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Football au Cameroun > Arbitrage : Hauts et bas d’une activité décriée (22.06.2005)
L’arbitrage camerounais est miné par plusieurs maux dont le favoritisme, le clientélisme, le népotisme, le tribalisme, le conflit des générations, la corruption et autres fléaux dangereux pour la pratique du sport-roi.
Les étiquettes portées par les arbitres de football au Cameroun, à tort ou à raison, sont nombreuses : corrompus, chargés de mission, “ fingon ” (traitre), vieux, médiocres… Malgré les “ efforts ” qu’ils déploient au quotidien, les hommes en noir camerounais sont régulièrement la cible du public. Ce dernier formule des critiques ayant trait à la prestation et à la formation reçue par ces arbitres. Au Cameroun, il ne se passe pas de compétition sans que l’on ne relève les manquements chez tel ou tel homme en noir, tant dans les divisions inférieures en province qu’en division d’élite. Et, ces arbitres qui font régulièrement l’objet de vives critiques agissent souvent avec la complicité ou alors sous l’influence de certains responsables de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) qui ne lésinent point sur les moyens pour atteindre leurs objectifs. Dans une grande impunité. A telle enseigne que les responsables de clubs tiennent compte de “ l’entretien ” des arbitres dans la préparation des rencontres.
Le 46ème championnat d’élite de football rendu à sa 16ème journée ce mercredi 22 juin, a déjà servi aux amoureux du ballon rond camerounais deux faits qui ont défrayé la chronique : la médiocrité de l’arbitre central Augustine Ebot au cours du match Union de Douala – Bamboutos de Mbouda comptant pour la troisième journée au stade de la Réunification de Douala et l’affaire de corruption impliquant l’arbitre central Alain Giresse Tchoumba et l’arbitre assistant Moukoko Ekwalla, dans le cadre du match Mount Cameroon de Buea – Sable de Batié au Molyko stadium de Buea. Parlant de ce deuxième cas, sont aussi cités, comme corrupteurs, des dirigeants de l’équipe de Buea qui, à la fin de la partie, avaient interpellé les deux hommes en noir pour qu’ils remboursent l’argent qu’ils avaient perçu, pour permettre à leur équipe de venir à bout de Sable de Batié. Un objectif qui, heureusement, n’avait pas été atteint. L’on espère que les nouveaux membres de la commission centrale des arbitres sauront donner un bon coup de pied dans la fourmilière et séparer le bon grain de l’ivraie dans cette profession dont l’accès est difficile.
Formation
Au Cameroun, l’on devient arbitre de football en passant par une des deux voies retenues par la Fécafoot : la cooptation ou l’inscription dans l’une des écoles de formation en arbitrage de football. Tout aspirant à ce métier devra être titulaire d’au moins un brevet d’études du premier cycle (Bepc) et âgé d’au moins 18 ans. L’âge limite pour la retraite des hommes en noir tant fédéraux qu’internationaux est fixé à 45 ans. Les centres de formation des arbitres de football au Cameroun sont ouverts dans les grandes métropoles provinciales du pays à l’instar de Douala, Yaoundé et Bafoussam qui regorgent de nos jours d’un effectif assez important d’hommes en noir. La durée de formation, a en croire Christine Bayiha, arbitre de football en deuxième division du Littoral, va de 6 mois à un an voire plus. Cette durée, explique-t-elle, est fonction de la disponibilité des éducateurs, du nombre d’élèves et de l’intensité des cours dispensées. “ Pendant notre formation, nous sommes obligés de faire un certain nombre de photocopies qui parfois, coûtent excessivement cher. L’essentiel c’est de se serrer les coudes et recevoir la formation dont on a besoin ”, révèle t-elle. Les modules de la formation sont les 17 lois de jeu, les règlements généraux de la Fécafoot et de la Fédération internationale de football association (Fifa). Ces enseignements permettent aux arbitres de bien remplir leurs feuilles de matches, de rédiger les rapports et éviter en retour les sanctions que pourrait leur infliger la commission centrale des arbitres.
