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Les fautes lourdes de Le Guen resteront-elles sans conséquences ? (01.02.2010)
Par lemessager
Nous nous en souvenons tous, dans le discours qu’il prononce lors de la signature du 2ème contrat de Paul Le Guen, le ministre des sports et de l’éducation physique du Cameroun a été on ne peut plus clair dans les objectifs assignés au sélectionneur des Lions Indomptables : gagner la CAN 2010, et faire mieux qu’en 1990 à la coupe du monde 2010, c’est-à-dire aller au moins en demi-finales. Paul Le Guen ne rejettera pas ces objectifs puisqu’il signera le contrat, même s’il déclarera de façon sibylline que sa priorité serait la coupe du monde.
Le programme relativement léger de préparation de la CAN qu’il publiera provoque la première inquiétude de la part des camerounais, mais le français, aidé en cela par des entraîneurs camerounais complexés et opportunistes (on annonce depuis un moment des nominations dans les sélections nationales de foot), a réponse à tout : il explique que sa courte période de préparation sera suffisante.
Les matches des Lions Indomptables durant cette CAN, face à des adversaires du même calibre que ceux de la dernière phase qualificative à la CAN et la Coupe du Monde, sont simplement désolants. Nous avions déjà le Gabon au cours de cette phase éliminatoire ; personne ne nous convaincra que la Zambie est au dessus du Togo ; la Tunisie est du même profil que le Maroc. La différence, cela semble évident, s’est faite sur la pertinence de la préparation, et l’état d’esprit à l’abord de la compétition. Paul Le Guen a négligé la CAN, et la suite a été logique.
Lorsqu’il affirme donc au cours de sa conférence de presse qu’il ne regrette rien, et qu’il ne considère pas le parcours des Lions comme un échec, notre sélectionneur national confirme que les objectifs du MINJES n’engageaient que M. ZOA. Il n’était pas allé à la CAN pour la gagner, et s’il ne l’a pas gagnée, ce n’est donc pas un échec : élémentaire, mon cher Watson ! Il s’agit là d’un aveu que c’est volontairement que Paul Le Guen n’a pas respecté cet objectif à lui assigné à la signature de son contrat. Faut-il être un expert en droit pour savoir que ce motif est suffisant pour résilier ce contrat ? N’y a-t-il pas eu tromperie quelque part ?
Ce qu’il y a d’extrêmement choquant aussi, c’est que notre sélectionneur évoque notre classement de poule au moment où il arrive au Cameroun, comme pour justifier que, ayant réussi l’incroyable exploit (à enregistrer dans le livre de record Guinness) de qualifier le Cameroun à la Coupe du Monde et à la CAN, il pouvait se permettre de fouler aux pieds les aspirations légitimes des camerounais de voir leur équipe remporter sa 5ème CAN. Inacceptable !
Ils sont fous, ces camerounais !
Le comble du mépris que Paul Le Guen a envers le peuple camerounais et le MINJES, c’est quand il affirme qu’on perd la raison au Cameroun lorsqu’on aspire à une demi-finale de Coupe du monde. Tous, nous sommes autant d’illuminés et de fous à lier. « Est-ce choquant si je dis qu’un quart de finale c’est déjà énorme ? » Oui Monsieur Le Guen, c’est non seulement choquant, mais insultant ! Ce Breton développe là un complexe très occidental qui veut que l’excellence soit un luxe inaccessible pour les africains. Et pour avoir été victimes de ce complexe en 1982 lors de la Coupe du Monde en Italie, avec une autre français Jean Vincent qui nous a empêché de réaliser un grand parcours qui était à notre portée avec une génération de joueurs exceptionnels, nous ne devons pas recommencer avec Paul Le Guen. Ce monsieur sait-il que nous avons déjà été en quart de finales d’une coupe du monde, étape au cours de laquelle nous avons proprement malmené la grande Angleterre ? Lui a-t-on seulement dit où évoluaient ces joueurs de 1990 qui ont fait attribuer une 5ème place à l’Afrique pour la Coupe du Monde ? Ile de la Réunion pour Roger Milla ; Israël pour Makanaky ; Qatar pour Mbouh ; D2 française pour les Omam Biyik, et D1 camerounaise pour les Libih, Ndip Akem, Massing, Ebwelle, etc. ; Kundé, Ekeke au soir de leur carrière.
