a été bien loin de sa meilleure performance de la saison (11``24). En 1/8èmes de finale, elle a réalisé un temps moyen de 11``60, que l`on pourrait mettre au crédit de la frousse vis-à-vis des grandes championnes alignées à ses côtés.
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