La prérogative d’ouvrir les centres de formation, qui hier était accordée uniquement aux ligues provinciales, s’étend de plus en plus à certaines ligues départementales qui
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disposent des ressources matérielles et financières pour les faire fonctionner. Cette possibilité facilite la formation d’un grand nombre de jeunes qui souhaitent embrasser la carrière d’arbitre de football. Dans les zones où il n’existe pas de ligue départementale, le recrutement peut se faire soit par cooptation, soit par séances d’auto critique après chaque match. Elles permettent aux jeunes débutants d’améliorer leurs prestations, en se rapprochant de leurs aînés pour recevoir des cours, de manière expérimentale ou autodidacte. Après cette formation sur le tas, ils peuvent contacter les ligues départementales les plus proches pour une éventuelle intégration. Comme l’a dit un homme en noir approché par Le Messager, “ les cours d’autocritique demeurent la meilleure école de l’arbitrage. ”
Une profession à hauts risques
Le passage de grade est incontournable et est conditionné par des stages de recyclage. Ils sont organisés par la Fécafoot en tant que de besoin. Le prochain test de promotion se déroulera, à en croire Tombi A Roko Sidiki, nouveau président de la commission centrale des arbitres, en octobre prochain. Wam Jean-Marie, arbitre de football de première division, éclaire : “ Dans chaque division, de la troisième à la première, il faut passer au moins 2 années pour espérer gagner en grade. Une fois en première division, il faut y séjourner 3 ans au moins pour postuler au grade d’arbitre international. Telles sont les étapes par lesquelles un arbitre doit passer pour être, si possible, un officiel international ou de renommée mondiale. L’essentiel c’est de bien faire son travail, conformément aux règles qui régissent l’arbitrage en football.” Ce n’est qu’en faisant bien son travail qu’un arbitre pourrait, tel que le précisent Jean Marie Wam et des dirigeants de l’association camerounaise des arbitres de football (Acaf),éviter d’être violenté dans un stade.
Quand des actes de violence ne sont pas perpétrés par les supporters et fanatiques des équipes, c’est les encadreurs et les joueurs qui montent au smash. Nombre d’entre ces derniers ne maîtrisent pas les lois du jeu et s’en prennent très souvent aux officiels en cas de défaite de leurs clubs. “ Nos décisions sont difficilement acceptées par les supporters et les dirigeants de clubs. Cette contestation n’est pas le corollaire de ce que nous ne connaissons pas les règles du jeu. Au contraire il existe des lois qui, quand nous les appliquons, sont inconnues du public. A côté de cela il y a des présomptions de tous genres, à l’instar de la corruption ”, affirme Wam Jean Marie. “ En plus de l’insécurité qui règne dans les stades, nous recevons des injures et menaces de toutes sortes ; sans compter les peaux de banane, la confiscation de notre matériel et bien d’autres. Seuls les arbitres de première division et les internationaux bénéficient de certains avantages. En ligue, les officiels ne reçoivent pas grand-chose. On nous fait savoir que c’est la formation continue. Nous sommes obligés de faire avec ”, ajoute l’un de ses collègues. C’est ce qu’arguent d’autres arbitres approchés à ce sujet. “ L’arbitrage au Cameroun est encore au stade de l’amateurisme. Le chemin à parcourir pour sortir des carcans est encore long ”.
Les multiples noms d’oiseaux qui sont attribués aux arbitres camerounais trouveraient leur fondement dans l’environnement au sein duquel ils travaillent. Il s’agit en l’occurrence du “ maigre revenu ” qu’ils reçoivent comme prime. La majorité d’entre eux pense que l’activité ne nourrit pas son homme. Avec l’amateurisme auquel ils font allusion, chaque arbitre est contraint d’avoir une profession qui l’occupe à plein temps ; les retombées du stade lui permettant juste d’arrondir la fin du mois. Et les textes de la Fécafoot sont d’ailleurs clairs là-dessus. A la limite, l’arbitrage serait non pas une fonction, mais une passion. La tentation de vouloir se faire de l’argent sur le dos des présidents de club prend souvent le pas sur l’application stricte des lois de l’International Board le géniteur des lois du jeu
Par Blaise NZUPIAP NWAFO et Honoré FOIMOUKOM
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