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LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL DE LA FIFA (14.06.2006)
On dit des Allemands qu’ils sont un peuple froid, flegmatique, rationnel jusqu’au bout des ongles. Grié par la joie, soulevé par des raz de marées successifs, c’est pourtant un peuple émerillonné qui exulte et s’enthousiasme ce 6 juillet 2000 lorsque Joseph S, Blatter, Président de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), proclamant les résultats du vote pour la désignation du pays organisateur de la 18ème édition de la Coupe du Monde Fifa, déclare : ‘’ Et le vainqueur est ... l’Allemagne,’’ Un Comité d’Organisation est aussitôt mis en place qui implique tout ce que l’Allemagne recèle de forces vives, d’imagination créatrice et de créativité. Hommes politiques, dirigeants sportifs, gens de culture, artistes, professionnels des médias, étudiants, élèves des écoles, membres de clubs sportifs et de divers cercles sociaux, comme des abeilles dans une ruche, répondent à l’appel et s’affairent à la grande œuvre, La Coupe du Monde, c’est, tout d’abord une organisation. Placé sous l’égide de la FIFA, et présidé par le plus fameux footballeur européen de tous les temps, le ‘’Kaiser’’ Franz Beckenbauer, parangon du football dans ce qu’il a de rationnel et de systématique comme Pélé l’est dans la créativité, le brio et la fantaisie, assisté d’un premier Vice -Président et de deux Vice-Présidents, le Comité d’Organisation comprend un Comité de surveillance de huit membres présidé par Ferhard Mayer-Vorfelder, Président de la Deutcher Fussbal-Bund et Membre du Comité Excécutif de la Fifa comprenant, outre le ministre de l’interieur, M, Otto Schily, Vice Président, et le Dr Thomas Bach, Vice Président du CIO, des responsables nationaux du football allemand, et un Conseil d’administration de douze membres présidé par Manfed von Richtafen, Président de la Fédération allemande des sports où l’on retrouve l’ancien président fédéral Roman Herzog, Mr Herbert Hainer, le Président d’Adidas, M, Ferry Kley, le ministre de la santé, des affaires sociales et des sports de Saxe Anhalt, M, Lennart Johansson, Président de l’UEFA (Union Européenne de Football Association),
La Coupe du Monde, c’est aussi une histoire. L’histoire d’un sport devenu le plus populaire du monde. L’histoire d’une compétition devenue, elle aussi, la plus planétaire. Inventé par les anglais à la fin du XIX siècle, le football a conquis le monde. 1,1 milliard d’adeptes (1 homme sur 6) ont suivi la finale de la Coupe du Monde, édition 2002 ; on s’attend à ce que plus d’un homme sur cinq suive celle de 2006 en Allemagne. Le jeu porte en lui le symbole de l’universalité : il s’agit, en deux mi -temps de quarante cinq minutes chacune, pour deux équipes de onze joueurs chacune- dix joueurs de champ et un gardien de buts- de tromper de vigilance du portier adverse et d’envoyer la balle de cuir, ronde comme la terre, au-delà de la ligne de but, à l’intérieur de la cage limitée par les filets. Les anglo-saxons et leurs voisins slaves en firent une technique ; les latins, relayés par les latino-américains, en firent un art, Toute la dialectique du football est là, comme naguère en médecine, comme encore en architecture. Une oscillation permanente entre les deux polarités déterminant les évolutions. L’on vit ainsi le jeu atteindre, tour à tour, des développements paroxysmiques avec les techniciens hongrois amenés par Puskas et Koccis, pratiquant un 4-3-3 dévastateur qui déouta le Brésil lors de la Coupe du Monde de 1954, en Suisse. Puis, quatre années plus tard, la leçon bien assimilée, les artistes brésiliens (Didi, Pélé qui n’était encore qu’un gamin de dix-sept ans), Garrincha et Vava donner le tournis et faire battre la chamade à toutes les équipes européennes en imposant un 4-2-4 époustouflant lors de l’édition suivante, en Suède. Créée par la Fifa ( Fédération Internationale