|
|
Basket-ball : Passage en force dans la rue (12.05.2006)
Faute de terrains, les jeunes créent des espaces sommaires baptisés "play-ground" pour pratiquer ce sport.
Priscille G. Moadougou
Lorsqu`on entre dans les domiciles, il est devenu rare de ne pas tomber sur endroit aménagé pour taper dans le ballon orange. La preuve manifeste que des adolescents y vivent. Faute de moyen, ils fixent souvent un panier sur le mur, démontable ou non et généralement en plastique. Dès que c`est possible, en compagnie de quelques amis, ils disputent une partie de basket. Fabrice E. est certainement l`un des rares adolescents à bénéficier d`un espace beaucoup plus grand, comme ceux qu`on trouve dans les quartiers. Dans la cour du duplex de ses parents au Carrefour Bastos se trouve la moitié d`un terrain de basket-ball. Les deux poteaux et le panier sont en fer. C`est d`ailleurs un champ d`expérimentation, puisqu`il applique tout ce qu`il a appris en suivant, avec beaucoup d`attention, un jeu vidéo relatif à la pratique de ce sport.
Le phénomène s`est étendu à travers les quartiers de Yaoundé, dans des espaces plus grands qu`à l`intérieur des concessions. Il s`agit généralement de la moitié d`un terrain de basket quand ce n`est pas le terrain entier. Tout dépend de l`espace disponible. Le panier est en fer. Des zones comme l`Hôpital général, l`Omnisport, le Lycée bilingue d`Essos, derrière la foire de Tsinga, à l`école publique de Biyem-Assi, au lycée de la Cité verte, à Odza, à la cité universitaire, ne sont pas épargnés par cette expérience. Ces lieux sont particulièrement fréquentés, en cette période de fin d`année scolaire.
Comme toute médaille qui a un revers, le phénomène des play-ground a le sien. "Le joueur qui y va régulièrement a beaucoup de limites. Il ne sait faire qu`une chose: le smash. Le basket-ball ne peut pas se résumer à cette unique pratique", dénonce Boland Yamde, l`entraîneur national de basket-ball. "S`il sait dribbler et faire du 1 contre 1, il n`a aucune notion aussi bien en tactique individuelle que collective. Parce qu`il sera passé à côté des fondamentaux", poursuit-il. En effet, "le joueur ne sait pas exécuter une passe, tirer en attaque, se démarquer, s`arrêter chaque fois que c`est nécessaire", énumère le technicien.
Pour autant, l`initiative n`est pas négative en soi. "La pratique des play-grounds existe en Angola. C`est d`ailleurs pour cela qu`ils sont les plus forts dans la discipline en Afrique. Là-bas, chaque terrain est sous la responsabilité d`un entraîneur qui s`occupe de l`encadrement et de la formation des joueurs", reconnaît Yamde Boland. D`ailleurs, c`est grâce à ce phénomène que le basket-ball a connu une expansion en Angola. C`est le contraire au Cameroun, où l`absence ou la disparition des terrains de basket-ball est la conséquence de ce recours. "C`est sur le
|
terrain du Ces de Ngoa-Ekellé qu`on a construit des salles de classe. Au Lycée Leclerc, il ne reste que les vestiges. C`est pour cela que les anciens, du moins ceux de l`année 1974, souhaitent construire 2 ou 3 terrains pour remédier à cette insuffisance", avoue Mme Ngoubeyou Wanko, ancienne joueuse de l`équipe nationale féminine de basket-ball.
Abandon
A la Fédération camerounaise de basket-ball (Fécabasket), on confesse ne pas avoir une politique relative à l`encadrement des jeunes. Même l`initiative de la vulgarisation des play-ground, lancée à Ebolowa, il y a quelques années, à l`époque où Enanga Barnabas était le président de la Fécabasket, n`a duré que le temps d`une cérémonie. Pourtant, l`opération visait à amener les jeunes à adopter ce sport. C`est d`autant plus difficile que la Fécabasket n`a plus de directeur technique national. M. Mekongo, le préposé à la fonction, vit désormais aux Etats-Unis.
Face à cette démission de la Fécabasket, de nombreux centres et écoles de formation ont vu le jour à travers le pays. Principalement dans les villes de Yaoundé et de Douala. "Aucun texte ne régit les activités de ces centres, qui fonctionnent de manière anarchique et dans l`illégalité", indique une source ayant requis l`anonymat. Toujours est-il que ces écoles de formation visent à assurer la relève du basket-ball camerounais. "Notre politique consiste à amener les enfants à s`intéresser au sport et réussir à les garder dans le groupe. A moyen terme, il est question de mettre sur pied une équipe de cadets", révèle Boland Yamde, par ailleurs responsable de Kids basket-ball school (K.B.S.), qui a ses quartiers à l`Institut national de la Jeunesse et des Sports (Injs). Tous les samedis, de 10h à 12h, les enfants de 6 à 13 ans bénéficient de son encadrement, avec l`assistance d`Annie Nyatcho.
"Les tout-petits se font plaisir, s`amusent en découvrant le basket. C`est à partir de 8 ans qu`on leur apprend les notions comme le panier, la passe, l`esprit d`équipe, le règlement, les limites du terrain... A 12 ans, l`enfant est déjà capable de participer à un championnat minimes ou cadets", affirme Boland Yamde. Quant au responsable d`Emia bbc, Mme Goubeyou Wanko, l`encadrement des filles est son challenge. "J`ai constaté que le niveau du basket-ball féminin est très bas. Il n`est pas normal que les anciennes joueuses tiennent tête aux meilleurs équipes du moment", déplore-t-elle.
Pour bénéficier de ses connaissances, il faut débourser une somme de 2.000 Fcfa par mois. Les jeunes n`étant pas toujours prompts à mettre la main à la poche, Mme Goubeyou ne leur parle plus d`argent: "Au début de l`année, ils étaient une cinquantaine. Dès que je leur ai demandé les frais de participation, les ¾ sont partis." Au risque de se retrouver dans les play-ground.
|
|
|
|
|
|
Hits: 3753 | quotidienmutations.info
| | | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|