Paul Le Guen pense-t-il que la France qui gagne la Coupe du Monde en 1998 avait des joueurs avec 3 jambes ? En dehors de Zidane (un africain d’origine !) quel joueur exceptionnel avaient-ils qui donnait le droit aux français de lorgner vers le trophée suprême du foot mondial sans que personne ne les traite de malades mentaux ? Didier Deschamps était-il plus fort à cette époque que Song Alexandre dans les Lions d’aujourd’hui ? En quoi Emmanuel Petit était-il plus fort que Makoum ou Enoh Eyong ? Fabien Barthez était-il supérieur à un Kameni normal ? Ou est-ce Frank Leboeuf qui était spécial par rapport à Nkoulou ou Bikey ? Quel complexe Achille Emana aurait-il eu devant Youri Djorkaef ? Thierry Henri ou Trezeguet de l’époque peuvent-ils être comparés à Samuel Eto’o? Contrairement à 1990, nos joueurs évoluent aujourd’hui dans les meilleurs clubs sur le continent de Paul Le Guen, là où on a le droit de gagner la coupe du monde en ayant l’un des championnats de foot les plus faibles : Lyon, Lille, Tottenham, Ajax d’Amsterdam, Espagnol de Barcelone, Inter de Milan ! A-t-on dit à Paul Le Guen que le Cameroun a gagné la médaille d’or de foot aux jeux olympiques ? Ses collègues de Canal+ ne lui ont-ils pas appris que le Ghana (pays africain) est champion du monde de football junior ?
Cet outrage grave au peuple camerounais et aux autorités du pays est inadmissible, et il n’y a pas faute plus lourde devant provoquer sans délai la résiliation du contrat de Paul Le Guen. Et ce n’est pas son « je vais essayer d’aller loin en Coupe du Monde » exprimé sans conviction au moment où il se rend compte qu’il est allé trop loin, ni son opération de charme (en trompe l’œil) envers les joueurs locaux qui peuvent atténuer cette faute. Ce d’autant plus que le programme qu’il donne pour la préparation de la Coupe du Monde, qui ne tient que sur deux semaines, augure déjà de
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ce qu’il adviendra de nos Lions en Afrique du Sud.
Où sont passés les super « patriotes » ?
Ce qui est étonnant, c’est le calme dans lequel se terrent les pourfendeurs de Otto Pfister, qui ne rataient aucune occasion pour exiger son départ de la tête de notre équipe nationale. Où sont passés ces pontes de la FECAFOOT qui traitaient le pauvre vieil allemand de tous les noms d’oiseaux ? Nous avons aperçu quelques-uns d’entre eux en Angola, et leur candeur nous a semblé suspecte. Ont-ils été rendus aphones par le livre de Jean-Lambert Nang qui mettait à nue leurs forfaitures sur le foot camerounais ? Le président de la FECAFOOT assistait à la conférence de presse, et il est resté absolument impassible, même lorsque les journalistes exprimaient leur désapprobation en écoutant les propos insultants du sélectionneur camerounais. Attendrait-il les résultats d’une Commission Roger Milla 2 qu’il devrait logiquement mettre sur pied (ne serait-ce que pour prouver que la 1ère ne visait pas à nuire à Pfister) avant de réagir ?
Et nos journalistes sportifs justement, si prompts à trouver tous les superlatifs pour dénigrer Pfister après notre défaite en finale (eh oui !) de la CAN 2008, si inspirés pour diaboliser Rigobert Song, Njitap et Kameni, comment expliquer leur mutisme après la conférence de presse de Paul Le Guen ? Certains malins, pour justifier ce silence complice, évoquent « l’espoir » né de la prestation des Lions face à l’Egypte. Voilà des journalistes du pays de MBAPPE Leppe, Roger Milla et Samuel Eto’o qui sont réduits à retenir un « espoir » qui serait né d’un match physique et désordonné tactiquement, perdu 3-1 par notre équipe nationale ? La courte défaite 1-0 face au Togo à l’extérieur n’avait-elle pas été qualifiée de « débâcle », « déroute » et autres mots de la même aigreur ? Bizarre ! Nous attendions, le lendemain de cette conférence de presse hautement révélatrice de la personnalité réelle et de l’état d’esprit de Paul Le Guen, des titres du genre « Paul Le Guen traite le MINJES de fou », ou « Paul Le Guen insulte le peuple camerounais », ou encore « Paul Le Guen must go ! » dans les journaux : rien. Absolument rien !
