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Paul Le Guen : « Je n’ai pas mesuré certains problèmes claniques » . (29.06.2010)
L’intégralité de la dernière conférence de presse de Paul Le Guen vendredi dernier à l’aéroport de Nsimalen.
Paul Le Guen :
En préambule, avant de revenir sur l’aspect sportif, je voudrais remercier, vraiment du fond du cœur,le ministre des Sport et le président de la Fédération camerounaise de football. Ils ont mis à la disposition de l’équipe nationale du Cameroun, des moyens équivalents à ceux des autres équipes, permettant d’avoir les mêmes conditions d’organisation et des bonnes conditions de logistiques. Ça me tenait à cœur, avant d’aborder l’aspect sportif. Je voulais les remercier parce qu’on a pu se préparer dans de bonnes conditions et la préparation ne constitue en aucun cas une excuse. Pour ce qui est de l’aspect sportif, je reconnais que c’est un échec, un échec que j’assume, je l’ai dit, je le redis. L’entraîneur est responsable des résultats, il est responsable devant ses employeurs. Je suis responsable et j’assume. Je pense avoir commis quelques erreurs, par exemple, pour ce qui est de la liste des 23. Je pensais que ça allait fonctionner, je pensais que ça allait constituer un groupe harmonieux, force est de reconnaître que ça n’a pas toujours été le cas ; j’attendais mieux, j’attendais plus de ces joueurs là. Je constate par exemple qu’au niveau de l’intégration des joueurs de la diaspora camerounaise, ça n’a pas fonctionné comme je m’imaginais, comme je l’avais envisagé. Pourtant, durant la période des matchs amicaux, j’avais espoir, j’étais même convaincu que tout allait fonctionner. Je regrette, car je constate que ça n’a pas marché comme je le souhaitais. C’est un constat d’échec et je dois dire, que pendant cette période, l’atmosphère et le climat ambiant se sont dégradés. Encore une fois, je n’ai pas d’excuse et je dis, je redis, que j’assume tous les résultats de l’équipe, parce que c’est moi qui ai pris les décisions. Je suis dans les prédispositions pour répondre à vos questions, je le fais tranquillement sans éluder quoi que ce soit.
Pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé en Afrique du Sud pour que le Cameroun connaisse une telle humiliation ?
Au départ, j’ai pensé que j’avais formé un grand groupe, mais je dois reconnaître que j’étais en erreur et que je suis trompé. Je me suis retrouvé avec une équipe qui avait un jeu pauvre, un jeu qui ne reflétait pas le potentiel que j’avais sous la main. Je crois que si l’équipe avait été un peu plus unie, nous aurions fait mieux. Malheureusement, je n’ai pas réussi à unir cette équipe. Je n’ai peut-être pas mesuré certains problèmes claniques, certains problèmes d’intégration, et je le regrette vraiment.
Au sujet de l’ambiance dans le groupe, peut-on dire que vous avez manqué de charisme ?
Vous savez, on peut tout dire, certains n’hésitent pas à le dire. Mais, c’est un problème vraiment complexe et c’est pour cela que je reconnais que j’ai commis une erreur au moment de la constitution de la liste des 23. Mais lorsque que le coup est parti, quand nous étions en stage, c’était très difficile à récupérer. Ce sont des grands garçons et c’est à eux de prendre leurs responsabilités. L’entraîneur prend en charge beaucoup de choses, il prend certaines décisions et c’est aux joueurs de les parfaire. Cependant, ça ne me choque pas du tout d’être considéré comme la principale
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cible, comme le responsable de tout ce qui s’est passé. Ça ne me choque pas du tout.
Vous reconnaissez que dans cette équipe il y avait des problèmes. Quelles sont vos propositions au Cameroun pour qu’à l’avenir, ce type de problèmes soient évités ?
Je crois que le Cameroun a
un bon potentiel et qu’il faut mettre tous ses joueurs ensemble pour que les choses aillent pour le mieux dans cette équipe. Je pense à des joueurs comme Vincent Aboubakar, qui sont des joueurs d’avenir pour l’équipe du Cameroun.
Votre compatriote Alain Giresse se plaint que vous n’avez pas eu d’équipe-type au cours de cette compétition. Où avez-vous été bloqué ?
J’accepte toutes les remarques, toutes les critiques que font les journalistes sur mon jeu. Lors du match amical contre l’Italie, nous avons joué avec Souleymanou comme gardien de buts et nous n’avons pas pris de but. Mais au milieu, j’ai constaté que c’était différent et c’est pour cela que j’ai changé de milieu. Souvenez-vous quand même que j’ai joué les éliminatoires avec une équipe-type, mais j’ai voulu l’améliorer. Pendant la Coupe du Monde, j’ai constaté après le match contre le Japon qu’il me fallait opérer des changements.
Peut-on savoir pourquoi vous décidé de ne pas renouveler votre contrat à la tête des Lions Indomptables ?
Je l’ai dit, la Coupe du Monde a été un constat d’échec. Avant cela, il y avait eu la dynamique de la qualification et j’ai renouvelé mon contrat. Aujourd’hui, je trouve cohérent de laisser ma place et de laisser quelqu’un d’autre prendre la sélection. Je souhaite bonne chance aux Lions, même si c’est douloureux aujourd’hui. J’aurais voulu, vu la confiance du peuple camerounais, que nous fassions un meilleur résultat à la Coupe du Monde. Je remercie toutes les personnes qui m’ont aidées, toutes les personnes qui m’ont bien accueilli.
Certains pensent que Samuel Eto’o, à qui vous avez remis le brassard, est le principal problème de cette équipe…
Concernant Samuel Eto’o, c’est une hérésie de dire que c’est lui le problème. C’est le joueur le plus talentueux de l’équipe. Je crois que les Camerounais ne mesurent pas la chance de l’avoir dans leur équipe.
Après cet échec, vous démissionnez. Allez-vous renoncer à votre salaire ?
Je n’ai jamais parlé de mes revenus depuis que je suis à la tête de cette équipe, je ne le ferai pas. C’est une question qui regarde la Fécafoot, le ministre des Sports et moi. Je ne réponds pas à ce genre de question.
Vous avez battu deux records : nous rentrons sans le moindre point pour la première fois en Coupe du Monde et nous sommes éliminés avant même de jouer la dernière rencontre. On constate que vous n’êtes pas avec le Cameroun depuis le début. Pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé dans la tanière ?
Je ne cherche aucune excuse, aucune. J’ai dit maintes fois que je suis le principal responsable et je le redis, je ne cherche aucune excuse auprès de qui que ce soit. Pour ce qui est de la vie interne de l’équipe, j’en dis ce que je veux. Jamais, je n’ai considéré mon passage au Cameroun comme une balade. J’ai fait de mon mieux.
Ne vous rendez-vous pas compte que vous n’avez fourni aucun effort pour aider le Cameroun ?
Je demande pardon et je présente mes excuses au peuple camerounais.
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