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Qu´est-ce qui a manqué dans la prestation des Lions Indomptables contre le Maroc dimanche dernier ? (09.06.2009)
Écrit par Achille Chountsa
Jules Abah Onana, entraîneur de football : « Le jeu était lent »
Pendant la rencontre, on a vu des joueurs camerounais arrêtés. Le jeu était lent et il y avait un manque d’animation. J’ai constaté une rupture de lien entre l’attaque et le milieu de terrain. Chaque fois que les défenseurs du Cameroun ont eu le ballon, ils avaient de la peine à trouver les joueurs du milieu de terrain.
Eyong et Makoun n’ont pas été assez mobiles. Emana n’a pas non plus joué en mouvement ; ce qui rendait la tâche difficile à ses partenaires de le trouver. Il me semble aussi qu’il y a eu un problème de fraîcheur physique, parce que le porteur de balle ne trouvait pas de solution. Les Marocains étant très mobiles, on ne pouvait pas s’en sortir dans cette manière de jouer, de la défense jusqu’à l’attaque. Je constate qu’il y a eu rarement surnombre sur les côtés, c’est-à-dire une animation offensive sur les flancs à deux ou trois joueurs, en une-deux, en dribble pour des centres en retrait. Wome et Njitap ne montaient pas suffisamment pour aider Chedjou et Alo’o Efoulou dans le surnombre offensif sur les côtés.
Le football aujourd’hui se fait en mouvement. Là où Samuel Eto’o joue à Barcelone, les joueurs sont en perpétuel mouvement. Vous trouvez Eto’o parfois neuf fois au centre, six fois sur le côté droit, et sept fois sur le côté gauche. Et ça varie suivant les matchs.
Il manque à l’équipe du Cameroun cette mobilité, cette interchangeabilité des postes en attaque. La maladie du football camerounais c’est le défaut de jeu en mouvement, en commençant par le championnat Elite One ».
Michel Wamba, entraîneur de football« On a eu l’impression qu’on disputait un match amical »
On a eu l’impression que nos joueurs accusaient un coup de fatigue. Au-delà de la fatigue, il y a la foi qui a manqué aux joueurs camerounais. Nous avons joué dans cette équipe, et la foi, le désir de surpassement, nous caractérisaient. Malheureusement, elle a fait défaut face au Maroc. On a eu l’impression qu’on disputait un match amical et non une qualification pour la coupe du monde.
Tactiquement, le dispositif, le 4-3-3, est celui qu’il fallait pour le Cameroun. Mais, on a eu l’impression qu’il manquait les hommes pour animer ce système de jeu ; surtout l’animation offensive. Dans ce système, il faut avoir des hommes sur les côtés, capables de déborder pour faire des centres en retrait. Quand les joueurs sur les côtés, à un contre un, n’arrivent pas à déborder, ça devient difficile. Il a manqué le mouvement d’interchangeabilité de position entre les joueurs d’attaque. Mais, j’ai été surpris de voir Mokake dans le stade. Quand il était jeune, il n’a pas joué au sein des Lions Indomptables. Ce n’est pas au crépuscule de sa carrière
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qu’ilva faire des miracles pour cette équipe, au moment où on pense à la relève ».
Louis-Marie Ondoa, ancien footballeur : « Il a manqué la rage de vaincre »
Sur le plan psychologique, je n’ai pas eu l’impression que les lions Indomptables ont abordé le match avec la rage de vaincre qui doit caractériser une équipe qui est dos au mur. Quand Rigobert Song qui dit que maintenant qu’on est dos au mur, on va aller à Libreville pour chercher les trois points, je crois que c’est dimanche dernier qu’il fallait démontrer cette rage de vaincre.
Sur le plan technique, il aurait fallu que les Lions mettent le pressing dès l’entame du match, pour que les Marocains se sentent véritablement en danger et reculent en commettant des erreurs. Nous nous sommes contentés de jouer latéralement de gauche à droite, vice-versa, sans véritablement inquiéter les Marocains par des frappes lourdes, par des débordements sur les côtés, suivis de centres très courts en retrait. Le Maroc avait un gardien de but grand de taille et on s’est contenté de balancer de grands ballons aériens dans les 5,50m, et il s’est régalé pendant 90 minutes. Personne dans l’équipe du Cameroun n’a la détente de Drogba, la puissance d’un Oman Biyick d’il y a 15 ans, pour aller percuter ce genre de ballons aériens qu’on balance comme ça.
C’est bien de demander qu’on rajeunisse l’équipe. Mais, on le fait dans le cadre des matchs de préparation. Il ne faut pas faire le rajeunissement dans les matchs où on est dos au mur. Malheureusement, le Cameroun est le champion des abonnés absents lors des journées Fifa, où il faut venir faire des matchs à Yaoundé de façon à mettre ces joueurs dans les conditions où ils peuvent affronter la hargne, la haine et la pression de notre public ».
Luther Fokam, entraîneur de football : « Il a manqué de percussion en attaque »
Le football de haut niveau, c’est la vitesse dans l’exécution des phases de jeu. On ne peut pas jouer « un à l’heure » et parvenir à surprendre une équipe regroupée en défense comme celle du Maroc, qui a joué contre les Lions Indomptables dimanche dernier. Il a manqué de percussion en attaque. Sur les centres en retrait, il a manqué le surnombre en attaque, et la défense adverse se dégageait facilement.
Samuel Eto’o a joué beaucoup décroché et dans ce cas, il fallait quelqu’un de grand gabarit sur la ligne d’attaque pour rendre la tâche difficile aux défenseurs marocains, qui renvoyaient aisément les ballons issus des centres en retrait de Wome et Njitap. Ainsi, les duels devaient provoquer les deuxièmes ballons et on pouvait facilement perforer cette défense. On ne peut pas percuter en attaque avec un seul attaquant. Les Lions Indomptables ont joué la précipitation et non la percussion en attaque ».
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