de Football Association qui voit le jour en 1904) ; la Coupe du Monde des Nations de football concerne plus de nations que n’en compte l’ONU. Initiative des français Jules Rimet et Henri Delaunay, elle oppose tous les quatre ans, (années paires olympiques) les nations rescapées d’un long marathon d’épreuves éliminatoires. Elle a pour vocation de designer la meilleure équipe nationale. Mais s’agissant d’une épreuve où le moindre faux pas peut être fatal, elle réserve, parfois, des surprises. Et c’est aussi son charme. D’abord limitée aux deux fiefs du football que constituaient l’Europe et l’Amérique Latine, la compétition s’étend à l’Afrique en 1970, avec l’intégration du Zaïre, champion continental en titre ; pour l’Océanie, en 1974, avec l’intégration de l’Australie. Elle émigre même en Amérique du Nord, en 1994, puis en Asie en 2002. Elle sera en terre africaine en 2010 et, en vertu du principe de rotation instauré par Joseph S, Blatter, un jour prochain en Australasie. A la faveur du passage de 16 à 24 équipes en phase finale en 1982 ; puis de 24 à 32 en 1998. C’est, aujourd’hui, l’épreuve la plus célèbre, la plus courue, la plus huppée ; celle sans laquelle, malgré un immense talent et des performances avérées en club ou dans d’autres compétitions confédérales, on n’accède au faîte ni de la notoriété continentale, ni de la notoriété universelle : le Libérien George Weah, le Ghanéen Abedi Pelé, le Malien Salif Keita en savent quelque chose. L’Uruguay, à domicile, en 1930, puis au Brésil, en 1950 ; le Brésil, en 1958 en Suède, en 1962 au Chili, en 1970 au Mexique, en 1994 aux Etats Unis, puis en 2002 en Corée- Japon ; l’Italie en 1934 chez elle, en 1938 en France, puis en 1982 en Espagne ; l’Allemagne en 1954, en Suisse, puis en 1974 chez elle ; l’Angleterre, en 1966 chez elle, l’Argentine 1978 chez elle et en 1986 au Mexique, ont, tour à tour, remporté le trophée. L’avantage de jouer à domicile, devant son public, n’est donc pas mince. Encore faut-il, aussitôt, observer que le Brésil, quintuple vainqueur de l’épreuve, n’en a pas profité en 1950, lorsqu’aux ultimes secondes de
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la finale l’opposant à l’Uruguay dans son temple sacré du Stade Maracana, l’Uruguayenn Andrade, de son crâne dégarni, ruina ses espoirs d’une tête rageuse,
“La Coupe du Monde 2006 constitue un événement majeur qui donne à l’Allemagne l’occasion de se montrer au monde entier sous son meilleur jour ”. (Gerhart-Mayer-Vorfelder). C’est un spectacle planétaire médiatisé à outrance. Jouée pratiquement en clandestinité, la première édition qui s’achèva le 30 juillet 1930 au stade de Montéridéo par la victoire de l’Uruguay sur l’Argentine ne donna lieu qu’à des brèves dans les rubriques sportives. D’ailleurs inconnus du public, les noms des buteurs n’étaient pas annoncés par les médias. L’édition 2006 offrira la quintessence du savoir-faire allemand. Intégrée dès la construction ou le toilettage des stades, et contrôles lors des tournées d’inspection tant de la Fifa que du Comité d’Organisation, la machinerie télévisuelle et radiophonique sera du nec plus ultra. Au-dessus des tribunes, de vrais salons high-tech équipés de monteurs, d’écrans, de téléphone ; plus de 150 postes susceptibles d’accueillir chacun trois commentateurs (radio ou télé) durant le tournoi, plus de 300 lors de la finale. De même, des zones entières des stades seront transformées en tribunes médiatiques pour les besoins spécifiques de la presse écrite et des photographes. Mexique 1970 avait vu la généralisation de la couleur, Allemagne 2006 marquera l’avènement du format TVHD (Télévision haute définition). Installé à Munich, au nouveau parc d’exposition, le centre nerveux du système comprend quatre halls dont trois exclusivement réservés à la télévision. Relié par des connexions complexes aux douze stades, il transmettra au monde entier des images optimales.
