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En avant, marche ! (28.11.2003)
Emmanuel Gustave Samnick
L`échec de Coton Sport de Garoua dimanche dernier, en finale de la Coupe de la Caf 2003, ne peut laisser que des regrets. Arriver si près du but, avant de trébucher fait forcément mal. D`autant plus que le représentant camerounais avait les moyens de connaître un meilleur sort face à son adversaire marocain qui, s`il a fait preuve de plus de métier, n`est nullement un foudre de guerre. A l`échelle européenne, il n`y a rien à redire quand les galactiques du Real Madrid marchent sur les sympathiques joueurs de l`Olympique de Marseille. Coton Sport ne peut pas devoir le même respect au de Raja de Casablanca. D`où ce regret de n`avoir pas su saisir cette chance qui s`est présentée. Par quelque bout que l`on prenne l`échec de dimanche dernier, il faut convenir qu`il s`agit d`une nouvelle désillusion pour le football camerounais des clubs, en quête désespérée d`un retour au premier plan sur la scène africaine depuis plus de deux décennies. En 1987, Canon de Yaoundé semblait sur la voie royale en Coupe d`Afrique des vainqueurs de coupe quand il tomba en demi-finale, simplement parce que ses deux joyaux, Emmanuel Kundé et François Omam-Biyik, étaient partis entre-temps dans le championnat professionnel français.
Pour qui avait vu la performance ahurissante de François Omam-Biyik contre Mas de Fès dans cette compétition, on ne pouvait fonder que de grands espoirs sur la victoire finale du Kpa-Kum. Le club le plus titré du Cameroun, avec un effectif moins étincelant cette fois, s`approcha à nouveau du Graal en 2000, mais trébucha en finale contre Zamalek du Caire.
Deux ans plus tard, c`était au tour de Tonnerre de Yaoundé de disputer une malheureuse finale continentale, la Coupe de la Caf, perdue piteusement devant la Jeunesse sportive de Kabylie. Laquelle Jsk, qu`on croyait imbattable dans cette compétition pour l`avoir remportée trois fois de rang, a été éliminée cette année en demi-finale par Coton Sport de Garoua. Là aussi, les cotonniers se trouvaient sur la voie royale pour remporter le titre africain, et réhabiliter ainsi le football camerounais à l`échelle internationale. C`est encore raté, et il faut se remettre à l`ouvrage. Là est justement la grosse interrogation : quelle est la meilleure façon de marcher ? Il n`y a pas de miracle à faire : il faut suivre la voie du professionnalisme qu`ont empruntée, avec un bonheur réel, les Africains du Nord.
La domination outrageante des clubs tunisiens, algériens, égyptiens
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et marocains depuis au moins une décennie dans les compétitions inter-clubs du continent n`est nullement le fruit du hasard. Point n`est besoin pour cela d`adjoindre le qualificatif "professionnel" à nos championnats ou ligues nationales. Le professionnalisme, ici, s`impose dans l`organisation de nos clubs, qui doivent se doter de structures et d`infrastructures solides, d`une administration rigoureuse, fonctionnant sur la base d`un tableau de bord et d`un cahier de charges précis. L`amateurisme, le mécennat, le volontariat et le bénévolat ne répondent plus aux besoins d`un football de compétition à l`heure actuelle. Qu`on se comprenne bien : il ne s`agit pas uniquement de réunir un gros budget, auquel cas le jouet de famille du fils Kaddafi, Al-Ittihad de Tripoli, serait déjà champion toutes catégories en Afrique. C`est une affaire d`organisation moderne des équipes de football. Au Cameroun, c`est Coton Sport qui se rapproche le plus de cette vision. Mais, il doit faire encore énormément d`efforts pour s`installer durablement dans le haut niveau. Bénéficiant des structures de son principal bailleur de fonds, la Sodecoton, il lui faut pourtant profiter de la popularité acquise à Garoua pour se doter d`une personnalité sportive à part qui puisse résister aux bourrasques éventuelles de son paternel sponsor. On sait ce qu`il est advenu de Prévoyance, de Rail ou de Port Fc...
Le sport de maintien n`a pas les mêmes exigences que le sport de compétition, mais il requiert, lui aussi, un minimum de bonne organisation. La réussite relative de la première édition de "la marche de la solidarité" (Douala-Yaoundé à pied), dont l`arrivée est prévue ce samedi 29 novembre sur le boulevard du 20 mai, en est l`illustration. Le moniteur de sport de 55 ans Carlos Ntcham a eu l`idée originale d`effectuer cette marche. La Fédération camerounaise de sport pour tous lui a apporté la logistique (communication, couverture médicale, repérages du site, contrôle technique, animation...) sans laquelle la lumineuse initiative n`aurait été qu`une marche solitaire sans visibilité, et non cet événement sportif populaire et spectaculaire qu`on a connu. Les échecs de trois clubs camerounais ces trois dernières années dans les finales de Coupes d`Afrique de football doivent donc nous servir à mieux organiser nos équipes en vue des conquêtes futures. En sport, il fréquent de trébucher. L`essentiel est de ne pas rester couché, et de se remettre dans le sens de la marche.
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