Le risque de ne pas être sélectionné pour le voyage de l’Afrique du Sud par les sponsors des Lions et autres mécènes de la Fédé peut-il seul expliquer la subite « gentillesse » des journalistes camerounais ? Ou doit-on y ajouter la peur de toucher à quelqu’un qui a été choisi par le Président de la République ?
Pour nous qualifier à la Coupe du Monde, Paul Le Guen a eu le mérite d’instaurer de la discipline au sein des Lions, en évitant de sélectionner des joueurs qui ne s’entendent pas avec le groupe (Wome, Job) ; il a aussi éloigné des Lions certaines personnes qui, croyant avoir le monopole du patriotisme, tenaient des propos inconvenants et condescendants à l’endroit des joueurs. Il a su aussi trouver les mots pour remotiver des joueurs qui visiblement manquaient de ressort, notamment en les mettant dans des conditions dignes de leur rang (Hôtel Hilton, Avions spéciaux, etc.). Il a également eu l’intelligence de ne pas céder aux sirènes qui souhaitaient le chamboulement de l’équipe nationale pour régler on ne sait quels comptes avec un certain groupe de joueurs estampillé « 1984 ». Il a aussi su réintégrer Alexandre Song qui avait beaucoup manqué à notre milieu de terrain à cause de sa suspension lors des premières rencontres de qualification. Tout cela a permis aux Lions Indomptables de se concentrer à fond sur l’objectif, de se sublimer, et de remporter sans coup férir les quatre dernières batailles. Mais sur le plan du jeu, Le Guen n’aura jamais eu le temps au cours de cette phase, d’imprimer un style de jeu visible aux Lions. C’est donc à la CAN que nous attendions la patte Le Guen, comme Pierre Lechantre le fit à l’époque : en vain. L’électrochoc du départ de Pfister aura été efficace, mais pour la CAN, on ne pouvait pas continuer à compter sur ses effets.
Faut-il garder ce « Pierre de Coubertin » à la tête des Lions ?
Aujourd’hui, nous sommes dans la même situation que la dernière place surprenante que nous occupions dans notre poule de qualification : dépités, inquiets, et surtout insatisfaits des prestations du sélectionneur. Logiquement, il faudrait donc un autre électrochoc que Paul Le Guen ne nous semble pas pouvoir provoquer avec son état d’esprit actuel. Il n’y a qu’à voir la panique qui s’est emparée de lui lorsque l’un de ses adjoints a été indexé dans une affaire de jupons en Angola, qui l’a poussé à accéder aux exigences des anti -1984 face à la Tunisie. Et ses explications peu convaincantes pour justifier ses piges à Canal+ : elles lui permettraient de voir beaucoup de matchs européens. Qu’attendent les entraîneurs du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Nigéria pour se faire recruter aussi comme consultants à Canal+ ? Paul Le Guen serait-il si mal payé pour profiter des honoraires de Canal+ pour superviser les joueurs camerounais en Europe ?
La balle est dans le camp du ministre camerounais des sports qui a le loisir de rompre le contrat de Le Guen sans aucune conséquence financière, puisqu’il s’agit de fautes lourdes commises sur la place publique, ou au minimum d’exiger de lui des excuses publiques au peuple camerounais et au gouvernement pour sa mauvaise conduite et l’outrage perpétré.
Nous ne dirons pas pour laquelle des deux alternatives nous penchons (encore que les deux en même temps sont possibles), mais nous la laissons deviner à travers cette question : avons-nous besoin d’un sélectionneur expatrié rémunéré grassement pour appliquer sur nos Lions Indomptables la maxime de Pierre de Coubertin qui semble chère à Paul Le Guen « l’’essentiel est de participer » à la CAN d’abord et à la coupe du monde ensuite ?
Charles Mongue-Mouyeme
Consultant en Marketing et Communication
chmongue@yahoo.fr
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