La Coupe du Monde, c’est aussi un gigantesque projet commercial. Ce n’est pas par hasard que l’un des rouages essentiels de la Fifa se trouve être la Fifa Marketing & TV AG, plaque tournante de toutes les activités de commercialisation de la Coupe du Monde de la Fifa. Les sondages montrent que la manifestation est plus populaire que les Jeux Olympiques. D’où les audiences phares : 26,8 milliards de téléspectateurs en audience cumulée pour l’édition 2002. La Fifa compte pulvériser ce record et atteindre les 40 milliards de téléspectateurs en audience cumulée lors de la 18e édition. C’est dire que même par temps de morosité économique, le marketing et le sponsoring footbalistique restent très dynamiques, le football demeurant la discipline sportive la plus attractive pour le monde de l’économie : les études les plus pointues laissent, en effet, apparaître que les deux tiers de l’argent du sport vont au football, suivi, de très loin, par le golf et le tennis. Pour cette dix-huitième édition, la Fifa spécule sur une cagnotte marketing, de l’ordre de 600 millions d’euros (420 milliards de francs Cfa). “ Nous connaissions nos 15 sponsors près de trois ans avant le début de la Coupe du Monde 2006, alors que pour la précédente, il avait fallu attendre jusqu’au mois de mars pour conclure les derniers accords ” (Joseph S. Blatter). La Fifa enregistre, également, 1,2 milliard d’euros (840 milliards de francs Cfa) au titre de droits de retransmission télé. La billetterie qui représente en général un poste plus important que le sponsoring n’est pas encore chiffrée. Juteux projet commercial donc. Pas seulement pour la Fifa ou le pays organisateur qui récolte des dividendes au passage. Mais aussi, tous les quatre ans, une immense bourse des valeurs footbalistiques : les joueurs, sous les regards de tous ceux qui, de près ou de loin, s’intéressent au football y arrivent, inconnus, méconnus ou reconnus. Ils en repartent tous avec une côte ascendante, stagnante, baissière ; nouvelle coqueluche ou tout simplement gloire en déclin qui vient de disputer le match de trop.
Enfin, la Coupe du Monde de football est un merveilleux tournoi ; le tournoi auquel tout footballeur rêve, non seulement de participer, mais d’en être l’un des protagonistes et de graver son nom en lettres d’or, dans le palmarès comme demi-finaliste, finaliste ou vainqueur, auprès de ses prestigieux prédécesseurs. 847 matches ponctués de 2464 buts ont permis d’aboutir à la sélection des 32 finalistes de l’édition 2006. A l’exception de l’Uruguay (deux sacres), les anciens vainqueurs de la compétition sont tous présents : le Brésil, cinq sacres et détenteur de la Coupe Jules Rimet, la première mise en compétition, après son troisième sacre ; l’Allemagne et l’Italie, trois sacres chacun ; l’Angleterre et la France, un sacre chacune. Huit nouveaux venus, dont l’Ukraine, la Serbie-Monténégro, la République tchèque, Trixité et Tobago, et un fort contingent africain composé du Ghana, du Togo, de la Côte d’Ivoire et de l’Angola font une entrée remarquée dans l’élite mondiale. Le reste peut se targuer d’une ou de plusieurs expériences dans la compétition. En route pour un sixième sacre, la Selecao fait figure d’épouvantail et, partant, de grandissime favori. Elle a tout ce qu’il faut ; immense potentiel offensif, parfaite maîtrise technique, changement de rythme à volonté ; des hommes pleins de panache, un état d’esprit de vainqueur, l’habitude des grandes empoignades et des hauts faits. Derrière ce bel écrin, est-elle aussi invulnérable qu’elle paraît ? L’Argentine, l’Italie et, surtout, l’Angleterre et l’Allemagne ne sont pas dépourvues d’arguments. Le football, ce sont aussi des coups de théâtre. Et le grand festival de talents, la fête universelle du ballon rond dégénère, parfois, pour les plus grandes stars engagées sur plusieurs fronts à de multiples compétitions, en “ Mondial de la fatigue ”, en “ Mondial des jambes lourdes ”. Cruelle rançon de la gloire qui profite aux acteurs les plus frais. “ J’aime le football, car les matches sont toujours indécis jusqu’au coup de sifflet final ” (Angela Merkel)
Richard Ekoka Sam Ewande
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